Depuis cinq mois, le nouveau CEO de Mithra “redresse la barre”
La biotech liégeoise a travaillé d’arrache-pied à solidifier sa structure financière.
Cinq mois après son entrée en fonction, David Horn Solomon, le directeur général de Mithra a désiré faire le point sur la restructuration de la biotech liégeoise passablement chahutée depuis un an et demi. L’action, qui valait encore une vingtaine d’euros en février 2022, se négocie aujourd’hui à 2 euros.
“Cela fait cinq mois que j’ai été nommé directeur général de Mithra Pharmaceuticals SA, l’occasion pour moi de revenir avec vous sur les progrès que nous avons réalisés jusqu’à présent”, écrit David Horn Solomon dans une lettre aux actionnaires. L’objectif de ses efforts, explique David Horn Solomon, a consisté à « retrouver un bilan financier sain et à passer de financements par emprunt dilutifs à des sources de capital d’exploitation, telles que des partenariats et un financement par actions. Cela permettra aux actionnaires de s’aligner afin de soutenir la création de valeur à long terme ».
Augmentation de capital
La situation financière de Mithra exigeait une action rapide. En juillet dernier, lors d’une présentation aux investisseurs, l’entreprise liégeoise rappelait qu’elle avait encore 23 millions en trésorerie, mais dépensait 60 millions par an en frais de recherche et développement. Il fallait donc prendre des mesures rapidement afin de ne pas se retrouver à sec au cours de ce mois de septembre. Le patron canadien de Mithra explique donc ce qui a été réalisé pour cela.
Ces derniers mois, la biotech a en effet augmenté son capital de 20 millions d’euros par le biais d’un placement privé de 10 millions d’actions à 2 euros l’unité. L’opération permet même le cas échéant de lever des fonds propres jusqu’à 45 millions d’euros. Mithra a signé un accord d’approvisionnement pour la production du principe actif pharmaceutique de l’Esterel, un œstrogène natif, avec Gedeon Richter, son partenaire commercial. “L’accord nous permettra également de réaliser des économies sur les coûts de fabrication et d’améliorer considérablement la rentabilité de Mithra à l’avenir”, souligne le patron de Mithra.
L’entreprise a aussi reçu un paiement de 1,25 million d’euros de Fuji Pharma pour le développement d’Estelle au Japon; elle a signé un nouvel accord de licence canadien avec Searchlight Pharma pour la commercialisation de Donesta, d’une valeur pouvant atteindre 17,05 millions d’euros. Elle a généré une dizaine de millions d’euros de liquidités en vendant environ la moitié de ses actions Mayne Pharma, son partenaire commercial américain pour la commercialisation d’Estelle, dont Mithra conserve 5% du capital.
Mithra a aussi obtenu un financement de 12,5 millions d’euros de Highbridge et Whitebox dans le cadre d’une facilité de prêt.
Redresser la barre
Sur le plan opérationnel, la biotech liégeoise a “annoncé des résultats précliniques encourageants sur un nouveau candidat thérapeutique très innovant pour le cancer du sein triple négatif”. Le patron de Mithra rappelle que la stratégie repose désormais sur les deux piliers fondamentaux : un pôle de recherche et développement de pointe basé à Liège et des produits innovants, plus spécialement la pilule de nouvelle génération Estelle et le Donesta, qui vise à traiter les symptômes de la ménopause. “En parallèle, poursuit David Horn Solomon, nous évaluons activement les meilleures alternatives stratégiques pour deux autres activités annexes appartenant à Mithra : notre société en pleine croissance dédiée au développement de produits génériques complexes, Novalon, et notre unité de pointe dédiée au développement et à la fabrication (CDMO)”. Il n’exclut donc pas une vente de ces deux actifs.
En juillet Mithra avait annoncé qu’elle attendait un agrément pour le Donesta aux États-Unis qui, espère l’entreprise, devrait tomber encore cette année et permettrait de générer des rentrées supplémentaires.
“Nous sommes satisfaits des progrès récents, mais nous ne comptons pas en rester là » conclut le patron de Mithra qui estime qu’ « il est urgent de continuer à redresser la barre afin de pouvoir à nouveau naviguer en eaux calmes ».
On ajoutera qu’avec l’entrée en fonction de ce patron américano-canadien, il a été mis fin aux mandats de consultance des anciens patrons, Leon Van Rompay et François Fornieri.
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