Digital et humilité: la formule gagnante de GIMI


Racheter une société qui fonctionne et lui donner des ailes. Voilà le projet mené par Basile Pirlot, jeune entrepreneur de moins de 30 ans, depuis l’acquisition de GIMI. Il a réussi à faire passer son chiffre d’affaires de 4 à 6 millions en deux ans.
“Je ne me suis pas réveillé un matin avec l’idée de devenir un acteur de la sécurité incendie.” C’est avec un sourire en coin que Basile Pirlot explique le chemin qui l’a mené à reprendre, à 27 ans, la société liégeoise GIMI, spécialisée dans la sécurité des bâtiments. Alors employé chez Elneo, le jeune homme a nourri, avec son ancien boss, Mathieu Bouhy, le souhait de prendre la direction d’un projet entrepreneurial. Mais pas forcément de le lancer à partir de zéro.
La reprise d’une activité s’est alors progressivement imposée. À deux, ils ont cherché une entreprise qui remplissait certaines conditions : elle ne devait pas être en difficulté, avoir du potentiel, disposer d’une base technique solide et un secteur B to B, ainsi qu’avoir une marge de progression. Dans les dossiers analysés, GIMI cochait visiblement toutes les cases.
Les deux hommes ont été emballés par l’énorme marge de progression possible. Malgré des produits assez technologiques, la PME liégeoise reposait, en effet, encore sur des process internes traditionnels, absolument pas numérisés. “En matière d’administration, tout passait encore par des papiers, des doubles copies, des classeurs suspendus…”, détaille Basile Pirlot. Ainsi, un technicien qui se rendait chez un client partait avec son crayon et son calepin pour réaliser un rapport d’intervention. Ce dernier était transmis à une assistante qui encodait manuellement les informations avant de les transmettre, ensuite, à la personne en charge de la comptabilité pour la réalisation d’une facture.
Un ERP qui a tout changé
Inutile de préciser qu’une fois à la tête de l’entreprise, le jeune patron s’est rapidement employé à la numériser l’entreprise. Comment ? En démarrant par un ERP adapté aux besoins de la société. “Lorsque j’ai repris Gimi en 2022, je me suis vite rendu compte que la numérisation de l’entreprise n’était pas qu’un choix technologique, mais une nécessité pour renforcer notre efficacité et notre réactivité, précise Basile Pirlot. Nos équipes possédaient déjà une grande expertise technique, mais elles manquaient d’outils performants pour optimiser leur travail au quotidien.”
Aujourd’hui, les techniciens encodent directement leurs comptes- rendus d’intervention via une tablette ou un téléphone et peuvent accéder à l’historique d’un site client en quelques clics, depuis n’importe où. Le système automatise une grande partie des tâches administratives autour de chaque intervention (compte-rendu, encodage, suivi), “ce qui libère du temps et de l’énergie à nos équipes. Elles peuvent ainsi se concentrer sur leur cœur de métier technique – la sécurité incendie – plutôt que sur la paperasse”. Par ailleurs, forcément, les offres commerciales se génèrent en quelques clics avec un suivi centralisé, les factures sont envoyées automatiquement et les contrats de maintenance sont suivis avec précision grâce au numérique.
Les résultats se ressentent-ils sur le business ? Le nombre d’offres envoyées chaque année par l’entreprise a doublé passant de 800 à 1.600. Et les ventes ont suivi. “On avait la demande, mais on n’arrivait pas à y répondre. Le numérique a débloqué ce frein.” Cela a permis à l’entreprise d’enregistrer une croissance surprenante : le chiffre d’affaires de GIMI est ainsi passé de 3,9 à 6 millions d’euros en deux ans. Les effectifs de l’équipe sont eux passés de 20 à 31 personnes.
“On ne veut pas être choisis parce qu’on est les moins chers. On veut l’être parce qu’on est les meilleurs.” – Basile Pirlot, administrateur-délégué de GIMI
Faire preuve d’humilité
Mais ce succès n’est évidemment pas qu’une question de logiciel. La reprise de GIMI a permis de créer une toute nouvelle dynamique, venant renforcer un esprit d’équipe déjà très fort au sein de l’entreprise. “L’équipe était déjà incroyable à mon arrivée, souligne Basile Pirlot. Mon rôle a été de leur donner des outils et de l’autonomie.” Arrivé sans expertise technique, le jeune patron l’a assumé. “Je n’ai pas eu peur de dire à l’équipe que je ne connaissais pas toute la technique en détails et je me suis donc reposé sur son expertise. Je ne savais pas ce qu’était un exutoire de fumée le premier jour. Alors quand on me posait une question, je répondais : ‘Je ne sais pas, mais toi tu sais. Prends la décision’.” Une approche humble basée sur l’écoute et qui a permis à la fois de responsabiliser les équipes et de créer une relation de confiance.
En plus de cette posture, le jeune patron a proposé une vraie possibilité d’évolution dans la boîte, tout en structurant une “GIMI Academy”, un programme de formation agrémenté d’un système ludique de badges pour encourager l’apprentissage continu. Ceux qui passent le plus d’étapes de formation deviennent ainsi “lion suprême de la savane”, un titre humoristique qui a motivé l’équipe.
Fort de cette dynamique, GIMI ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. L’underdog du créneau ambitionne de compter 100 collaborateurs dans ses rangs d’ici 10 ans… et le chiffre d’affaires qui s’y rapporte. “C’est ambitieux, mais possible. On vise une croissance de 12% par an”, précisent Basile Pirlot et Mathieu Bouhy. Douze pour cent, alors qu’en deux ans, GIMI a presque doublé ce chiffre, est-ce “assez” ? Basile Pirlot tient à se montrer réaliste : “si l’on a fait ce bond, c’est le résultat de la numérisation et la mise en place de notre ERP. On ne pourra pas bénéficier de cet effet chaque année. Notre croissance sera plus liée au marketing, à la communication autour de l’entreprise et ses services.”
D’ailleurs, GIMI est d’ores et déjà entré dans cette phase puisque le branding de l’entreprise a été revu, les approches SEO et SEA ont été développées et qu’un nouveau site web a été mis en ligne. Et l’impact de ce dernier se fait déjà ressentir puisqu’on comptabilise 1.300 visites pour seulement 100 à 200 dans le passé.
Des cliens bien connus
Reste l’essentiel : la proposition au client. Et GIMI compte dans son portefeuille des noms comme John Cockerill, Galler, Walibi, Van Der Valk, la Ville de Bruxelles… Pour les convaincre, la PME liégeoise mise sur le service. Car dans une branche normée, où les produits se ressemblent, c’est notamment le service qui doit faire la différence. GIMI mise sur la transparence et propose ainsi des contrats d’un an (bien loin des contrats de longue durée dans le secteur), des systèmes ouverts, la rapidité (intervention sous 24h) et la numérisation du suivi client (portail en ligne, rapports automatiques, contrôle à distance des centrales).
De l’avis de Perrine Rikkers, conseillère prévention chez Galler, “GIMI s’est démarqué, en ce qui nous concerne, par son approche flexible. Ainsi, à l’inverse d’autres entreprises, ils ne nous ont pas imposé de changer tous nos détecteurs pour prendre absolument les leurs. Ce qui correspond à notre philosophie de durabilité et de circularité où l’on n’entend pas remplacer du matériel qui fonctionne bien. Par ailleurs, leur service après-vente est efficace et réactif. C’est pour ces raisons positives qu’on va étendre notre partenariat avec eux”.
De quoi conforter Basile Pirlot dans son choix de positionnement : “On ne veut pas être choisis parce qu’on est les moins chers. On veut l’être parce qu’on est les meilleurs.”
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici