Le choix de l’Espagnol CAF, au détriment de l’entreprise Alstom, comme soumissionnaire préférentiel pour le contrat de renouvellement d’une partie de la flotte de la SNCB représente un désastre pour l’emploi belge et la vision industrielle du pays, déplore vendredi le syndicat des Métallos de la FGTB.
Le choix de l’entreprise espagnole CAF pour fournir les nouvelles automotrices de la SNCB provoque une vive réaction du côté syndical. Ce marché stratégique, estimé entre 1,7 et 3,4 milliards d’euros, vise à renouveler jusqu’à 600 rames d’ici 2034, incluant des trains à batteries destinés à remplacer les modèles diesel encore en circulation.
Un revers de taille pour Alstom… et pour l’industrie belge
La non-attribution du marché à Alstom suscite une forte inquiétude dans les rangs syndicaux. L’entreprise française dispose de deux centres d’excellence à Charleroi et d’un site de fabrication majeur à Bruges, tous trois directement concernés par ce contrat.
« Dans un pays déjà durement touché par la désindustrialisation, voir un marché d’une telle ampleur ne pas bénéficier à l’industrie locale est un signal alarmant », dénoncent les centrales concernées de la FGTB.
Selon les Métallos FGTB, plus de 600 emplois directs sont aujourd’hui menacés sur le site de Bruges, sans compter l’ensemble de l’écosystème de sous-traitants qui gravite autour. La centrale syndicale met en garde contre une fragilisation structurelle de l’outil industriel belge, dans un secteur pourtant considéré comme stratégique.
Une absence de stratégie industrielle belge ?
Les syndicats ne mâchent pas leurs mots :
« Cette situation témoigne de l’absence de stratégie industrielle. On poignarde notre avenir industriel pour rentrer dans le canevas des règles du marché », accuse la FGTB.
Au-delà de ce cas précis, le syndicat socialiste appelle à un débat en profondeur sur la réforme des marchés publics en Belgique. Objectif : permettre l’intégration de critères sociaux et industriels dans les appels d’offres publics, tout en restant dans le cadre européen.
CAF dans la tourmente éthique
La FGTB rappelle également que CAF est impliquée dans l’extension du tramway de Jérusalem vers des colonies israéliennes en territoires palestiniens occupés, une activité critiquée par plusieurs ONG et entités internationales. Un élément éthique qui, selon les Métallos, aurait dû être pris en compte dans l’évaluation des candidatures.
Une commande déterminante pour la SNCB
Le contrat en jeu, l’un des plus importants jamais passés par la SNCB, s’inscrit dans une volonté de modernisation massive de la flotte ferroviaire belge. Il prévoit la livraison de matériel roulant neuf, plus écologique et plus efficient, avec une orientation vers des solutions hybrides ou électriques pour remplacer progressivement les automotrices diesel.
La décision finale d’attribution au consortium CAF doit encore passer les dernières étapes procédurales, mais le choix du conseil d’administration de la SNCB est désormais acté. Reste à savoir si une contestation formelle interviendra – ou si cette décision s’imposera comme un tournant dans les relations entre pouvoir public, politique industrielle et tissu productif local.