Belgique : plus de faillites, moins de créations d’entreprises

Pascal Flisch RESEARCH & DEVELOPMENT MANAGER - Trends Business Information

Au premier semestre 2025, la dynamique entrepreneuriale en Belgique montre des signes d’essoufflement : les créations d’entreprises reculent, les cessations d’activité diminuent légèrement, mais les faillites repartent à la hausse. Certains secteurs comme la construction et le transport sont particulièrement touchés, tandis que l’agriculture connaît un rebond inattendu.

Pour commencer par le sujet qui fâche, disons que les statistiques des faillites sont contrastées après ce premier semestre 2025. Avec 6.041 jugements, on dépasse de 2,55% les chiffres de 2024 à la même époque (5.868). Même si juin 2025 est en dessous des chiffres de 2024 avec 1.070 jugements contre 1.121 en 2024, les mois d’avril (1.015) et de mai (935) ont été bien plus mauvais que l’année passée. En conséquence, le trimestre traduit une dégradation générale des statistiques.

C’est particulièrement le cas en Région Flamande, où les chiffres se sont dégradés tout le printemps. Elle finit le trimestre avec 1.821 faillites, contre 1.643 l’année passée. La Région Wallonne fait par contre mieux, avec 669 jugements contre 720 en 2024. Bruxelles reste stable avec 528 jugements contre 515 en 2024.

Les secteurs les plus touchés du semestre viennent sans surprise de la construction. Les secteur tire la sonnette d’alarme depuis des mois et n’est pas très optimiste pour ceux qui viennent. Quelques sous-secteurs, en forte augmentation sur 3 ans illustrent parfaitement le problème :

Sous-secteurS1 2023S1 2024S1 20252025 vs 2023
41201 – Construction générale de bâtiments résidentiels262305383+46,18%
43211 – Travaux d’installation électrotechnique de bâtiment77114135+75,32%
43910 – Travaux de couverture557889+61,82%
43999 – Autres activités de construction spécialisées124148169+36,29%

Pour le transport, la situation continue aussi à se dégrader, particulièrement pour :

Sous-secteurS1 2023S1 2024S1 20252025 vs 2023
49320 – Transports de voyageurs par taxis       242541+70,83%
49410 – Transports routiers de fret164174193+17,68%

Sans dire que le secteur se rétablit complètement, l’horeca se stabilise. Même si c’est encore à un haut niveau, c’est une bonne nouvelle en soi :

Sous-secteurS1 2023S1 2024S1 20252025 vs 2023
56101 – Restauration à service complet330304323-2,12%
56102 – Restauration à service restreint338367322-4,73%
56301 – Cafés et bars  264305268+1,52%

En parallèle des faillites, les jugent utilisent la dissolution judiciaire pour mettre un terme à la vie des entreprises zombies, en retard aggravé de publication de leurs comptes annuels. On constate cependant un certain essoufflement de la mesure :

Année20252024202320222021
1er semestre2.9443.4643.5523.7243.821

Il ne faut cependant pas trop vite tirer la conclusion que les entreprises sont maintenant plus promptes à publier leurs comptes annuels. A ce jour, ± 20% d’entre elles sont en (très léger) retard de publication. Mais la situation s’assainit peu à peu et la mesure fait son effet.

Les starters

On doit, de manière générale constater un essoufflement du côté des nouvelles entreprises. Même si les chiffres sont loin d’être stabilisés, on en est aujourd’hui à 64.762 pour ce 1er semestre. On restera donc loin des 71.895 de l’année passée. On se consolera en se disant que 2024 était exceptionnel et qu’on se stabilise autour des chiffres de 2022 (64.894) et 2023 (69.973). Le plus gros tassement des chiffres vient des entreprises internationales, avec 2.646 nouvelles installations, contre 6.749 en 2024. Mais ces chiffres-là étaient réellement exceptionnels.

Quelques secteurs se démarquent positivement :

Sous-secteurS1 2023S1 2024S1 20252025 vs 2023
01500 – Culture et élevage associés   342314560+63,74%
47110 – Commerce de détail en magasin non spécialisé à prédominance alimentaire1210168+1.300%
47299 – Autres commerces de détail alimentaires en magasin spécialisé n.c.a.           7986863+992,40%

Pour ce qui est de l’agriculture, c’est un rebond assez remarquable, qui va casser la courbe négative constatée depuis des années. Espérons que ce ne soit pas un feu de paille. A confirmer donc.

Du côté du commerce alimentaire, il faut simplement y voir l’effet de la « franchisation » du secteur. Cela multiplie les entreprises, mais pas les points de ventes.

Par contre, beaucoup d’autres secteurs sont par contre en perte d’attractivité :

Sous-secteurS1 2023S1 2024S1 20252025 vs 2023
41201 – Construction générale de bâtiments résidentiels       1.6731.6261.169-30,13%
43211 – Travaux d’installation électrotechnique de bâtiment1.248986783-37,26%
47910 – Vente à distance1.6041.889859-46,45%
56101 – Restauration à service complet650653566-12,92%
56102 – Restauration à service restreint928920780-15,95%
56210 – Services des traiteurs350398269-23,14%
62020 – Conseil informatique1.4111.4351.081-23,39%

On le voit ici clairement, les grand secteurs restent grand pourvoyeurs de nouvelles entreprises, mais on ne s’y lance nettement moins  « légèrement » qu’avant. Ce n’est pas forcément négatif, si la qualité prime sur la quantité. Mais cela ne peut pas s’accentuer et il doit aussi être confirmé. A surveiller donc.

Les arrêts d’activités

Avec 49.232 arrêts d’activités à ce jour, 2025 marque aussi une pause par rapport à 2024 (56.528) et 2023 (53.081).

Tous les secteurs connaissent la même tendance. Il y a donc une certaine stabilisation de la population des entreprises du pays. Heureusement, les chiffres restent positifs et la population globale croît encore de 15.530 nouvelles entreprises, même si le commerce alimentaire booste artificiellement les chiffres de +/- 900 unités en ce premier semestre 2025.

Conclusions

Moins de starters, moins d’arrêts, mais plus de faillites. Le commerce alimentaire crée des entreprises, mais sans réelle augmentation des points de ventes. Les sociétés étrangères nous boudent un peu. Vous l’aurez peut-être remarqué, mais aucune mention n’est faite dans cet article de l’industrie. Les chiffres sont tout simplement atones, alignés avec ceux, déjà moroses des années précédentes…

Et si, pour la première fois depuis longtemps, c’était l’agriculture qui nous donnait le sourire ?

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