Augmentation des chèques-repas : les PME wallonnes traînent les pieds, les Bruxelloises plus enthousiastes

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Virginie Moriaux

L’idée d’augmenter la valeur maximale des chèques-repas à 10 euros en 2026 divise les PME belges : les entreprises bruxelloises se montrent globalement favorables tandis que les Wallonnes hésitent encore. Pourquoi certaines PME refusent-elles encore d’offrir cet avantage devenu quasi incontournable ?

À l’heure où le gouvernement fédéral encourage la hausse à 10 euros, la Belgique des PME se révèle contrastée. Là où Bruxelles y voit un moyen d’attirer et de fidéliser les talents, la Wallonie et une partie de la Flandre redoutent surtout la pression sur leurs coûts.

Une différence de perception qui illustre combien le tissu économique régional reste diversifié. Et combien la générosité patronale dépend souvent moins des convictions que des marges de manœuvre.

Afin de se rendre compte des écarts entre les Régions, SD Worx a réalisé un sondage auprès de 523 PME belges. 

Un avantage bien ancré

Les chèques-repas restent l’avantage extralégal préféré des travailleurs belges, et en moyenne trois PME sur quatre les proposent déjà. Néanmoins, leur présence varie encore selon les régions. En Wallonie, 78 % des PME les proposent à leurs collaborateurs, contre 75 % en Flandre et 69 % à Bruxelles. En règle générale, plus une entreprise compte de travailleurs, plus la probabilité d’en bénéficier augmente.

Chèques-repas par région

Part des PME offrant des chèques-repas (par région)

« Les chèques-repas sont bien ancrés dans les PME, constate Tulay Kasap de SD Worx.. Les employeurs utilisent généralement le système à fond : on le voit au nombre élevé d’employeurs qui offrent le montant maximal. C’est une manière simple et fiscalement avantageuse d’offrir un plus à leurs travailleurs ».

En effet, la grande majorité des employeurs optent pour le montant maximal de 8 euros, exploitant au mieux le cadre légal actuel. Cela témoigne d’une volonté d’optimiser les avantages sociaux, sans forcément aller au-delà des seuils en vigueur. Pourtant, la perspective d’une hausse à 10 euros dès 2026 ne suscite pas le même engouement partout.

Un enthousiasme inégal entre régions

À Bruxelles, près de la moitié des PME (47 %) se disent prêtes à franchir le pas, contre seulement 38 % en Wallonie.

Dans la capitale, un quart des entreprises (26 %) rejette l’idée, tandis que 28 % hésitent encore. En Wallonie, la prudence domine : près d’un tiers (31 %) ne compte pas accorder cette augmentation, et un autre tiers (32 %) n’a pas encore tranché.

À l’échelle nationale, la Belgique reste divisée : 36 % des PME ne comptent pas relever le montant, tandis qu’une part similaire reste indécise.

Intention d’augmenter la valeur des chèques-repas

Intention d’augmenter la valeur à 10 € (par région)

Bien évidemment, la taille de l’entreprise fait pencher la balance en faveur ou pas de cette augmentation des chèques repas. Ainsi, les petites et les très grandes PME apparaissent légèrement plus ouvertes à l’idée de cette augmentation. Environ une sur trois prévoit une hausse, contre une sur cinq parmi les entreprises de taille moyenne.

Pourquoi certaines PME s’en passent encore ?

Reste une minorité d’entreprises qui ne distribuent aucun chèque-repas. Les raisons sont multiples, mais avant tout économiques. Abondant dans ce sens, Tulay Kasap de chez SD Worx précise: « Ceux qui n’offrent pas de chèques-repas ne le font rarement sans raison. Chaque PME fait son propre choix, en fonction de son secteur, de ses coûts, de son fonctionnement interne ou de sa préférence pour d’autres avantages. C’est parfaitement défendable. En même temps, nous constatons que ceux qui commencent à les offrir continuent généralement : c’est simple, fiscalement intéressant et très apprécié par les travailleurs ».

Voici les raisons qui font que les chèques repas ne font pas partie du package rémunérations. Un tiers des employeurs (33 %) rappelle qu’ils n’y sont pas contraints par leur commission paritaire. Près de 27 % privilégient d’autres avantages extralégaux, mieux adaptés à leur structure. Pour un quart (26 %), le problème est budgétaire : la marge financière ne permet pas d’ajouter un tel coût récurrent.

La complexité administrative constitue aussi un frein : un employeur sur huit (12 %) juge le système trop lourd à gérer. Enfin, une infime minorité (2 %) reconnaît simplement ne pas connaître les bénéfices que ces chèques peuvent apporter.

Raisons de ne pas offrir de chèques-repas

Principales raisons pour ne pas offrir de chèques-repas

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