Au bord de la faillite, le fabricant suédois Northvolt change de patron

Le fabricant suédois de batteries électriques Northvolt, noyé sous les dettes, va tenter de se sauver en se plaçant sous la protection de la loi américaine sur les faillites, sans son cofondateur Peter Carlsson qui quitte son poste de PDG. © getty

Le fabricant suédois de batteries électriques Northvolt, noyé sous les dettes, va tenter de se sauver en se plaçant sous la protection de la loi américaine sur les faillites, sans son cofondateur Peter Carlsson qui quitte son poste de PDG.

Ployant sous une dette de 5,84 milliards de dollars pour seulement 30 millions de dollars de liquidités disponibles, Northvolt a demandé jeudi soir son placement sous le “Chapitre 11” américain pour se donner le temps de trouver un financement. Sans nouveau financement, Northvolt connaissait une “situation désespérée” sur le plan des liquidités qui ne lui permettait de fonctionner qu’une semaine, a souligné le groupe dans sa demande.

Pour éviter de disparaître, l’entreprise suédoise a obtenu un financement de 100 millions de dollars de l’un de ses grands clients, le constructeur de poids lourds Scania, propriété de son actionnaire Volkswagen. Il a également obtenu 145 millions de dollars de prêt garanti sur ses actifs. “Le financement actuel va nous permettra de tenir jusqu’au début de l’année prochaine, et nous avons besoin de nous recapitaliser, mais je suis convaincu que nous serons en mesure de le faire”, a dit vendredi Peter Carlsson lors de sa dernière conférence de presse comme patron. “Il est très possible que ceux qui financent aujourd’hui ce processus de restructuration fassent également partie de ce processus de recapitalisation”, a-t-il ajouté.

Northvolt espère avoir achevé sa restructuration d’ici la fin du premier trimestre 2025.

Northvolt était considéré comme l’un des grands espoirs européens en matière de batteries au moment où l’Europe cherche à rattraper son retard face aux géants asiatiques, chinois (CATL, BYD) et coréens (LG) en particulier. Mais le groupe a accumulé d’importants retards de production ces derniers mois et il a décidé de recentrer son activité sur la seule production de cellules de batteries, renonçant au reste de la chaîne de production (cathodes, recyclage…).

Il a annoncé fin septembre la suppression de 1.600 emplois sur 6.500 et le gel du développement de son principal site de production, à Skelleftea dans le nord de la Suède.

En parallèle, les discussions avec ses principaux actionnaires, Volkswagen et Goldman Sachs, pour recapitaliser le groupe ont échoué mi-novembre, selon la presse suédoise, et Northvolt a décidé de se placer sous le chapitre 11. Cette décision va “permettre à la société de restructurer sa dette, d’adapter son activité aux besoins de ses clients et d’assurer une base durable pour la poursuite de ses activités”, a affirmé l’entreprise dans un communiqué.

“Bon moment”

Cette restructuration se déroulera sans Peter Carlsson à sa tête puisque la cofondateur de Northvolt a acté son échec, estimant que c’était “le bon moment pour passer le relais à la prochaine génération de dirigeants”. Il avait cofondé Northvolt en 2016 avec Paolo Cerutti, les deux hommes venant de Tesla. Le directeur financier Pia Aaltonen-Forsell et le directeur des opérations Matthias Arleth assurent la direction du groupe, avec le soutien du responsable de la restructuration Scott Millar. Northvolt s’est mis en quête d’un nouveau PDG.

Les retards de production de Northvolt et le ralentissement de la demande des clients automobiles ont accéléré la dégringolade du groupe suédois. En mai, BMW avait ainsi renoncé à une commande de deux milliards d’euros conclue en raison des retards.

En dépit de son caractère stratégique pour l’Europe des batteries, le gouvernement suédois avait prévenu qu’il ne viendrait pas financièrement au secours de Northvolt. “J’espère que la procédure du chapitre 11 permettra de trouver une solution à long terme pour l’entreprise”, a réagi jeudi la ministre de l’Energie et de l’Industrie, Ebba Busch, sur X, assurant que le gouvernement “continue de soutenir une industrie des batteries viable et la transition verte”.

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