Année record pour ExxonMobil, vives critiques de la Maison Blanche

ExxonMobil © getty

ExxonMobil a dégagé un profit record de 55,7 milliards de dollars en 2022 grâce au bond du cours des hydrocarbures lié à la reprise de la demande et au tarissement de l’offre russe, s’attirant de vives critiques de la Maison Blanche en pleine crise énergétique.

Ce résultat est supérieur de presque 33 milliards de dollars à celui de 2021, et de 10 milliards au précédent record qui remontait à 2008.

“Nos résultats ont clairement bénéficié d’un marché favorable, mais les investissements anticycliques réalisés avant et pendant la pandémie ont fourni l’énergie et les produits dont les gens avaient besoin lorsque l’économie a commencé à se redresser et que les approvisionnements se sont amoindris”, a indiqué Darren Woods, le PDG d’Exxon, cité mardi dans un communiqué.

Cette annonce a déclenché de vives critiques de la Maison Blanche. Mardi, le président Joe Biden a tweeté que la seule chose “qui empêche les grandes compagnies pétrolières d’augmenter leur production est leur décision de verser des milliards aux actionnaires au lieu de réinvestir les bénéfices”.

Je fais ma part pour faire baisser les prix, il est temps que Big Oil fasse la sienne“, a-t-il écrit.

Un porte-parole de la Maison Blanche avait déclaré plus tôt à la BBC que les bénéfices record d’Exxon étaient “scandaleux”, surtout après que “le peuple américain a été contraint de payer des prix aussi élevés à la pompe” à la suite de l’invasion russe en Ukraine.

Rapporté par action et ajusté des éléments exceptionnels, le profit du groupe a été de 14,06 dollars, au-delà des attentes des analystes.

Son chiffre d’affaires s’est lui établi à 413,7 milliards de dollars, en hausse de 45% par rapport à 2021 et au-dessus des prévisions du marché.

Après avoir affiché une perte historique et avoir été retiré du prestigieux indice Dow Jones en 2020, année marquée par la pandémie de Covid-19 et la restriction des déplacements, Exxon est revenu dans le vert dès 2021.

Mais ses profits ont véritablement explosé en 2022 sous l’effet de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, des sanctions occidentales à l’encontre de Moscou et de la diminution de l’offre russe en ayant résulté.

Le redémarrage de l’économie mondiale a aussi contribué à maintenir les prix de l’or noir à des niveaux élevés.

Le prix moyen du gallon (3,8 litres) de carburant sans plomb aux Etats-Unis a ainsi atteint un pic historique à plus de 5 dollars en juin dernier, selon les données de l’Association américaine des automobilistes (AAA).

Pour Peter McNally du cabinet Third Bridge, ExxonMobil, qui affiche une santé solide, “dispose d’une flexibilité financière et de nombreuses options d’investissements”.

La major a “réalisé plusieurs projets d’investissements clés en 2022 et en réalisera plusieurs autres dans les années à venir”, prédit l’analyste.

Le groupe a notamment augmenté sa production dans le bassin permien (une zone qui s’étend sur l’ouest du Texas et le sud-est du Nouveau Mexique) et en Guyane de 30%.

Exxon a pompé sur l’année 3,74 millions de barils équivalent par jour, un peu mieux qu’en 2021.

La société a vendu en moyenne 4 millions de barils par jour de produits raffiné, en légère hausse par rapport à l’année précédente.

Superprofits

Malgré son excellent bilan financier annuel, Exxon a indiqué que ses résultats du quatrième trimestre avaient été impactés à hauteur de 1,3 milliard de dollars par la taxation européenne sur les superprofits des géants de l’énergie et par des dépréciations d’actifs.

Le groupe texan a saisi fin décembre la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) afin de bloquer cette taxe que sont censés payer les producteurs et distributeurs de pétrole, de gaz et de charbon ayant réalisé des bénéfices considérables en 2022.

Lors d’un appel téléphonique avec des analystes de Wall Street mardi, M. Woods a affirmé que cette charge “n’est pas légale et est à l’opposé de ce qui est nécessaire”.

“Ce dont on a besoin en ce moment, c’est de plus d’offre. Au lieu de cela, ce qui a été mis en place est une pénalité sur le secteur énergétique dans son ensemble”, a déploré le dirigeant.

De janvier à décembre 2022, le titre a grimpé de plus de 80% à la Bourse de New York.

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