Ancien cadre dans le secteur financier, le Belge Christophe Carrette s’est reconverti avec succès dans un domaine assez inattendu : la dynamisation de l’eau. Une niche technologique où il a réussi à s’imposer jusqu’à décrocher une médaille d’or au 50e Salon de l’Innovation de Genève.
Changer de vie à la quarantaine pour se lancer dans la dynamisation de l’eau était un pari hasardeux. Christophe Carrette, juriste de formation et ex-directeur général du Crédit Foncier en Belgique, a pourtant réussi à transformer une intuition – devenue entretemps une vive passion – en une mission entrepreneuriale et technologique.
En 2012, après 25 ans dans la banque-assurance, le quadra assiste à une conférence sur la dynamisation de l’eau. Le déclic est immédiat. “J’ai commencé à m’intéresser aux appareils existants, principalement suisses et français. Puis, j’ai voulu aller plus loin : comprendre, objectiver et concevoir un appareil plus performant”, raconte-t-il. En 2016, il fonde la société Dynamized Technologies. En 2020, son invention, baptisée le Biodynamizer, est lancée après six années de R&D autofinancées, avec le soutien de l’Awex.
Vortex et magnétisme
“L’appareil se place juste après le compteur d’eau de ville et s’inspire des principes de la nature. Il vise à ‘régénérer’ l’eau du robinet, pour la rapprocher d’une eau vive de montagne, plus énergisante, hydratante et moins oxydée, comparable en goût à une eau minérale comme Evian”, explique l’entrepreneur.
Sans entrer dans les détails techniques, le procédé s’appuie sur 21 principes de dynamisation – un record dans le secteur – associant vortex, champs magnétiques et fréquences vibratoires naturelles, sans produits chimiques, ni électricité. Un autre appareil annexe, le Biofiltre, assure une triple filtration (préfiltre, charbon actif, fibre contenant de l’argent ionisé). Il élimine chlore, bactéries, pesticides et métaux lourds, tout en conservant les bons minéraux. Face à la menace des PFAS dans l’eau du robinet et à l’ingestion de microplastiques via les bouteilles, la solution (Biofiltre + Biodynamizer) gagne en attrait.

Scepticisme scientifique
Christophe Carrette s’efforce de faire valider toutes ces promesses scientifiquement depuis 10 ans. Car ce traitement qui “dynamise” l’eau soulève un certain scepticisme. Se qualifiant lui-même de “très rationnel”, l’entrepreneur en est bien conscient. Pour lutter contre les levées de boucliers, il s’est entouré de chercheurs spécialisés dans le domaine – certains reconnus, d’autres plus controversés – pour mener de multiples tests et analyses.
Parmi elles, une étude réalisée pour le compte de la SA Dynamized Technologies sur l’analyse électrophotonique réalisée par le professeur émérite Marc Henry qui était un professeur réputé de chimie, physique et science des matériaux à l’Université de Strasbourg et le docteur belge Michel Van Wassenhoven, spécialisé en homéopathie. « Cette analyse AEP (électrophotonique) objective les bienfaits de la dynamisation de l’eau par le Biodynamizer, elle a plus d’énergie, est plus hydratante et moins oxydée», avance Christophe Carrette.
Expériences de terrain
Les vertus attribuées à sa technologie sont aussi étayées par les retours positifs de ses clients. Michel Warzée, éleveur dans le Condroz, témoigne : “Une vache qui produit 60 litres de lait peut consommer entre 130 et 140 litres d’eau par jour. Il est donc essentiel de leur fournir une eau de qualité. Le Biodynamizer a remplacé des systèmes coûteux comme l’osmose inverse et les adoucisseurs, qui n’ont pas donné de résultats concluants. Depuis son installation, il y a cinq ans, on observe une hausse de 15 à 20% de la consommation d’eau de nos 200 vaches, un net recul des mammites et un meilleur état de santé général.”
“On observe une hausse de 15 à 20% de la consommation d’eau du cheptel, un net recul des mammites et un meilleur état de santé général.”
Un pain plus moelleux
Le processus est aussi plébiscité par les boulangers. Luc Boulet est le cofondateur de la Heritage Grand Bakery, une boulangerie prisée de la 5e Avenue, à New York, équipée du système depuis deux ans et demi. “L’eau du robinet, souvent chlorée, nuit à la fermentation, essentielle dans notre métier, surtout avec des levains naturels très sensibles à leur environnement. Nous travaillons avec des taux d’hydratation très élevés – parfois jusqu’à 100%, soit autant d’eau que de farine – la qualité de l’eau est donc déterminante. Depuis que nous utilisons de l’eau dynamisée, nous constatons un levain plus actif, des pâtes plus souples, une fermentation mieux maîtrisée ainsi qu’un pain plus moelleux qui se conserve plus longtemps”, explique-t-il, avec enthousiasme.
“Le pain est plus moelleux et se conserve mieux.”
“Aucune validation scientifique”
Thierry Visart de Bocarmé, professeur de chimie à l’Université libre de Bruxelles (ULB), exprime, de son côté, une réserve marquée. “Cet appareil repose sur des principes tels que les vortex, les champs magnétiques ou les fréquences vibratoires, qui ne disposent actuellement d’aucune validation scientifique reconnue pour “régénérer” l’eau. Les témoignages d’utilisateurs ne remplacent pas les études rigoureuses et indépendantes validées par des pairs (nldr: peer-reviewed), absentes ici (lire aussi l’encadré ci-dessous). En revanche, la filtration et l’adoucissement de l’eau sont des méthodes validées scientifiquement, tout comme l’osmose inverse. Elles sont des solutions fiables pour modifier certaines caractéristiques de l’eau (ndlr: réduction de la dureté, des contaminants ou des impuretés).”
Prix de l’Innovation
Si ces analyses réalisées par des tiers à la demande de la société et ces divers témoignages ne convaincront pas la communauté scientifique dans son ensemble, le jury de 135 experts indépendants du 50e Salon international des inventions de Genève n’a pas hésité à décerner en avril la médaille d’or au Biodynamizer dans la catégorie “boissons, santé & paramédical”, assortie d’un Prix spécial décerné par l’École polytechnique de Hong Kong. Une double distinction obtenue parmi plus de 1.000 innovations issues de 42 pays. En 2021, le concept avait déjà reçu un prix de l’innovation au Salon International de la Restauration, de l’Hôtellerie et de l’Alimentation de Lyon (SIRHA).
Première bière dynamisée
Par ailleurs, Christophe Carrette exploite son invention dans le processus de fabrication de la “Houblonde”, une bière qu’il a élaborée en collaboration avec la Faculté AGRO de l’Université catholique de Louvain (UCLouvain) et son Master en génie brassicole. Reconnue comme la première bière bio et dynamisée, elle a été primée au World Beer Awards de Londres en 2017. L’utilisation d’eau dynamisée dans le brassage des bières est présentée comme une façon d’améliorer leur structure et leurs arômes.
200 unités vendues par an
L’appareil, dont 200 unités sont vendues chaque année, équipe à 95% des particuliers. Il suscite également l’intérêt de l’horeca (Plek), de magasins bios (Biooh), de spécialistes du kéfir (Maison Lagneaux – Eau vertueuse), ou encore de domaines viticoles. Basée à Lasne, la société opère exclusivement via son site d’e-commerce. La petite équipe est épaulée par un réseau d’une cinquantaine d’”ambassadeurs” à travers le monde, auxquels s’ajoutent des sous-traitants réguliers. En 2024, la PME a réalisé un chiffre d’affaires de 850.000 euros, en croissance constante. Soixante pour cent des ventes sont réalisées en Belgique, 25% en France et le reste à l’international, avec de nombreuses commandes venant des États-Unis et du Moyen-Orient.

“L’objectif à court terme est de dépasser le million d’euros de chiffre d’affaires annuel, en misant sur l’export, notamment en Allemagne et en Suisse, mais aussi en Asie, où l’eau vive suscite un engouement croissant”, affirme Christophe Carrette.
Alternative à l’adoucisseur
Le coût de l’installation complète avoisine les 4.500 euros. Selon son concepteur, il peut être amorti en environ quatre ans, à la place de l’achat d’eau en bouteille ou de l’installation d’un adoucisseur*. “Le Biodynamizer offre aussi une alternative écologique au traitement du calcaire. Sans ajout de sel ni produits chimiques, il modifie sa structure pour en limiter les dépôts dans les canalisations et les appareils ménagers”, vante-t-il.
“Mon objectif n’est pas juste commercial, je veux réhabiliter une eau vive.”
Des matériaux nobles
Christophe Carrette insiste également sur une production locale motivée par un souci de qualité et d’indépendance industrielle, en particulier pour des matériaux comme les aimants ou les terres rares importés de Chine. Septante-cinq pour cent des composants de l’appareil proviennent de Belgique, 20% de France et 5% de Chine. “Le Biodynamizer est conçu chez nous avec des matériaux nobles de haute qualité, du cuivre très pur, de l’or, de l’argent, du marbre de Carrare…”, détaille-t-il. La solution n’a que peu de concurrents en Europe. D’autres appareils similaires utilisant seulement trois à cinq principes de dynamisation. Fort de son succès, l’ex-financier poursuit avec une passion inébranlable ses recherches sur l’eau dynamisée. “Mon objectif n’est pas que commercial, je veux réhabiliter une eau vive. L’eau, c’est la base de tout et elle n’a pas fini de nous surprendre”, conclut-il.
*Calcul réalisé par Dynamized Technologies sur base d’un coût moyen de bouteilles d’eau d’environ 130 euros/mois pour une famille de 5 personnes avec une consommation de 1,5L/personne/jour.
La société Dynamized Technologies mentionne trois analyses principales pour valider sa technologie:
• L’analyse Buildwise (traitement du calcaire)
• L’analyse SGS (tension superficielle de l’eau dynamisée)
• L’analyse électrophotonique (Pr Marc Henry & Dr Michel Van Wassenhoven)
Toutes les analyses et études sont consultables sur le site de la société.