Cartoonbase renforce son activité de conseil en narration visuelle

Une partie de l’équipe de direction de Cartoonbase. Emilie Maquet, Antoine Gourévitch, Thomas Doutrepont, Martin Saive et Quentin Renson. © PG
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Présenter une vision sans visuel est antinomique, souligne le patron de Cartoonbase, Thomas Doutrepont, qui s’inspire notamment d’Ideo, la grande agence américaine qui a popularisé le “design thinking”.

Depuis huit ans, Cartoonbase vit sa vie d’agence créative spécialisée dans le “storytelling visuel”. La société, fondée au départ en 2000 par Luc de Brabandere comme base de données de cartoons, avait en effet revu de fond en comble son modèle d’affaires en 2016 pour se spécialiser dans la narration visuelle – vidéos, cartoons, sites web, BD, jeux, etc. – à destination des entreprises et des organisations.

Un changement piloté par un duo, Thomas Doutrepont (directeur général) et Martin Saive (directeur de la création). Un duo, qui a fait de Cartoonbase une entreprise affichant un chiffre d’affaires de près de 5 millions d’euros. Cartoonbase occupe aujourd’hui une cinquantaine de personnes et s’est déployée en dehors de la Belgique, avec un bureau à Lausanne et un autre à Paris.

Équipe renforcée

Mais l’actualité, c’est l’arrivée prochaine d’Antoine Gourévitch, senior partner du Boston Consulting Group (BCG) à Paris. Ce dernier viendra renforcer l’équipe en place composée, aux côtés de Thomas Doutrepont et Martin Saive, de Quentin Renson (qui supervise la stratégie de l’agence), Emilie Maquet (directrice des opérations), Marguerite Janssens (branche apprentissage) et Kirstin Wulczyn (gestion du changement).

Après avoir passé une trentaine d’années chez BCG, Antoine Gourévitch est en train de le quitter pour d’autres projets. Parmi ceux-ci, il y a Cartoonbase. Son arrivée au sein de l’équipe de direction devrait permettre à l’agence bruxelloise de poursuivre son développement dans la niche très particulière qu’elle s’est taillée, celle du conseil en narration visuelle.

“L’écrasante majorité des agences de communication interviennent après qu’une entreprise a défini sa stratégie, observent Thomas Doutrepont et Martin Saive. Le plan stratégique a été conçu, il faut le communiquer. Cependant, on observe que dans cette communication, il y a toujours des frictions, des éléments qui se perdent… Nous, nous essayons de synchroniser les deux moments : nous faisons travailler ensemble des consultants et des créatifs sur le parcours de changement, d’innovation, d’apprentissage d’une entreprise. Cela permet d’intégrer les employés et les parties prenantes, et d’être plus juste, plus inclusif, plus humain. Car les images et les dessins véhiculent des émotions, au contraire de la froideur d’un PowerPoint.”

“Présenter une vision sans visuel est antinomique, poursuit Thomas Doutrepont. Il est très difficile d’être en phase avec quelque chose qu’on ne voit pas. Notre but est donc d’aider les gens à avoir une représentation systématique et commune autour d’une problématique.”

Design thinking

Un exemple ? “Nous avons travaillé sur la raison d’être de Spadel, explique Martin Saive. Pour clarifier cette vision, nous avons interrogé de très nombreuses personnes. Nous , organisé des ateliers avec les employés, les clients, les ouvriers et nous avons publié un manifesto pour expliquer ce travail.”

Chez Cartoonbase, cette activité de conseil était moins importante que l’activité de communication. “Mais nous avons envie de pousser le curseur et de travailler sur des projets qui permettent vraiment aux entreprises de se transformer, parce que c’est notre vision : des dessins pour changer le monde. Une vision inspirée de celle d’Ideo, la célèbre entreprise de design américaine qui a popularisé le design thinking“, souligne Thomas Doutrepont.

Ideo est à l’origine du premier assistant personnel, de la première souris d’Apple, du premier ordinateur dont l’écran se rabattait sur le clavier. Sa méthode consiste à comprendre les besoins des utilisateurs, générer un maximum d’idées créatives, créer des versions simplifiées, des solutions possibles et puis les tester avec les utilisateurs. L’ambition de Cartoonbase est de faire la même chose dans la création de produits. Sans oublier son objectif d’aider les entreprises dans leur processus de transformation.

Un objectif totalement partagé par Antoine Gourévitch. “Cartoonbase est une pépite, dit-il. Je suis impressionné par ce que cette société, encore assez modeste, est parvenue à réaliser. Par les clients qu’elle est parvenue à attirer.” La liste de références de l’agence comprend en effet du beau monde : le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, le MIT de Boston, Engie, Solvay, Telenet, Renault, etc.
Cartoonbase se déploie aujourd’hui autour de quatre activités :

  • une branche spécialisée dans l’apprentissage,
  • une dans la gestion du changement,
  • une dans l’innovation et bien sûr la communication.

“Ces activités sont très complémentaires, constate Antoine Gourévitch. Les sociétés que nous voulons aider ont besoin de définir ce que sera le changement qu’elles projettent et comment le gérer. Il leur faut une plateforme pour mettre ce changement en place, pour le communiquer. Et puis s’ajoute une dimension d’apprentissage. Comment former les gens, comment définir de nouvelles compétences ?”

Cartoonbase se déploie aujourd’hui autour de quatre activités : l’apprentissage, la gestion du changement, l’innovation et la communication.

Nouveau langage

“J’ai une conviction très forte. Les cartoons, la bande dessinée constituent un excellent moyen de faire passer des idées qui sont souvent un peu génériques, un peu complexes, poursuit l’ancien partenaire du BCG. L’armée américaine l’avait compris. Pendant la guerre de Corée, elle avait engagé Will Eisner, le célèbre dessinateur de comics, pour réaliser des BD sur la maintenance du matériel. J’ai travaillé comme consultant sur des projets digitaux. Typiquement, on commence par une présentation de 10 pages, un peu vague, promettant des gains financiers importants en mettant en œuvre, par exemple, des offres personnalisées et une chaîne d’approvisionnement efficace. Pour réaliser tout cela, on explique qu’il faudra un nouveau logiciel, sortir des données, ‘customiser’ les algorithmes. Un intégrateur informatique intervient. Il va rédiger 2.000 pages très détaillées, que très peu vont lire parce qu’elles sont arides et complexes.”

Entre ces deux extrêmes, il manque un chaînon. Un document qui va permettre aux acteurs de ce changement de saisir en quoi il consiste. Et quelle sera leur place dans celui-ci. Une bande dessinée est un outil idéal pour réaliser ce chaînon manquant. “Elle permet de visualiser les changements nécessaires, affirme Antoine Gourévitch. Si nous arrivons à inventer ce nouveau langage et à en faire un standard, ce serait une contribution importante à la vie des entreprises. Car les gens qui y travaillent sont intelligents et ils veulent bien faire. Mais ils sont souvent contraints par des systèmes un peu compliqués, qui produisent des indicateurs contradictoires, et font travailler en silo, etc. La bande dessinée permet de faire très bien ressortir tous ces paradoxes.”

“Cette approche, qui clarifie le processus et les rôles de chacun, permet souvent de réaliser les objectifs financiers avec moins d’investissements et plus rapidement, en rendant les objectifs plus clairs pour tous les participants”, conclut Antoine Gourévitch.

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