Avec une empreinte carbone de 28.000 tonnes de CO2, l’objectif zéro carbone pour 2030 semble “intenable” pour Spa-Francorchamps

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Le circuit de Spa-Francorchamps a toujours déchaîné les passions : il a ses irréductibles supporters, fans de F1, et ses détracteurs qui le trouvent sale, bruyant et surtout tellement polluant. Qui a tort ? Qui a raison ? On ne réconciliera sans doute jamais les deux camps.

A l’approche du Grand Prix de Belgique, le magazine bimestriel Imagine publie une enquête sur les aspects économiques et environnementaux du circuit de Spa-Francorchamps. Commençons par l’empreinte carbone du Grand Prix de Formule 1 de Belgique, soit 28.000 tonnes de CO2 (empreinte totale, tenant compte des émissions directes et indirectes). “Or, ces émissions ne sont pas prises en compte par les bilans carbone de la Formula One Management (FOM), qui chapeaute les 23 Grands Prix de F1”, souligne le magazine, qui a calculé cette empreinte à l’aide d’un consultant.

À titre de comparaison, l’empreinte carbone par habitant et par an est de 9,4 tonnes de CO2 en Wallonie, 11,1 tonnes en Flandre et 9,9 tonnes à Bruxelles, selon des données publiées en janvier par le Bureau fédéral du plan.

Imagine estime que l’objectif net-zéro carbone promis d’ici 2030 par les responsables de la Formula One Management et du Grand Prix de Belgique est “intenable”. Une experte interrogée par Imagine souligne notamment que la F1 a choisi la compensation carbone “sans démontrer la mise en place d’un plan de réduction” de ses émissions. 

Permis d’environnement

Imagine s’est ensuite penché sur le permis d’environnement délivré au circuit. C’était en 2012, après concertation avec les riverains et l’exploitant du circuit, un permis d’environnement avait été délivré à la mi-avril par Philippe Henry (Ecolo), alors ministre wallon de l’Environnement, et ce pour une durée de 20 ans.

Ce permis avait été octroyé afin de trouver un “juste équilibre entre intérêts économiques et préservation environnementale”, mais aussi le respect des riverains. Il devait donc encadrer les activités du circuit pour limiter ses impacts directs. Les responsables du circuit déclarent le suivre à la lettre, mais les journalistes en charge de l’enquête soulignent qu'”aucun rapport environnemental permettant de comprendre l’état de mise en œuvre de ces impositions n’a été rendu public depuis lors.” 

Bien évidemment, le Grand Prix de Belgique a des retombées financières. Une étude de Deloitte, qui porte sur l’évaluation des retombées économiques générées par le Grand Prix de Formule 1 de Belgique à Spa-Francorchamps, a été réactualisée mi-octobre 2022, à la demande du Ministre de l’Économie, Willy Borsus. « Nous en étions convaincus et nous en avons à nouveau la démonstration, soulignait Willy Borsus, le Grand Prix de Formule 1 de Belgique est créateur de valeur pour la Wallonie et son économie. Cet événement majeur génère plus/près de 41,8 millions d’euros de retombées financières pour notre Région, et ce, déduction faite de l’intervention du Gouvernement qui vise à couvrir le coût annuel qui, par ailleurs, est en baisse constante ces dernières années. Au total, cela revient au retour suivant : un euro investi rapporte 9,67 euros de valeur ajoutée en Belgique, dont 7,33 euros pour la Wallonie. »

Un chiffre que Imagine ne semble pas contester, mais le magazine questionne pourtant la méthodologie du rapport, commandité par les gestionnaires de Spa Grand Prix, et fustige le fait que ce document soit confidentiel.

Aspect financier et avenir

Maintenir et développer l’activité à Spa-Francorchamps a un coût. Lors de son enquête,  Imagine a voulu calculer ces coûts et estime qu’au moins 190 millions d’euros ont été alloués par les pouvoirs publics en deux décennies. “La forme de ces aides est critiquée par la Cour des Comptes et la Cellule d’informations financières de la Région wallonne”, explique le média spécialiste des questions environnementales. 

Quant à l’avenir de ce circuit, si jamais un jour le Grand Prix ne devait plus y avoir lieu, il divise tout autant. Si certains estiment qu’il est grand temps de songer à y interdire les courses de F1. C’est notamment le cas de Jean-Michel Decroly (docteur en sciences géographiques et professeur à l’ULB), cité par le bimestriel : “A l’heure des changements climatiques, si la Région wallonne voulait faire un test fort avec le circuit, ce serait de commencer par ne plus y organiser de Grand Prix de Formule 1 et de réfléchir à sa transformation pour en faire autre chose qu’un lieu de valorisation de l’automobile à tout crin.”

D’autres considèrent que le circuit comporte une infrastructure remarquable, mais rejoignent les premiers en pensant qu’il est temps de l’occuper autrement qu’au travers un projet d’économie post-carbone.

Le prochain Grand Prix de Belgique aura lieu le 30 juillet.

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