La marque bruxelloise Rish, spécialisée dans les boissons fermentées artisanales, connaît une belle ascension depuis sa création en 2021. En trois ans, Rish est passée d’un projet artisanal à une entreprise florissante, avec plus de 450 points de vente. Aujourd’hui, les créations sont servies dans plusieurs établissements gastronomiques de renom en Belgique.
A priori, rien ne prédestinait Nouné Muradyan, une jeune entrepreneuse belge passionnée par l’art de la fermentation, à se lancer dans l’entrepreneuriat. Après des études en relations publiques spécialisées dans les affaires européennes, celle-ci débute sa carrière au sein de l’UE : un environnement “trop bureaucratique” qui ne lui convient pas et la pousse dans le privé, où elle officie comme consultante dans le secteur de l’énergie.
Grâce à ce travail, elle a la possibilité de voyager et de découvrir une multitude de pays. “J’ai vécu en Iran, à Oman, au Mexique et ailleurs en Amérique latine, explique la Bruxelloise. Cela a été extrêmement formateur puisque j’ai appris à gérer des équipes et à atteindre des objectifs tout en devant m’adapter à la culture du pays.” Ces différentes expériences l’amènent à considérer l’entrepreneuriat, sans pour autant savoir autour de quoi allait tourner son projet. “J’avais vraiment besoin de créer de la valeur, je ne voulais pas juste lancer une marque”, ajoute Nouné Muradyan.
Projet à base de kombucha

Forcée de démissionner lors de la crise sanitaire – tous les projets de l’entreprise ayant été mis à l’arrêt et les voyages n’étant plus permis – elle revient vivre en Belgique où elle décide de lancer son propre projet. “J’ai découvert le kombucha au Mexique”, se rappelle-t-elle. En partageant sa découverte avec ses parents, elle se rend compte que la boisson n’est pas neuve, mais existe en réalité depuis des millénaires.
“C’est ma maman, qui a grandi en Asie, qui m’a expliqué que le kombucha était consommé depuis très longtemps à domicile sans pour autant être commercialisé”, poursuit-elle. L’entrepreneuse, qui a également séjourné aux États-Unis, garde en tête l’essor des boissons fonctionnelles qu’elle a pu y observer – et dont la tendance est progressivement arrivée jusqu’en Europe – et décide alors de lancer sa propre boisson.
Les boissons fermentées comme le kombucha ont gagné en popularité ces dernières années, notamment auprès des jeunes générations et des consommateurs “sober curious” qui recherchent des alternatives sans alcool. “On peut aussi bien en consommer pour la santé qu’à l’apéro pour se faire plaisir”, souligne l’entrepreneuse.
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Un nouvel atelier de production
Nouné Muradyan veut plus qu’une simple marque et décide de lancer un atelier de production. “C’est ce qui nous différencie très fort des autres produits présents sur le marché, assure-t-elle. Très peu de marques ont leur propre atelier de production. Elles ont bien souvent une recette spécifique qu’elles délocalisent.” Sa production démarre dans un premier atelier situé dans le centre de Bruxelles, à Arts-Loi, dans lequel elle investit sur fonds propres. “Il n’y a pas eu d’associés ou d’investisseurs, c’était une volonté de ma part.”
L’entreprise croît alors de manière organique et devient rentable dès la première année. “J’ai pu ensuite engager du personnel qui m’a aidé dans la production et la commercialisation.” Aujourd’hui, Rish a déménagé à Anderlecht dans un atelier de 450 m². “C’était important pour moi de rester en Région bruxelloise”, précise-t-elle. Avec ce nouvel atelier, elle n’exclut pas, à terme, de produire pour d’autres marques, mais Nouné Muradyan se heurte à un problème : l’entreprise produit aujourd’hui 2.000 bouteilles par jour qu’elle écoule directement et n’a pas encore la capacité de produire davantage.
“Notre atelier de production, c’est ce qui nous différencie très fort des autres marques présentes sur le marché.” – Nouné Muradyan, CEO de Rish
Accélérer le développement
Pour soutenir son ambition d’atteindre le stade de la scale-up cette année, Rish a récemment ouvert son capital à Jim Bogaert, à l’origine de plusieurs établissements bruxellois. “L’objectif est d’accélérer le développement de l’entreprise, tout en conservant l’authenticité et la qualité artisanale du produit”, pointe la responsable. Cette année, Rish va atteindre le million de chiffre d’affaires, contre 500.000 euros l’année dernière. “Notre croissance est plus lente que si l’on sous-traitait”, concède-t-elle.
L’année dernière, l’entreprise a investi 250.000 euros dans une ligne de production automatisée, marquant une transition vers une capacité industrielle tout en conservant l’authenticité du produit. Elle est également passée à des cuves de 2.000 litres contre 600 litres précédemment. Objectif ? Multiplier par 10 la production, qui atteint actuellement 300.000 bouteilles par an, tout en maintenant les standards artisanaux et la qualité du kombucha. “C’est un moment important pour l’entreprise puisqu’on passe du 100% artisanal et manuel à l’automatisation de l’embouteillage, même si la production du liquide demeure artisanale”, explique Nouné Muradyan.
Une gamme exclusive

Cette automatisation va permettre à l’entreprise de développer davantage de produits. La marque est aujourd’hui déclinée en quatre saveurs : thé vert, hibiscus, gingembre et basilic (qui était à la base une édition limitée). “On a eu tellement de demandes qu’on a finalement décidé de la garder et c’est devenu notre best-seller”, ajoute l’entrepreneuse.
En lançant, sa gamme de kombuchas, Nouné Muradyan, voulait placer sa boisson comme alternative à l’alcool, mais reconnaît que l’expérience sociale n’était pas aboutie. “Que ce soit le format de la bouteille ou l’association des goûts, ce n’était pas des éléments extrêmement sophistiqués qui poussaient les consommateurs à remplacer leur vin ou leur champagne par notre marque”, concède-t-elle.
Rish a donc complété sa gamme avec des PetNat sans alcool, des boissons pétillantes produites selon une méthode ancestrale, où la fermentation se termine en bouteille, créant des bulles naturellement. “Ça donne une longueur en bouche et une acidité qui est très similaire au champagne ou au cidre”, précise la responsable. Plusieurs saveurs sont là aussi déclinées : rose de damas, tagète ou encore figuier sauvage cultivé à Bruxelles. “Chaque saveur a un goût différent que ce soit plus fruité ou boisé.” Ces PetNat sans alcool sont d’ailleurs exclusivement réservés à certains établissements, impossible de les trouver en magasins.
Modèle B to B
Aujourd’hui, le business model de Rish est presque exclusivement B to B. “Nous sommes des producteurs de boissons qui travaillent avec des distributeurs qu’ils soient dans l’horeca ou dans le secteur du bio”, rappelle l’entrepreneuse. Parmi les clients horeca, plusieurs établissements gastronomiques de renom en Belgique, notamment des restaurants étoilés comme Le Coq aux Champs ou Le Chalet de la Forêt.
“Il y a également un segment qui grandit rapidement, ce sont les importateurs de vins nature”, ajoute-t-elle. En chiffres, cela se traduit par 40% d’horeca, 40% pour les importateurs et 20% pour le bio. Au total, près de 500 points de vente commercialisent les produits Rish en Belgique, en France et au Luxembourg. “On fait également un peu de vente en direct pour les puristes qui sont très sélectifs et refusent de travailler avec des distributeurs.”