Dans l’eau plutôt que le feu de la crémation

L'intercommunale (Pontes) vient de se jeter à l’eau avec l’installation à Wilrijk, dans un des trois crématoriums qu’elle gère, d’un somator officiellement présenté à la ministre flamande de l’Intérieur. © Belgaimage

Avec l’entrée en fonction du Resomator, le crématorium de Wilrijk est le premier d’Europe continentale à offrir une alternative écologique à la crémation.

Si les trois Régions du pays n’autorisent actuellement que deux modes de sépulture : l’inhumation et la crémation, toutes possèdent depuis la régionalisation le pouvoir d’en autoriser d’autres, telle l’aquamation, ou résomation, distinctions qui ne portent que sur des conditions de température et de pression.

Dans les deux cas, le processus – une hydrolyse alcaline – et le résultat – des os devenus poreux qui peuvent être broyés en poudre – sont identiques. N’impliquant pas de combustion, le procédé est indubitablement plus écologique que la crémation et possède en Flandre ses inconditionnels, parmi lesquels la cd&v Katrien Schryvers, la première à réclamer l’introduction de cette nouvelle technique. Elle a fini par obtenir gain de cause.

Une intercommunale (Pontes) vient en effet de se jeter à l’eau avec l’installation à Wilrijk, dans un des trois crématoriums qu’elle gère, d’un somator officiellement présenté voici quelques jours à la ministre flamande de l’Intérieur. Les premiers “hôtes” de cet appareil fabriqué en Écosse seront trois corps légués à la science dont la dissolution fera l’objet de recherches attentives. De la sécurité médicale à l’élimination responsable des eaux résiduelles, en principe stériles, tout sera passé au crible.

L’évaluation scientifique du procédé ainsi que l’élaboration d’un cadre décrétal étant estimés à deux ans, un troisième mode de sépulture devrait être autorisé en Flandre dès 2028.

Evaluation scientifique du procédé

L’évaluation scientifique du procédé ainsi que l’élaboration d’un cadre décrétal étant estimés à deux ans, un troisième mode de sépulture devrait être autorisé en Flandre dès 2028. Avec quelles chances de succès ? Certes, en Flandre, le taux de crémation (78%) est nettement supérieur à celui de Bruxelles (56%) ou de la Wallonie (54%), mais passer du feu à l’eau bouscule certaines habitudes et pose quelques problèmes éthiques.

La résomation rend en effet superflu tout cercueil et, contrairement à la crémation où le personnel n’entre pas en contact avec le corps du défunt, implique un contact direct lorsque le corps doit être introduit dans le résomateur, nu ou enveloppé dans un linceul spécial. La pression y empêche toute ébullition de sorte que le corps ne “bout” jamais et se décompose naturellement. Revers de la médaille, tout doit être naturel, y compris les fibres des vêtements, ce qui, à une époque où le synthétique envahit tout, est loin d’être évident.

Rien de neuf sous le soleil

Présenté comme nouveau, le procédé est en réalité vieux de plus d’un siècle. En 1888 déjà, Amos Herbert Hobson, un Britannique émigré aux États-Unis, désireux de transformer les carcasses d’animaux en fertilisant pour sols, faisait breveter un procédé d’hydrolyse alcaline.

Un siècle plus tard, deux professeurs américains spécialisés en médecine nucléaire, excédés par le prix réclamé pour éliminer des animaux de laboratoire devenus radioactifs, perfectionnent et brevètent le procédé. Vers 2010, de l’Australie au Canada en passant par 26 États américains, la technique commence à être appliquée aux défunts dans les pays anglo-saxons et s’apprête, par Flandre interposée, à prendre pied sur le Vieux Continent.

Guillaume Capron

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