Le laboratoire allemand BioNTech, mondialement connu pour son vaccin contre le Covid-19, a annoncé jeudi le rachat de son concurrent CureVac pour environ 1,25 milliard de dollars (1,08 milliard d’euros). Cette acquisition vise à renforcer ses capacités de recherche en oncologie, notamment dans le domaine de l’ARN messager (ARNm).
Les conseils d’administration des deux entreprises, toutes deux basées en Allemagne, ont approuvé la transaction, selon un communiqué commun. BioNTech absorbera intégralement CureVac, qui deviendra une filiale à 100 %. L’opération, soutenue par l’État allemand via la banque publique KfW (actionnaire à 13,3 % de CureVac), devrait être finalisée d’ici fin 2025, sous réserve des autorisations réglementaires.
Unir leurs forces sur l’ARNm contre le cancer
Ce rapprochement, inattendu, réunit deux pionniers de la technologie ARNm dans le but de développer ensemble de nouvelles immunothérapies contre le cancer. L’ARN messager, qui transmet aux cellules les instructions génétiques pour produire des protéines, est perçu comme une avancée prometteuse en médecine, bien au-delà des vaccins.
« Cette transaction est un jalon important dans notre stratégie de traitement du cancer par ARNm », a déclaré Uğur Şahin, le PDG et co-fondateur de BioNTech.
Les actionnaires de CureVac recevront des actions BioNTech avec une prime de 55 % par rapport au cours moyen des trois derniers mois. Les deux entreprises sont cotées au Nasdaq, la Bourse américaine des technologies.
Une rivalité transformée en alliance
Fondée en 2008 à Mayence, BioNTech s’est imposée sur la scène mondiale grâce à son vaccin à ARNm contre le Covid-19 développé avec Pfizer, devenant une figure centrale de la lutte contre la pandémie.
De son côté, CureVac, créé en 2000 par le chercheur Ingmar Hoerr, avait été l’un des premiers à parier sur l’ARNm. Mais son premier candidat-vaccin contre le Covid-19 avait été abandonné en 2021 pour cause d’efficacité insuffisante. L’entreprise s’était alors recentrée sur un vaccin de deuxième génération, en partenariat avec le britannique GSK.
Fait notable : en 2022, CureVac avait attaqué BioNTech en justice pour violation de brevets liés à la technologie ARNm. Le litige, toujours en cours devant un tribunal allemand, n’a pas empêché les deux laboratoires de sceller aujourd’hui leur union stratégique.