Comment les réseaux sociaux minent notre satisfaction au travail

Agacé contre les réseaux sociaux? © iStockphoto

Les réseaux sociaux amplifient les émotions extrêmes et peuvent déformer la perception que nous avons de notre parcours professionnel. Cette distorsion affecte notre satisfaction au travail, ce qui peut entraîner des décisions lourdes de conséquences.

Ce n’est un secret pour personne : les réseaux sociaux nous mettent sous pression. Nombreux sont ceux qui en ont fait l’expérience : à force de regarder la vie « de rêves » de certains de nos « amis » Facebook, ou les trop belles photos de vacances sur Instagram, on a parfois l’impression de passer à côté de sa propre vie. Et pourtant…

Le même type de distorsion peut-il s’appliquer à notre bien-être professionnel et l’entacher ? La réponse est oui. Sur les réseaux sociaux, on lit ainsi au quotidien les réussites impressionnantes et les frustrations extrêmes de nos contacts, voire des contacts de contacts. Le tout emballé dans des formats qui jouent à fond la corde émotionnelle : promotions éclatantes, critiques virulentes, récits de perte de confiance dans le monde corporate… 

La faute à…

Normalement, nous devrions avoir le recul nécessaire afin de ne pas nous laisser embarquer dans un spleen professionnel. Mais alors pourquoi cela nous touche-t-il malgré nous ?

Un seul coupable : l’algorithme. Non seulement il sait ce qui capte l’attention, mais cette amplification constante d’extrêmes exerce une influence subtile sur nos sentiments de réussite, d’échec, de stabilité, etc., jusqu’à miner notre satisfaction au travail et nous faire douter : de nous, de notre salaire, de notre capacité à effectuer correctement notre travail, etc.

Des conséquences professionnelles

Les réseaux sociaux ne montrent que rarement la réalité professionnelle dans toute sa complexité. En vous promenant de profils LinkedIn en contenus Instagram, ce sont le plus souvent les exemples spectaculaires qui nous sont proposés. Merci l’algorithme !

Cette exposition déséquilibrée et ce besoin de comparaison permanent alimentent notre insatisfaction. “Et c’est là le danger”, explique Ian Schoonjans, consultant senior chez le spécialiste du recrutement Robert Walters. “Ce que nous voyons sur les réseaux, ce sont surtout des extrêmes : des succès éclatants ou des échecs cuisants. La zone grise – là où se déroule en réalité la majorité des carrières – reste largement invisible.” 

Un regard analytique permet d’identifier les mécanismes en jeu et de proposer des stratégies pour limiter leur impact sur notre bien-être et notre carrière.

Des conséquences professionnelles

Une exposition prolongée à ces comparaisons influence notre comportement, et ce souvent sans qu’on en ait conscience. « Vous devenez peut-être plus cynique vis-à-vis de votre travail (Silent quitting), déplore Ian Schoonjans. Vous commencez à voir vos managers comme des “maniaques du contrôle” ou des “boomers incompétents” (Manager bashing). Peut-être rêvez-vous de plus en plus de démissionner (Revenge quitting). »

Car contrairement à ce que vous pouvez penser, cela se remarque que ce soit sur votre lieu de travail ou en ligne…

Des choix conscients pour s’en sortir

Bonne nouvelle, vous n’avez pas besoin de bannir totalement (sauf si vous le désirez) les réseaux sociaux de votre vie pour préserver votre bien-être professionnel. Le spécialiste du recrutement liste des pistes pour échapper à ce spleen professionnel. Des choix conscients qui peuvent déjà faire une grande différence : 

  • Prenez du recul par rapport à ce que vous voyez. Les réseaux sociaux montrent une réalité déformée. Les succès sont mis en scène, les frustrations exagérées.
  • Si certains comptes vous dévalorisent ou vous épuisent, arrêtez de les suivre. Suivez uniquement des personnes qui vous inspirent, pas celles qui vous frustrent.
  • N’oubliez pas la notion de IRL (dans la vie réelle) : parlez avec de vraies personnes, hors ligne ! 
  • Examinez ce qui vous perturbe. Si vous vous sentez irritable, posez-vous la question : d’où vient ce sentiment ? Réfléchissez à ce que vous attendez vraiment de votre travail et à ce qui vous donne de l’énergie. 

Et surtout ne jamais perdre de vue que la satisfaction professionnelle n’est pas quelque chose que l’on résume dans un post ou qui se compte en pouces levés. C’est quelque chose qui se construit, jour après jour, à travers des choix qui reflètent qui vous êtes vraiment. 

“Peut-être que ce malaise que vous ressentez est un signal, conclut Ian Schoonjans. Le signe que vous cherchez plus de sens, de reconnaissance, ou d’équilibre. Mais pour trouver ce dont vous avez besoin, vous n’avez pas à fuir, à critiquer, ni à vous comparer. Il suffit parfois de faire une pause et d’écouter. Écouter ce qui compte vraiment dans votre propre vie professionnelle”. 

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