Dans les coulisses de l’entreprise familiale Zoutman

Hans Hermans collaborateur Trends

Le port de Gand a récemment construit le site de production de sel le plus grand et le plus durable au monde. Avec cette tour de 64,5 m de haut, Zoutman vise un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros d’ici 2030. L’entreprise souhaite que le monde entier consomme du sel de mer, et non plus du sel de mine.

En 1997, les frères entrepreneurs Peter et Bart Sobry, connus pour l’entreprise de traitement des déchets Sobry et le spécialiste des systèmes de filtration circulaire Desotec, se sont lancés dans une nouvelle aventure entrepreneuriale à Roulers. Ils ont repris l’entreprise Eurasalt qui avait un bureau de vente en Belgique et ont lancé leur propre production de sel. En 2004, ils ont ouvert un site de production dans le port de Gand. Zoutman y transforme le sel de mer provenant d’Australie et des Caraïbes en sel à usage domestique et industriel, notamment sous sa propre marque Marsel.

“En Europe du Nord et de l’Ouest, nous consommons principalement du sel de mine, mais notre méthode d’extraction du sel de mer est beaucoup plus durable. Les émissions de CO2 sont 30 fois inférieures à celles du sel de mine”, explique Bert Lamote, CEO de Zoutman. La matière première n’est pas seulement inépuisable et renouvelable. Grâce à sa méthode de production, Zoutman est l’un des rares producteurs de sel à ne pas devoir ajouter d’agent anti-­agglomérant tel que le E535. L’entreprise opte également pour des sites en bord de mer, de sorte que toutes les matières premières peuvent être acheminées par bateau. Le rail est également une voie de transport importante. En outre, l’entreprise réalise des investissements à long terme, ne rejette pas d’eaux usées, opte pour la récupération d’énergie et de chaleur et investit dans sa propre éolienne. “La logistique représente 75 % de notre impact environne­mental. Nous espérons réduire encore cette part grâce à des technologies qui ren­dent le transport maritime plus durable.”

Le groupe emploie 120 personnes. En 20 ans, le chiffre d’affaires de Zoutman est passé de 1 million d’euros à 58 millions, soit une croissance moyenne de 11 % par an. Pour ce faire, l’entreprise a investi 80 millions d’euros, dont 25 millions d’euros dans la tour à sel.

“Nous vendons princi­palement en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. Notre ambition en Belgique est de réaliser 100 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 150 personnes d’ici 2030.”

1. Approvisionnement par voie d’eau

Une poignée de navires acheminent chaque année 50.000 à 80.000 tonnes de gros sel marin cristallin en provenance d’Australie et des Caraïbes jusqu’au quai Zoutman à Gand. Une grue saisit le sel. Il glisse sur des tapis roulants jusqu’au plus grand entrepôt de sel couvert d’Europe, d’une superficie de 36.000 m2. Là, jusqu’à 300.000 tonnes de cristaux de sel sont stockées, prêtes à être traitées.

2. Jusqu’au dixième étage

Un kilomètre de ban­des transporteuses traverse le site, depuis l’entrepôt jusqu’au sommet de la tour de production de 64,5 mètres de haut. Les grains sont d’abord triés dans la tour afin d’empêcher les morceaux de plus de 17 millimètres de pénétrer dans la raffinerie. Les cristaux de sel sélectionnés sont rincés à l’eau et passent dans une vis d’Archimède (sorte de vis sans fin) pour être débarrassés du sable, des coquillages ou des pierres. Ils sont ensuite séchés à 420 ° Celsius et transportés au dixième étage.

3. Processus vertical

Dans la tour, les cristaux blancs tombent à travers des tamis et des tubes. En utilisant la gravité, le processus de pro­duction vertical nécessite beaucoup moins d’énergie qu’un processus horizontal..

4. Broyage et tamisage par vibration

Au dixième étage, un grand tamis vibre. Ce gros tamis contient sept tamis qui trient les cristaux selon sept tailles, après quoi les cristaux restants tombent un étage plus bas. Les cristaux les plus gros sont utilisés pour les piscines, par exemple. Au même étage, une partie des grains est broyée plus finement, comme dans un moulin à grains classique. On obtient ainsi le sel le plus fin, jusqu’à 0,2 millimètre, idéal pour l’industrie alimentaire.

5. Elimination des dernières impuretés

Tous les grains obte­nus passent par un contrôle optique. Dans cinq machines, une centaine de caméras scannent 30 tonnes de sel par heure. Tout grain de sable ou impureté perceptible est immédiatement expulsé par pression d’air. C’est ainsi que Zoutman atteint une pureté de 99,8 % de chlorure de sodium. Le sel tombe ensuite, en fonction de sa granulométrie, dans les 20 silos d’une hauteur de 9 mètres et d’une capacité de 80 tonnes.

6. Sans additifs

Le processus auto­matisé est surveillé depuis la salle de contrôle située au premier étage. Dix-huit employés suffisent à la production, qui se déroule jour et nuit pendant la semaine. Zoutman vend un sel sans additifs, alors que d’autres sels nécessitent des additifs chimiques pour éviter la formation de grumeaux.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content