Cora fermera ses sept magasins en Belgique début 2026, 1.779 emplois menacés

Cora a annoncé mardi son intention de cesser l’activité de ses sept hypermarchés et de ses services support début 2026. Cela implique le lancement d’une procédure d’information et de consultation préalable à un éventuel licenciement collectif pour l’ensemble des 1.779 collaborateurs employés par l’enseigne.
La direction de l’enseigne du groupe Louis Delhaize, qui compte sept hypermarchés à Bruxelles et en Wallonie (Anderlecht, Châtelineau, Hornu, La Louvière, Messancy, Rocourt et Woluwe-Saint-Lambert), invoque plusieurs raisons, de “l’érosion du pouvoir d’achat” à la “montée en puissance du commerce en ligne”, en passant par la concurrence des magasins étrangers et le déclin du modèle de l’hypermarché. “En Belgique, la segmentation du secteur en différentes commissions paritaires a également créé et maintenu des distorsions de concurrence préjudiciables aux grands magasins comme Cora”, dénonce l’enseigne.
“Pour toutes ces raisons, Cora subit des pertes d’exploitation importantes depuis des années et ce, malgré les efforts constants du personnel et de la direction pour redresser sa situation financière”, poursuit l’enseigne, qui rappelle les “nombreuses initiatives” mises en place ces 10 dernières années pour dynamiser ses ventes ainsi que les “recapitalisations successives de la part de ses actionnaires.”
“Les projections économiques futures montrent, par ailleurs, qu’un redressement à court et moyen terme n’est plus possible”, poursuit l’enseigne, évoquant une situation qui n’est “plus viable à long terme”.
Cora explique avoir examiné la piste de la cession des hypermarchés à un ou plusieurs repreneurs de la grande distribution mais aucun d’entre eux ne s’est montré intéressé par une reprise d’hypermarchés intégrés dans les conditions actuelles de marché. D’ici à la fin de la procédure et l’éventuelle fermeture, Cora continuera ses activités et les hypermarchés resteront ouverts.
Trouver des solutions autres que la fermeture
Le Setca a réagi avec déception à l’annonce de la direction de Cora.”Le CEO a clairement parlé de cessation d’activités”, déplore le Setca, qui rappelle les trois restructurations au sein de l’entreprise en 10 ans. “Nous nous sommes constamment heurtés à des vents contraires”, regrette-t-il, évoquant un manque d’anticipation de la direction par rapport à l’essoufflement du modèle hypermarché.
“L’absence de dialogue au niveau sectoriel sur l’harmonisation des commissions paritaires et le dumping social toujours plus grand, tant par rapport aux nouvelles enseignes arrivant sur le marché que par rapport à la franchise, a été un élément accélérateur de la chute des magasins Cora”, analyse le syndicat socialiste. Tout comme le relevait la direction de Cora, “le changement de comportement du consommateur, le commerce transfrontalier et l’e-commerce ont fini d’achever ce modèle”, complète-t-il.
Le Setca s’en prend également au travail le dimanche mis en place au sein des magasins franchisés Delhaize depuis la restructuration de l’enseigne au lion, “qui ébranle tout le marché des magasins intégrés”. L’organisation syndicale demande également aux politiques de prévoir des solutions de départs “adoucies” si la fermeture des magasins devait être confirmée. “À l’heure où le gouvernement crie haro sur les prépensions, nous affirmons qu’elles sont indispensables à toute solution sociale d’un tel drame. Nos politiques ont fait de l’exclusion des demandeurs d’emploi après deux ans d’allocations de chômage leur principe. Ce principe est intenable”, tonne le Setca.
La moitié des travailleurs ont plus de 20 ans d’ancienneté et 61% d’entre eux sont âgés de plus de 45 ans, situe encore le syndicat, rappelant que des familles complètes travaillent parfois chez Cora et que le drame de la perte d’emploi sera dès lors multiplié par deux ou par trois.
“Nous ne tolérons pas et n’accepterons jamais que ces travailleurs, dans deux ans, aillent vers les CPAS”, prévient l’organisation socialiste.
“Alors, messieurs les ministres ou présidents de partis, qui désirez tant faire des économies sur les allocations de chômage, trouvez des entrepreneurs qui vont reprendre des travailleurs Cora avec leur profil, leur passé professionnel, leur rage de travailler et tout leur bon vouloir. C’est là que nous pourrons aussi constater que votre politique est une politique qui va droit dans le mur pour les travailleurs sans emploi”, conclut le Setca.
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