Barry Callebaut reprend des couleurs grâce au prix du cacao
La forte augmentation du prix du cacao a poussé le chiffre d’affaires de Barry Callebaut de 11,1% à la hausse, à 4,6 milliards de francs suisses (4,69 milliards d’euros) lors du premier semestre de l’exercice fiscal décalé du chocolatier. En monnaies locales, la croissance atteint 19,6%, indique l’entreprise suisse mercredi.
Durant le premier semestre, clôturé fin février, Barry Callebaut a vu le prix de sa principale matière première augmenter d’environ 2.900 livres sterling par tonne à quelque 5.200 livres (plus de 6.000 euros). Depuis, les fèves de cacao s’échangent même à plus de 8.200 livres la tonne.
Une situation inédite, selon Peter Feld. Une maigre récolte pendant la saison principale (d’octobre à mars) en raison de conditions météorologiques défavorables en Afrique de l’Ouest a fait naître des craintes de pénurie. La Côte d’Ivoire et le Ghana sont en effet les plus grands exportateurs de fèves de cacao. En outre, selon le CEO de Callebaut, “de grands acteurs industriels ont attendu très très longtemps pour commander” et les spéculateurs n’ont rien arrangé à la situation.
Avantage concurrentiel significatif
Barry Callebaut dispose cependant de suffisamment de réserves. “Nous avons assez de fèves”, a insisté M. Feld. “Nous disposons d’un avantage concurrentiel significatif en matière d’achat de matières premières. Nous avons des milliers d’employés sur place dans les pays où nous nous approvisionnons. C’est notre force”, a souligné le CEO.
Le groupe chocolatier voit même une opportunité dans l’actuelle “perturbation du marché”, a enchéri son directeur financier Peter Vanneste. “C’est une chance stratégique pour Barry Callebaut de grappiller des parts de marché si nous exploitons nos atouts”, a pointé le Belge.
De plus en plus de transformateurs se tournent vers le groupe suisse pour du “chocolat de dernière minute”, a observé M. Feld. “Nous devons le faire de la bonne manière. Nous aiderons là où nous le pouvons mais nous avons aussi des obligations envers d’autres clients disposant de contrats à long terme, que nous devons d’abord approvisionner.”
Hausse des prix des fèves
La hausse des prix des fèves de cacao, si elle a porté le chiffre d’affaires du groupe au premier semestre à 4,6 milliards de francs suisses (+11,1%), a tout de même entraîné un flux de trésorerie disponible négatif de plus de 1,1 milliard de francs suisses (1,12 milliard d’euros). Le chocolatier a dès lors dû se mettre à la recherche de financements, ce qui a fait croître sa dette nette à 2,6 milliards de francs (+ 1 milliard). Peter Vanneste souligne néanmoins que les fèves de cacao en réserve chez Callebaut valent bien plus. “Si l’on prend cela en compte, la dette nette ajustée est inférieure à celle de l’année dernière”, pointe le directeur financier.
Le groupe suisse s’attend en outre à ce que les prix élevés du cacao ne se maintiennent pas à moyen terme. “Ce qui augmente rapidement redescend tout aussi vite”, selon le CEO Peter Feld.
Le directeur financier Peter Vanneste ajoute que les récoltes de la mi-saison (d’avril à septembre) semblent en outre se dérouler normalement. La hausse des prix se répercutera progressivement sur les producteurs de cacao en Afrique de l’Ouest, qui pourront ainsi investir davantage dans des engrais et nouvelles plantes, selon lui. “Davantage de stocks reviendront sur le marché, ce qui corrigera les prix à moyen terme”, analyse-t-il.
Hausses de prix que de “3 à 8%”
Par ailleurs, Barry Callebaut – qui ne fournit qu’aux entreprises – estime que les prix du cacao n’entraîneront des hausses de prix que de “3 à 8%” des produits finis destinés aux consommateurs. “Naturellement, cela dépend du pourcentage de chocolat dans le produit”, pointe M. Feld. L’impact est donc bien moindre que celui de la récente inflation, souligne le groupe. “Entre 2021 et 2023, les prix ont crû de 20% tandis que les volumes sont restés stables”, relève le directeur financier.
En février dernier, la multinationale a fait part de son intention de réduire ses coûts de 250 millions d’euros pendant deux ans et de supprimer 2.500 emplois dans le monde. En Europe, elle prévoit de licencier 700 personnes, dont 500 en Belgique.
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