Baromètre entrepreneurial wallon 2025: le triple défi des PME wallonnes

© Illustration réalisée par une intelligence artificielle (chatgpt ®) - crédit : Roularta Media Group

Menée cet été en collaboration avec Moore Belgium et l’OECCBB auprès d’entreprises wallonnes, l’enquête du baromètre TPE/PME 2025 a permis d’évaluer le climat de confiance actuel des dirigeants, d’identifier leurs défis et de déterminer leurs priorités. Et de fournir des résultats riches d’enseignements.

Si elles ne sont pas nécessairement les entreprises les plus visibles dans notre paysage économique, les PME et TPE sont pourtant celles qui constituent l’essentiel de celui-ci. Au total, elles représentent plus de 98% du tissu entrepreneurial. La majorité d’entre elles compte moins de 10 employés, et pour beaucoup aucun – 90% des nouvelles créations concernent des PME sans employés. En 2023, la Belgique recensait près de 1,3 million de PME actives dont plus de 326.000 en Wallonie. Ces quelques chiffres illustrent et confirment leur poids dans notre économie.

Le baromètre entrepreneurial wallon, réalisé en collaboration avec le cabinet d’expertise comptable et de conseil Moore Belgium ainsi que l’Ordre des Experts-Comptables et Comptables Brevetés de Belgique (OECCBB), a permis d’évaluer le climat de confiance actuel des dirigeants, de PME et TPE, d’identifier leurs défis et de déterminer leurs priorités.

Infographie – Poids des PME et TPE en Belgique

Le poids des PME et TPE dans l’économie belge

Les PME et TPE constituent l’essentiel du tissu entrepreneurial belge. Ces quelques chiffres illustrent leur importance dans notre économie.

98%
des entreprises belges sont des PME ou TPE
90%
des nouvelles créations sont des PME sans employés
1,3 million
de PME actives en Belgique en 2023
326 000+
PME en activité en Wallonie

Source : Statistiques économiques – Belgique, 2023

Du climat entrepreneurial aux perspectives

Ce baromètre aborde les thématiques suivantes :

  • le climat général de l’entrepreneuriat et la santé financière des entreprises,
  • les grands défis auxquels les entreprises sont confrontées,
  • le rôle des partenaires experts-comptables et conseils dans l’aide et l’accompagnement à relever ces défis et les perspectives,
  • ainsi que la confiance en l’avenir des entrepreneurs.

Ces différents sujets ont été traités dans un premier temps avec les dirigeants de PME et TPE. Et dans un second temps avec les experts-comptables. Au final, leurs réponses se complètent. Tous partagent une vision réaliste tant de la santé de leur entreprise que du climat économique général. Par ailleurs, ils sont également pleinement conscients des défis que les entreprises, notamment dans la transformation digitale, sont et seront amenées à relever dans l’avenir. Un avenir qu’ils abordent avec une confiance mesurée, mais de manière globalement positive pour plus de la moitié d’entre eux.

Sans dévoiler les résultats du baromètre que vous pouvez découvrir en supplément de cette édition, on peut cependant déjà en tirer quelques tendances. En ce qui concerne le climat entrepreneurial en Wallonie, les patrons de PME le considèrent seulement, pour un cinquième des répondants, comme positif alors que deux cinquièmes le perçoivent négativement. Un résultat qui contraste avec l’évaluation qu’ils donnent de la santé financière de leur entreprise. Plus de la moitié l’estime plutôt bonne, voire très bonne, pour moins de 20% plutôt mauvaise, voire très mauvaise.

L’environnement international joue clairement un rôle dans la vision relativement pessimiste des chefs d’entreprise que l’on note dans notre enquête. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le conflit entre la Russie et l’Ukraine ou encore la situation au Moyen-Orient sont quelques-uns des facteurs qui concourent à ce climat relativement morose.

Trois grands défis actuels

“Nous ressentons cet état d’esprit également au sein de notre clientèle, confirme Olivier Bottequin, managing partner accountancy sud chez Moore Belgium. Beaucoup de personnes s’interrogent. Nous sortons d’années avec une certaine stabilité économique, tout au moins en termes d’échanges à travers le monde. L’instabilité actuelle, créée notamment par la position américaine, suscite beaucoup de doutes et de points d’interrogation dans l’esprit des entrepreneurs.”

Si depuis l’enquête menée cet été, la situation entre les États-Unis et l’Europe s’est détendue, il n’en demeure pas moins que l’actualité internationale charrie chaque jour son lot d’incertitude. Une incertitude qui est le cauchemar de tout entrepreneur.

Depuis la pandémie du début de cette décennie, les crises se sont multipliées et n’ont pas épargné les entreprises. Sans surprise, le premier défi auquel les PME et TPE sont confrontées actuellement est la hausse des coûts de l’énergie, des matières premières et des salaires. Le deuxième s’inscrit également dans la période quelque peu bouleversée que nous traversons. Il s’agit de l’évolution du comportement des clients et de la pression concurrentielle. Le troisième est celui qui était déjà présent avant ces crises et le sera sans doute après: les difficultés à trouver et recruter des talents.

“Dénicher les profils qualifiés et motivés, c’est déjà compliqué, mais les retenir aujourd’hui, c’est encore plus difficile, souligne Gérald Jacqmin, partner conseil chez Moore Belgium. Les jeunes professionnels aujourd’hui cherchent non seulement un emploi stable, mais aussi un environnement de travail stimulant, flexible et en accord avec leurs valeurs.”

Priorités stratégiques et numériques

Parmi les priorités stratégiques pointées par les dirigeants figurent la réduction des coûts et l’amélioration de l’efficacité opérationnelle, l’augmentation du chiffre d’affaires et des parts de marché, et le recrutement. Des priorités qui correspondent parfaitement aux réponses à apporter aux défis qu’ils ont identifiés. S’ajoutent l’innovation ainsi que l’accélération de la digitalisation et de l’automatisation. En ce qui concerne ce dernier point, on note que 68% des entreprises ont investi dans ces priorités, 32% ne l’ont pas fait. Parmi ces dernières, une moitié prévoit cependant de le faire.

“Les PME qui seront digitalisées bénéficieront d’un gain d’efficacité, d’une meilleure gestion des données et d’une automatisation des tâches répétitives, ajoute Gérald Jacqmin. Elles pourront alors consacrer plus de temps à la créativité et ainsi apporter davantage de valeur ajoutée à leurs clients.”

“Les PME qui seront digitalisées bénéficieront d’un gain d’efficacité, d’une meilleure gestion des données et d’une automatisation des tâches répétitives.” – GÉRALD JACQMIN (MOORE BELGIUM)

“La transition numérique est un domaine où nous accompagnons fortement nos clients, intervient Emmanuel Degrève, président de l’OECCBB. D’autant plus que celle-ci touche directement notre secteur. Maintenant, on ne peut réduire notre rôle à de l’encodage comme cela peut être perçu par des gens extérieurs. Les clients qui font appel à nos services demandent bien davantage. Leur niveau d’exigence a ainsi fortement augmenté avec la digitalisation, et c’est logique puisqu’aujourd’hui, le client peut avoir accès immédiatement à une série d’informations.

Notre rôle ne s’est pas affaibli, mais le métier est devenu plus difficile. Enfin, par rapport à la digitalisation, on doit également se poser des questions qui dépassent l’aspect technologique. Comme la souveraineté numérique, ainsi que la protection et l’usage de données qui sont aujourd’hui stockées dans le cloud.”

“Les clients qui font appel à nos services demandent bien davantage que de l’encodage. Leur niveau d’exigence a fortement augmenté avec la digitalisation.” – EMMANUEL DEGRÈVE (OECCBB)

Partenariat et accompagnement

Des résultats du baromètre ressort, tant du côté des entreprises que du côté des experts-comptables, que le partenaire privilégié pour accompagner le dirigeant d’entreprise non seulement dans la transition numérique, mais également dans de multiples domaines, est l’expert-comptable et/ou le fiscaliste. Il est plébiscité par 81% des répondants, devant le conseiller juridique et/ou l’avocat (35%), et l’audit/révisorat (15%). Le comptable est souvent le premier conseiller de l’entreprise, comme le souligne Olivier Bottequin.

Infographie – Partenaires privilégiés des dirigeants

Partenaires privilégiés des dirigeants d’entreprise

Le partenaire privilégié pour accompagner le dirigeant d’entreprise reste l’expert-comptable et/ou le fiscaliste.

Expert-comptable et/ou fiscaliste
81%
Conseiller juridique et/ou avocat
35%
Audit et/ou révisorat
15%

Source : Baromètre 2025 – Perception des dirigeants et experts-comptables

“Les patrons nous consultent en premier lieu quand ils sont confrontés à un problème. Nous sommes présents pour les aider à voir clair. L’expert-comptable aide à lire les chiffres, mais pas seulement. Il aide aussi le chef d’entreprise à lire plein d’autres choses afin de trouver des solutions qui sont essentielles par rapport à son entreprise, mais pas nécessairement directement liées à son core business. Le patron de PME doit développer des services ou des produits. Mais il doit aussi dénicher les bonnes personnes pour le faire, trouver de nouveaux clients, prospecter de nouveaux marchés, etc. Bref, il doit faire évoluer son business. C’est souvent par l’expert-comptable que cela passe car il connaît bien son client et ses besoins.”

“Les patrons nous consultent en premier lieu quand ils sont confrontés à un problème. Nous sommes présents pour les aider à voir clair.” – OLIVIER BOTTEQUIN (MOORE BELGIUM)

La digitalisation croissante permet d’apporter davantage de conseils proactifs et personnalisés aux clients indépendants et PME. Aujourd’hui, plus que jamais, le comptable accompagne son client tout au long de la vie de l’entreprise, de la création à la transmission, et au-delà.

Un accompagnement externe

Dans notre enquête, lorsque l’on évoque les mesures prises par le gouvernement fédéral pour lesquelles les dirigeants pensent avoir besoin d’un accompagnement externe, ce sont

  • les obligations liées à la facturation électronique qui dominent (47%).
  • Suivent les mesures de simplification administrative (33%),
  • le rehaussement du salaire minimum pour bénéficier du taux réduit à l’ISOC (28%) et
  • la réforme de la réserve de liquidation (28%).
Infographie – Mesures gouvernementales

Mesures gouvernementales nécessitant un accompagnement externe

Selon notre enquête, voici les domaines où les dirigeants estiment avoir besoin d’un soutien externe.

Obligations liées à la facturation électronique
47%
Mesures de simplification administrative
33%
Rehaussement du salaire minimum pour bénéficier du taux réduit à l’ISOC
28%
Réforme de la réserve de liquidation
28%

Source : Enquête auprès des dirigeants d’entreprise – Données 2025

La facturation électronique participe pleinement de la transition numérique et de l’avènement tant annoncé d’une société paperless. Raison de plus pour que les entreprises accélèrent leur digitalisation. Et qu’elles exploitent les nouvelles opportunités commerciales et d’optimisation des coûts qu’offre l’IA.

“Pour rester performantes, les PME doivent considérer l’investissement technologique non comme un coût, mais comme une nécessité”, conclut Gérald Jacqmin.

Retrouvez le décryptage complet du Baromètre entrepreneurial wallon 2025 dans le supplément joint à notre magazine cette semaine.

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