Au coeur de la plus grande salle de réalité virtuelle d’Europe
C’est à Liège que la société Vigo Universal a installé cette infrastructure unique. HollloH est un parc d’attractions dédié à la réalité virtuelle, mais aussi un lieu original pour organiser des “team buildings“.
Plantés au milieu d’une arène futuriste, les deux adversaires se toisent, prêts à en découdre. Plus vif, le lapin lève son arme et fait feu sur le panda qui plonge s’abriter derrière des blocs lumineux. L’affrontement se déroule dans un décor de science-fiction, sorte de mélange entre Star Wars et Blade Runner. L’environnement, immense, s’étend à perte de vue. Il est entièrement virtuel. Ces deux étranges combattants sont Christophe Hermanns, CEO de Vigo Universal (le lapin) et l’auteur de cet article (le panda). Lorsque nous enlevons nos casques, nous redécouvrons les murs nus de cette salle de 600 m2, entièrement dédiée à la réalité virtuelle (VR, virtual reality). C’est le plus grand espace de ce type en Europe. Equipée de 25.000 leds faisant office de capteurs, la salle peut se transformer en cathédrale gothique, en désert californien, en tunnel autoroutier… En un clic de souris, le décor change et plonge les participants dans un nouvel univers. Pour l’instant, une douzaine de joueurs peuvent s’y affronter simultanément, mais la capacité de la salle s’étendra bientôt à 30 personnes. Là où la plupart de centres VR proposent des box individuels fermés, où les joueurs ne peuvent se déplacer que sur quelques mètres carrés, ce lieu innove avec un grand terrain multijoueurs, où les participants sont présents en même temps, se voient (sous formes d’avatars), se croisent et interagissent.
Petit bonus pour les “team buildings” : la salle de 600 m2 qui héberge les jeux d’équipes peut être virtuellement décorée aux couleurs de l’entreprise.
Mauvais timing
Cette salle immense est l’espace le plus impressionnant de HollloH, un parc d’attractions entièrement dédié à la réalité virtuelle. Les lieux, situés au Pôle Image de Liège, ont été officiellement inaugurés il y a plus d’un an mais ne sont réellement exploités que depuis fin juin dernier. Ouverts au public le 12 mars 2020, ils ont en effet été contraints de fermer sept jours plus tard, confinement oblige. Difficile de trouver pire timing. “A l’époque, nous avons dépensé pas mal d’argent dans la communication. Mais c’était le début de la crise covid et notre campagne est largement passée inaperçue”, évoque Christophe Hermanns, CEO de Vigo Universal et créateur de HollloH. L’espace a pu ouvrir timidement l’été dernier, sous de strictes conditions sanitaires, avant de refermer à nouveau ses portes en raison de la deuxième vague. Durant la crise, le patron a été contraint de se séparer d’une bonne partie de son personnel. Le relâchement récent des mesures a permis à cet acteur de l’événementiel et du divertissement de reprendre du service. Il réembauche progressivement pour assurer la période d’été, qui démarre doucement. Tous les espoirs se portent sur la rentrée scolaire et la relance des activités d’entreprises. Si le retour à la normale se précise, cette fois, ce sera la bonne. “Notre seuil de rentabilité est fixé à 25.000 personnes par an”, estime Christophe Hermanns.
Surf, zombies et course de licornes
L’espace récréatif est tourné tant vers les particuliers que vers les sociétés. Sur 1.400 m2, HollloH propose différentes attractions, toutes liées à la réalité virtuelle, une des spécialités de la société Vigo Universal. Cette entreprise basée à Namur développe des applications de VR pour les parcs d’attractions, comme l’Euro Space Center, et pour le milieu de l’événementiel. Le pavillon belge de la prochaine exposition universelle à Dubaï sera ainsi équipé d’une salle de réalité virtuelle créée par Vigo.
A Liège, la société a déployé toute une panoplie d’installations: salle de cinéma en VR, chasse aux zombies, saut dans le vide virtuel, course loufoque de licornes, compétition de surf… Le parc, qui s’étend sur 1.400 m2, peut accueillir jusqu’à 200 personnes. Les particuliers payent les attractions à l’unité (à partir de 1 euro). Les sociétés qui organisent un événement peuvent, quant à elles, privatiser l’espace (à partir de 4.000 euros la demi- journée). Petit bonus pour les team buildings : la grande salle de 600 m2 qui héberge les jeux d’équipes peut être virtuellement décorée aux couleurs de l’entreprise organisatrice.
En direct sur Twitch
A côté de cette activité axée sur l’événementiel, HollloH veut également s’investir dans le développement de l’e-sport. Cette activité en vogue se professionnalise et se structure autour de jeux vidéo célèbres, comme League of Legends, qui réunissent physiquement des milliers de spectateurs lors des compétitions les plus cotées. La société Vigo mise sur son jeu maison, V-Ray (ce jeu de tir où l’on croise des lapins et des pandas), pour développer l’e-sport en mode réalité virtuelle. Chaque partie est retransmise en direct sur Twitch, le réseau social des gamers. Christophe Hermanns a commencé à recruter des joueurs pour lancer un premier championnat à partir de la rentrée prochaine. Jamais à court d’idées, il compte proposer aux entreprises qui le souhaitent de sponsoriser les équipes comme cela se fait dans les championnats de e-sport les plus prestigieux. “Une équipe au logo de Trends-Tendances, ça pourrait être sympa, non?” sourit le patron de Vigo.
Dernier axe de développement de HollloH: la formation. La salle est louée à des entreprises ou des services publics qui souhaitent former leurs collaborateurs dans un environnement virtuel. Les équipes de Vigo ont ainsi recréé une scène où se trouvent des véhicules incendiés pour simuler une intervention de services de pompiers. “On peut modéliser un bâtiment à l’identique et créer un scénario sur mesure pour un coût nettement inférieur à une formation ‘réelle'”, explique Christophe Hermanns.
Expansion internationale
Le projet HollloH a bénéficié d’une levée de fonds de 400.000 euros. Une somme réunie via différentes sources: un crowdfunding sur la plateforme Spreds, un soutien financier via des business angels, un prêt bancaire, une intervention de Wallimage (le fonds dédié aux métiers de l’audiovisuel), une autre de Leansquare (le fonds d’investissement liégeois dédié aux start-up) et un apport personnel du patron de Vigo. Selon Christophe Hermanns, le momentum autour de son projet est idéal: “La réalité virtuelle a explosé pendant le confinement”, assure l’entrepreneur. Un nouvel engouement pour la VR semble en effet avoir saisi les consommateurs. En 2021, les nouveaux casques Oculus, propriété de Facebook, se sont écoulés comme des petits pains. D’après certaines estimations, Facebook pourrait en vendre jusqu’à 8 millions d’unités sur l’ensemble de l’année. Une certaine démocratisation semble en marche pour une activité qui restait jusqu’à présent cantonnée au rang de niche technologique.
Dans son sillage, le secteur des parcs récréatifs dédiés à la réalité virtuelle se développe à grande vitesse. Le câblo-opérateur Telenet a ouvert plusieurs antennes de The Park à Bruxelles, Gand, Anvers… Sont également apparus le Virtual Park à Mouscron, le Terragame Center à Namur, la Virtual Room à Bruxelles… Pour se démarquer, Christophe Hermanns compte sur ses jeux, pour la plupart développés en interne par sa société Vigo. “Les licences de jeux, c’est un tiers du budget du parc”, avance l’entrepreneur. En créant ses propres logiciels, Christophe Hermanns espère faire des économies. Il compte aussi mettre ses jeux à profit dans de futurs espaces récréatifs, qu’il espère ouvrir rapidement dans différents pays européens: “Notre concept est facilement duplicable à l’étranger.”
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici