Art, politique, business, ballon rond… Nous avons réuni Thomas Meunier et Jean-Michel Javaux

© Frédéric Sierakowski (Isopix)

Le Diable Rouge et le président de Meusinvest ne s’étaient jamais rencontrés. En exclusivité pour “Trends-Tendances”, Thomas Meunier et Jean-Michel Javaux se sont mis à table pour parler de leur passion commune – le football – mais aussi de l’art, de la politique, de l’argent et du business

Tout le monde ou presque le sait : Jean-Michel Javaux est un passionné de football et un grand supporter du Standard. Il ne nous aura donc fallu que quelques secondes pour convaincre l’ancien coprésident d’Ecolo de rencontrer Thomas Meunier, défenseur du Paris Saint-Germain qui s’est particulièrement illustré avec l’équipe nationale belge lors de la dernière Coupe du Monde en Russie.

Amateur d’art, le footballeur de 27 ans s’est récemment investi dans un tout nouveau projet socio-culturel baptisé Play it Art (reposant sur la création d’un collectif d’artistes autour de la thématique du football) et c’est avec le sourire qu’il a accepté d’en parler avec Jean-Michel Javaux à la table de L’Ecailler du Palais Royal à Bruxelles. Attentionnés, les deux hommes se sont même échangé des cadeaux : un maillot du PSG dédicacé au président de Meusinvest et quatre bières d’Amay pour Thomas Meunier dont une est un clin d’oeil à Sainte-Ode, la commune natale du Diable Rouge.

TRENDS-TENDANCES. Thomas, comment est né le projet Play it Art?

THOMAS MEUNIER. Jacques Lichtenstein est mon agent depuis quelques années. On a appris à se connaître et on s’est trouvé des points communs au fil du temps comme, par exemple, cette passion pour l’art. Jacques avait envie de faire partie de ce milieu, d’être en quelque sorte galeriste et le projet Play it Art s’est développé. Il m’en a parlé, on a réfléchi et puis il est revenu avec un plan très précis. Jacques est quelqu’un qui a énormément de contacts et qui est très professionnel. J’ai confiance en lui. Si quelqu’un d’autre me l’avait proposé, je n’aurais peut-être pas accepté. Donc, on s’est mis à chercher des artistes, de tous âges, plus ou moins connus, avec des styles différents, mais qui font des choses intéressantes en mixant football et art. Il y a pas mal de créations autour de l’art urbain et ça permet d’attirer les jeunes parce que c’est relié au foot. Je me réjouis de pouvoir exposer ces artistes. Pourquoi pas un jour au Standard (sourire).

JEAN-MICHEL JAVAUX. En termes de vecteur de développement économique, l’industrie culturelle est celle où l’on va créer à l’avenir le plus d’emplois, avec aussi les services d’aide aux personnes. Je crois très fort dans cette accroche auprès des jeunes générations.

T.M. Là, on débute, mais sur le plus long terme, il faut que l’on se développe, que ça devienne viable et que l’on en retire des bénéfices. Pour l’instant, on veut surtout créer une image positive à travers Play it Art et les artistes qui travaillent avec nous. Si on prend par exemple une oeuvre qui coûte 5.000 euros à la production et qu’on la vend 7.500 euros via notre structure, il y aura 5.000 euros qui retourneront à l’artiste et presque 2.500 euros qui iront à Sport2be, une association qui facilite l’accès au sport pour les enfants défavorisés, parce qu’on garde un tout petit peu d’argent pour les frais de fonctionnement et pour payer les personnes qui travaillent sur le projet. Donc, pendant quelques années, on ne va pas vraiment en tirer de bénéfices…

J.-M.J. Mais comment trouvez-vous vos artistes ? C’est via le réseau de Jacques Lichtenstein ou le vôtre ?

T.M. Ça dépend. Ce sont des artistes que l’on va chercher un peu partout dans le monde : en Amérique du Sud, en Espagne, en Israël, à Paris, etc. Ce ne sont jamais des coups de tête. C’est mûrement réfléchi. Il y a des artistes que l’on a par exemple contacté via Instagram. On a eu aussi beaucoup de refus parce que certains artistes ne veulent pas sortir de leur univers. Il n’est pas question de leur dire de travailler sur un thème imposé comme le football. Mais d’autres acceptent parce qu’ils se disent aussi que ça peut les servir d’un point de vue médiatique parce que je suis footballeur professionnel et que j’ai une image. C’est du donnant-donnant.

J.-M.J. Je pense effectivement que vous allez contribuer à les faire connaître. J’ai moi-même été voir dans le catalogue de Play it Art.

T.M. Pour l’instant, une quinzaine d’artistes travaillent avec nous, on a déjà plus de 70 oeuvres, mais l’objectif est d’élargir le panel. Et vous, vous êtes encore en politique ou pas ?

J.-M.J. Je suis quand même un peu dans l’équipe actuelle des négociateurs pour préparer certains dossiers (sourire). Mais je suis surtout bourgmestre d’Amay, une commune entre Liège et Namur…

T.M. Oui, je connais !

J.-M.J. C’est une commune qui est plutôt mixte : 600 logements sociaux sur 5.000 habitants. Pendant plus de 100 ans, la commune était à majorité socialiste, à plus de 75%. En 2006, les deux partis ont fait pratiquement le même score : 41% pour le PS et 43% pour Ecolo. J’étais alors président de parti. Et puis, on a chaque fois augmenté: 53% en 2012 et 55% aux dernières communales…

T.M. Oui, mais Ecolo et le PS, ce sont un peu les mêmes valeurs, non ?

J.-M.J. C’est une bonne question !

T.M. Même si je suis à Paris, j’essaie de suivre un peu. Ça m’intéresse vraiment.

J.-M.J. Ecolo est un parti très jeune qui est né en 1981. Bien avant cela, historiquement, il faut quand même rappeler qu’on avait une “monarchie absolue”. C’était hyper-important que le parti libéral émerge pour acquérir des libertés et soutenir les commerces. Tout au long du 20e siècle, il y a eu ensuite le mouvement socialiste pour sortir les enfants des mines et bâtir la sécurité sociale. Mais ces deux partis, avec le parti catholique, ont un peu oublié l’impact de la consommation sur l’environnement. Sur les 50 dernières années, on a consommé beaucoup plus que sur les millions d’années qui ont précédé. Alors, aujourd’hui, il y a une prise de conscience. La nouvelle génération se rend compte du danger et des comportements aberrants de la société de consommation. Tous les partis devraient faire d’ailleurs faire de l’écologie, mais ce n’est pas vraiment le cas…

T.M. J’ai l’impression que c’est ce qui vient toujours en dernier. Des partis flamands comme la N-VA par exemple s’en foutent complètement !

J.-M.J. C’est même un adversaire qui prend le contre-pied. Mais j’en reviens au parti socialiste qui, dans ma région, a toujours été dominant. Quand j’ai commencé en politique, il était omniprésent de Mons à Liège avec des majorités absolues et de grosses personnalités fortement liées au pouvoir. Donc, moi, j’étais plutôt connu comme étant justement un adversaire du PS avec notamment de grosses tensions en 2009.

Art, politique, business, ballon rond... Nous avons réuni Thomas Meunier et Jean-Michel Javaux
© Frédéric Sierakowski (Isopix)

Thomas, en jouant à Paris, vous avez pu voter aux dernières élections ?

T.M. J’avais donné une procuration à ma mère qui a été voter pour moi. Ce qui est drôle, c’est que ma mère a toujours été à gauche et mon père à droite. Alors, moi, je vote au centre ! (rires) Mais comme je ne vis pas sur le territoire, mon vote est un peu inutile…

J.-M.J. Non, je trouve que cela a toujours son utilité pour garder le lien. Et puis, on votait aussi pour les élections européennes. Mais votre maman est importante dans votre vie de footballeur, n’est-ce pas ?

T.M. Elle n’a jamais lâché prise ! En fait, au départ, c’est mon père qui voulait réaliser son rêve à travers moi. Il a toujours été un bon footballeur, mais il n’a jamais été suivi parce que, à l’époque, c’était plus compliqué. Donc, il m’a toujours poussé à fond et c’était même une addiction. Je ne compte pas le nombre de fois où l’on s’est engueulé en plein match de jeunes parce qu’il était derrière le but et qu’il n’arrêtait pas de me donner des instructions ! (rires) C’était vraiment malsain et les gens avaient peur de lui. (rires) Ensuite, je suis parti à 13 ans à Liège, où je suis resté pendant deux ans et demi en internat à l’école du Standard, mais ils m’ont viré…

J.-M.J. Enorme erreur ! On en parle souvent entre supporters…

T.M. Je ne peux pas leur jeter la pierre parce que ça m’a aussi rendu service sur le plan personnel. Mais c’est vrai que je ne voulais plus jouer au foot quand ils m’ont viré du Standard et que c’est ma mère qui m’a poussé à reprendre. Elle avait repéré une journée de détection de talents au Royal Excelsior Virton. C’était le club-phare de la province du Luxembourg qui était en division 3 à l’époque. On a joué un match amical contre Neufchâteau qui était en troisième provinciale. On a gagné 11-2, je pense, et j’en ai mis 8…

J.-M.J. Le score exact était 15-3 et vous avez mis 10 goals.

T.M. (Rires) C’est vrai ?

J.-M.J. (Rires) Mais oui !

Mais comment savez-vous cela, Jean-Michel ?

J.-M.J. Le foot, c’est une pure passion. J’ai d’ailleurs sorti Frédéric Waseige au quiz de Vers L’Avenir _ il ne s’en remet toujours pas (rires) _ et j’ai été battu en finale par Kiki l’innocent, alias Martin Charlier, qui est vraiment très fort. J’adore les statistiques et je peux vous citer tous les joueurs qui ont marqué en finale de Coupe du Monde. C’est pareil pour les Diables Rouges, je connais tous leurs matchs, c’est une passion ! Dans mon portefeuille, j’ai aussi un brin d’herbe de la pelouse du stade de Sclessin lorsque le Standard est devenu champion en 1982…

T.M. (Surpris) Vraiment ?

J.-M.J. Oui ! Ce que j’adore avec le foot, c’est qu’on mélange les classes sociales. Je joue toujours en vétéran et je peux vous assurer que la buvette de foot est le meilleur des instituts de sondage ! En 2003, c’est comme ça que j’ai su qu’on allait se prendre une claque gigantesque aux élections. Après trois bières, ça y va, sans filtre ! (rires) Alors, le football est parfois un fief de racisme et d’homophobie, mais c’est en train de changer. J’ai retweeté récemment une étude qui montre que, depuis que l’Egyptien Mohamed Salah joue à Liverpool, les crimes de nature raciale ont diminué de 19% dans la ville. Les tweets islamophobes des fans du club ont aussi baissé de moitié parce que ce joueur est une icône.

T.M. Il a une image incroyable. Il est toujours souriant, il ne se plaint jamais et les gens suivent à fond !

J.-M.J. Donc, sans vous mettre trop la pression, vous avez, vous joueurs, un rôle d’influenceur.

T.M. Complètement !

J.-M.J. Avec parfois des effets pervers puisque je me me souviens d’un like pour un tifo de l’Olympique de Marseille qui vous a valu une flambée de critiques des supporters du PSG !

Thomas, vous avez connu le franc belge. Comment vit-on avec le fait de peser aujourd’hui, sur le marché des transferts, 1,2 milliard de francs belges ?

T.M. C’est fou. Je n’avais jamais pensé à faire la conversion…

J.-M.J. (Il l’interrompt) Juste pour faire le parallèle : quand Maradona a quitté Barcelone pour Naples en 1984, le montant du transfert était de 400 millions de francs belges. Tout le monde était choqué. Et donc, vous valez trois fois Maradona ! (rires) Il faut dire que, depuis, les droits télé ont explosé…

T.M. Tout a changé ! Le marketing, le sponsoring, le droit à l’image… Quand je vois que le groupe Accor paie 50 millions d’euros par an juste pour avoir son nom sur le maillot du PSG, je trouve ça complètement cinglé. Bon, ça sert à tout le monde et personne ne peut vraiment se plaindre de cette situation, mais c’est vrai que cela a complètement explosé.

Art, politique, business, ballon rond... Nous avons réuni Thomas Meunier et Jean-Michel Javaux
© Frédéric Sierakowski (Isopix)

Thomas, vous n’avez pas répondu à la question…

T.M. A ma gauche, dans le vestiaire du PSG, il y a Neymar, donc je garde les pieds sur terre ! (rires) Il a été acheté 220 millions d’euros et il gagne 30 millions nets par an. Je le regarde et je me demande comment c’est possible de dépenser autant d’argent. En fait, il n’y a plus de limite. Si le Real Madrid mettait demain 400 millions sur la table pour s’offrir Mbappé, je ne serais même pas étonné.

J.-M.J. Quand Rames Rodriguez est arrivé au Real Madrid en 2014, son transfert (80 millions d’euros, Ndlr) a été remboursé le jour-même grâce au nombre de maillots vendus à son nom. Cela dit, il y a de nombreux joueurs qui s’investissent aussi, grâce à leur argent, dans des causes nobles et c’est ce que vous faites aussi via Play it Art.

Quand je vois que le groupe Accor paie 50 millions d’euros par an juste pour avoir son nom sur le maillot du PSG, je trouve ça complètement cinglé.” Thomas Meunier

T.M. Oui. Je pense que l’on a vraiment un rôle à jouer dans la transmission d’un message envers les jeunes. Bientôt, je vais aussi devenir ambassadeur du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Avec son directeur Paul Dujardin, on a décidé de mener une action pour attirer des visiteurs plus jeunes et pour dire que l’art est accessible à tous. On va faire des capsules vidéo sur le Web pour annoncer des expositions comme, par exemple, celle de Keith Haring en décembre.

J.-M.J. Vous ne vous faites jamais chambrer par vos collègues de vestiaire à propos de cette passion que vous avez pour l’art ?

T.M. (Rires) Je me souviens, lorsque je suis arrivé au PSG, j’avais donné une interview au journal L’Equipe où je parlais de mon parcours et de mes études en option artistique. Pas grand monde ne me connaissait là-bas et quand je suis arrivé, on m’a très vite lancé : “Ça va, le philosophe ?” (Jean-Michel Javaux éclate de rire) et j’ai répondu: “Ah, tu as lu l’interview au moins, c’est bien !”

J.-M.J. Tu sais lire ! (rires)

T.M. Oui, tu sais lire, c’est bien ! (rires) Non sérieusement, beaucoup de joueurs ont été victimes du système footballistique depuis le plus jeune âge. Quand on est dans une académie de foot depuis l’âge de 7 ans jusqu’à ce qu’on arrive en équipe première, que l’on vit en internat et que l’on n’a pas vraiment de vie sociale, ce n’est pas évident. Moi, la chance que j’ai eue, ce n’est pas d’avoir été viré du Standard à 15 ans, c’est plutôt d’avoir eu une vie sociale après. J’allais au cinéma, je sortais le vendredi, j’allais boire un verre avec mes potes, etc. Attention, j’ai vécu de années fantastiques au Standard. L’internat, c’était vraiment une merveille, mais quand je suis revenu chez moi, j’ai retrouvé une vie sociale que les autres n’ont pas connue. J’ai travaillé aussi après mes études alors que je jouais déjà à Virton. J’ai été facteur à la poste en intérim, c’était très sympa, et puis j’ai travaillé à l’usine Saint-Gobain de Bastogne. Je préparais des commandes pour les clients. J’ai fait ça pendant presque un an, juste avant de rejoindre le club de Bruges. J’ai conscience de la chance que j’ai eue et j’ai conscience aussi de la vraie valeur des choses. Moi, je suis toujours dégoûté quand, à Paris, on me fait payer un double expresso 10 euros !

J.-M.J. C’est le coeur du débat. Moi, j’ai chômé pendant un an et quatre mois parce que je ne trouvais pas d’emploi. J’étais diplômé en sciences po et j’avais un troisième cycle en politique internationale, mais j’étais surqualifié pour certains boulots. Alors, je suis retourné au Delhaize où j’avais fait le même job d’étudiant pendant huit ans. C’était une belle expérience, je faisais des blagues au micro et j’ai rencontré plein de gens. J’ai été aussi brancardier, j’ai vendu du vin et j’ai même été vendre des livres en Flandre, ce qui m’a permis d’apprendre le néerlandais et de participer plus tard à l’émission De slimste mens à la télévision. Ce sont des parcours de vie intéressants. Même le chômage. Je me souviens que je mettais une capuche pour aller pointer parce que mon père était gêné. Je venais d’une famille un peu bourgeoise et mon père ne comprenait que je ne trouve pas de travail alors que j’avais fait l’unif. Il est mort quelques mois avant que je ne devienne député. C’est un des grands regrets de ma vie. Mais cette expérience m’a permis de ne pas jeter un jugement trop rapide sur ceux qui ne trouvent pas un emploi…

Thomas, aujourd’hui, comment gérez-vous votre argent ?

T.M. Mes grands-parents ont joué un rôle important dans mon éducation parce que mes parents n’étaient pas souvent là à cause de leur travail. C’était une éducation à l’ancienne. Ma grand-mère a été enseignante pendant 46 ans, mon grand-père a été chauffagiste pendant 50 ans et ils n’ont jamais dépensé un sou de travers. Donc, quand j’ai commencé à gagner un peu d’argent, ils m’ont demandé ce que j’allais en faire. Ils veillaient à ce que je ne le dépense pas n’importe comment et ils m’ont conseillé d’acheter un appartement à Bastogne quand j’ai signé au Club de Bruges. Ensuite, grâce à des amis, j’ai rencontré un conseiller patrimonial et j’ai investi dans des locations meublées à usage professionnel, non professionnel, en Belgique et à l’étranger. L’immobilier reste quand même une valeur sûre à l’heure actuelle. Donc, avec ma compagne, on a aussi acheté un appartement à Paris qu’on a complètement rénové. Comme la ville ne peut plus grandir, cela ne perdra jamais de valeur.

Vous n’avez jamais songé à investir dans des start-up par exemple ?

T.M. On m’a déjà proposé d’investir dans des applications mobiles, mais cela ne m’a jamais vraiment tenté. C’est trop volatil comme secteur…

J.-M.J. Moi, je suis aussi président de Meusinvest. C’est un fonds qui aide les entreprises à grandir dans tous les secteurs. Avant, c’était uniquement dans le secteur de la sidérurgie et de la métallurgie car c’était juste après la crise de Cockerill, mais aujourd’hui, on en a 470 et cela va des chocolats Darcis à la société Mithra où Marc Coucke est présent…

T.M. Uniquement en région liégeoise ?

J.-M.J. Au départ oui, mais maintenant, nous sommes par exemple présents à San Francisco à travers la société Bloomlife qui a été fondée par un Liégeois et qui est spécialisée dans l’accompagnement de la femme enceinte. Nous sommes de plus en plus actifs dans le monde des start-up justement car c’est très agréable d’aider les entreprises à grandir. Là, par exemple, nous sommes sur le point de financer une espèce de Airbnb de hangars pour stocker par exemple des oeuvres d’art. C’est passionnant comme concept.

T.M. Quand je suis arrivé à Paris, j’ai commencé à m’intéresser un peu plus au marché de l’art. J’ai fait la connaissance d’une personne qui travaillait chez Artcurial et qui est maintenant chez Christie’s. Elle m’a appris à mieux comprendre les aspects financiers du marché, le fonctionnement des ventes et quels artistes ont la cote. Donc, maintenant, j’ai un peu les bases, même si je connaissais déjà l’histoire de l’art. Quand j’étais étudiant, j’ai découvert Francis Bacon. J’ai fait un exposé sur lui, j’avais un de ses triptyques en poster, puis en fonds d’écran, et là, j’ai pu acheter, via Artcurial, un autre triptyque de Francis Bacon. Il est chez moi, mais il n’est pas au mur parce que ma compagne ne veut pas le voir ! (éclats de rire) En réalité, le tableau fait peur. Ce gars-là a une vraie douleur en lui. Alors, pour l’instant, il est par terre, dans la chambre d’ami. (rires) Mais je sais qu’il m’appartient et jamais je ne le vendrai, même si on m’en propose 10 fois le prix. J’ai aussi acheté une sculpture de Dali. Ce sont des artistes qui m’ont accompagné durant mes études d’art. J’ai eu un lien avec eux à un moment donné et là, c’est encore plus fort.

J.-M.J. Mais dans des choix de clubs potentiels, l’élément artistique est-il important ? Manchester, par exemple, c’est un des meilleurs districts créatifs dans la nouvelle économie numérique en Europe… (sourire)

Je joue toujours en vétéran et je peux vous assurer que la buvette de foot est le meilleur des instituts de sondage !” Jean-Michel Javaux

T.M. Non, ce facteur-là ne joue pas parce que, pour moi, il y a toujours moyen de rester connecté avec l’art où qu’on soit. Quand je jouais à Bruges, ça ne m’a jamais empêché d’aller à Gand, à Lille, à Anvers, etc. Imaginons que je signe à Manchester demain, il n’y a que deux heures de train pour aller à Londres. C’est la porte à côté…

J.-M.J. C’est parce que je suis là que vous dites que vous prenez le train ? Vous pouvez y aller en voiture, hein ! (rires)

T.M. (Rires) Non, sérieusement, le football reste tout de même prioritaire dans mes choix.

Mais l’épouse a tout de même son mot à dire, non ?

T.M. Il y a toujours une discussion qui se forme, évidemment. Il n’y a pas si longtemps, des clubs russes _ le Spartak Moscou par exemple _ se sont intéressés à moi. Ma compagne est à moitié africaine et, par rapport à tout ce qu’elle a déjà entendu en matière de racisme et d’homophobie dans ce pays, elle m’a dit : “Si tu vas en Russie, tu ne me verras pas tous les jours !”. Je peux comprendre son discours. Pareil pour la Chine si on se retrouve dans une ville de 20 millions d’habitants avec une brume 24 heures sur 24…

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© Frédéric Sierakowski (Isopix)

Selon les termes de votre contrat, il vous reste un an à passer au PSG. D’un point de vue économique, ne serait-il pas plus intéressant pour ce club qui vous a acheté 6 millions en 2016 de vous revendre aujourd’hui et de faire une belle plus-value plutôt que de vous laisser partir dans un an sans rien empocher ?

T.M. Cela dépend des autres joueurs. Un joueur comme Dani Alves qui joue à ma position est libre aujourd’hui. Son contrat n’est pas encore prolongé. S’il part, ça veut dire que le PSG perd un joueur à ma position et donc, financièrement, ce serait plus intéressant pour le club de garder un joueur comme moi qui n’a coûté que 6 millions d’euros plutôt que de me vendre et d’aller acheter un autre joueur. Car lorsque le PSG frappe à une porte, les prix font automatiquement fois deux. S’ils me vendent, ils devront quand même acheter un mec à 40 millions d’euros. Donc, le plus intéressant pour eux, c’est de me garder. C’est ma dernière année de contrat et moi, je veux rester au PSG…

J.-M.J. Vraiment ?

T.M. Oui ! Dans l’ensemble, le staff est content de moi et je n’ai jamais vraiment déçu. Et puis, Paris, c’est juste à côté. Pour un Belge francophone, c’est l’idéal. Il faut dire aussi que, si je pars au terme de mon contrat, c’est financièrement plus intéressant pour moi car le club qui m’accueillera n’aura pas de transfert à payer et donc je pourrai prendre une compensation financière sur mon contrat. A ce moment-là, je suis gagnant.

Thomas Meunier

Né le 12 septembre 1991 à Sainte-Ode.

Etudes secondaires en option artistique.

Joueur au Royal Excelsior Virton en division 3 de 2009 à 2011. Il travaille parallèlement comme facteur, puis comme ouvrier à l’usine Saint-Gobain de Bastogne.

Contrat de joueur professionnel au FC Bruges en 2011.

Première sélection en équipe nationale en novembre 2013.

Joueur au Paris Saint-Germain depuis juillet 2016.

Cofondateur avec son agent Jacques Lichtenstein de la société Play it Art qui promeut le travail d’ artistes contemporains sur le thème du football.

Jean-Michel Javaux

Né le 24 novembre 1967 à Liège.

Licencié en sciences politiques et relations internationales à l’ULB.

Conseiller communal Ecolo de 1994 à 1999.

Député wallon Ecolo de 1999 à 2003.

De 2003 à 2009, secrétaire fédéral puis coprésident du parti Ecolo, d’abord avec Isabelle Durant, puis avec Sarah Turine.

Bourgmestre de la commune d’Amay depuis décembre 2006.

Depuis 2013, il est également président de Meusinvest, le fond d’investissement public qui aide les PME liégeoises à se développer dans tous les secteurs d’activités.

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