Cohabs lève 100 millions d’euros : “S’accorder sur une valorisation en temps de crise a été un challenge”
La firme bruxelloise spécialisée dans la location de chambres dans des maisons partagées premium vient d’annoncer une levée de fonds à 100 millions. Un bel exploit en pleine crise. Entretien avec le CEO de Cohabs.
La scale-up belge de coliving Cohabs réussit une belle opération en levant quelque 100 millions d’euros pour accélérer sa croissance. Elle a annoncé hier avoir trouvé de nouveaux investisseurs parmi lesquels Ivanhoé Cambridge, Belfius Assurance et la branche immobilière du Fonds Souverain belge (SFPIM – Real Estate).
Objectif ? Tripler de taille en 3 ans et atteindre 5.000 chambres dans le monde, contre environ 1.500 à l’heure actuelle, réparties dans 5 villes (Bruxelles, Paris, New York, Madrid et Luxembourg). Pour rappel, cette start-up fondée en 2016 à Bruxelles par Youri et Malik Dauber, François Samyn et Lionel Jadot propose aux jeunes branchés internationaux de disposer d’une chambre dans de belles maisons qu’elle rachète et qu’elle aménage avec style. La “cohabitation” moderne gérée grâce à une couche logicielle lui permettant une sérieuse efficacité.
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Cette levée de fonds très importante pour une entreprise belge peut surprendre dans un contexte économique qui pèse sur les levées : frilosité des investisseurs, renégociation des termes, chute des valorisations. L’occasion de quelques questions à Youri Dauber, cofondateur et CEO de Cohabs.
Vous avez levé des fonds alors que le contexte pousse pas mal de boîtes tech à éviter lever des fonds. Était-ce compliqué ?
On a commencé notre levée de fonds à une période où tout allait bien, fin 2021. Les taux d’intérêt étaient bas et il y avait plein de capitaux sur le marché. La dynamique était très positive et nous arrivions avec une bonne taille (50 personnes), un bon produit et un bon marché. Mais l’invasion russe, les problèmes énergétiques, l’augmentation des taux ont fait changer les choses. Les capitaux se sont gelés, et l’incertitude n’a fait que croître depuis. Or, les investisseurs n’aiment pas beaucoup l’incertitude. Plus le temps passait plus le marché changeait. Et c’est devenu compliqué…
Compliqué à quel niveau ?
Surtout dans les questions liées à la gouvernance de la société et par rapport à la valorisation que l’on défendait, car de mois en mois, les discussions sur la valeur de Cohabs s’intensifiaient au fur et à mesure que le contexte changeait.
Vous n’êtes pas parvenu à faire valoriser la société à la hauteur souhaitée ?
Sur le marché, les valorisations ont fondu ces derniers mois, de manière générale. Et tout au long des mois de négociations, nous avons constaté qu’il y avait une vraie pression de la part des investisseurs sur la valorisation de la société. Si l’on ne peut dévoiler la valorisation de Cohabs aujourd’hui, je peux vous confirmer qu’elle a été réduite depuis les offres que l’on avait obtenues en mai. Heureusement, pas de manière gigantesque, mais on encaisse quand même une réduction de l’ordre de 10%, sur des montants très importants évoqués lors des premières offres.
Est-ce une déception ?
Quand on vous annonce une valorisation inférieure à une offre déjà reçue, ça l’est inévitablement. Parce qu’on ne pense pas que l’entreprise vaut moins parce que le marché rencontre des incertitudes. Mais au final, on comprend évidemment la position des investisseurs et on se réjouit d’avoir levé de tels montants, malgré le contexte, pour faire évoluer le projet avec ambition.
Quelle est votre ambition pour Cohabs ?
Nous avons aujourd’hui un peu plus de 1.500 chambres, depuis 2016. L’objectif à présent est d’acquérir de nouveaux bâtiments et de dérouler le modèle Cohabs pour arriver à 5.000 chambres d’ici 2026. Et cela dans 11 villes. Les investisseurs vont nous permettre de structurer notre expansion et notre activité opérationnelle grâce à leurs ressources et leur expérience dans le développement immobilier.
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