Agriculture belge : le nombre d’exploitations continue de chuter, mais la diversification s’accélère

Le secteur agricole belge poursuit sa concentration en 2024, avec moins d’exploitations mais une production de plus en plus diversifiée. Une mutation structurelle accélérée par le climat, les politiques européennes et les réalités économiques.

À la veille de l’ouverture de la Foire agricole de Libramont, Statbel publie ses chiffres annuels sur l’agriculture belge. Ceux-ci confirment une tendance lourde : le nombre d’exploitations agricoles diminue année après année, malgré une stabilité des surfaces cultivées. Ce recul s’accompagne d’une adaptation rapide des pratiques agricoles, entre diversification des cultures, évolution des modes de production et pression des politiques environnementales.

Un secteur qui se concentre, mais ne décroît pas

En 2024, la Belgique comptait 33.973 exploitations agricoles, en baisse de 0,8 % par rapport à 2023. Une érosion progressive mais continue qui s’observe aussi bien au nord qu’au sud du pays. La Flandre enregistre la baisse la plus marquée (-1,13 %), contre -0,34 % en Wallonie. Seule la Région bruxelloise affiche une progression, modeste mais notable, avec 78 exploitations contre 67 l’année précédente.

La superficie agricole totale, quant à elle, reste stable, illustrant une dynamique de concentration : les exploitations deviennent plus grandes, souvent plus capitalisées, dans un contexte de compétitivité accrue. Cette évolution est en ligne avec les tendances observées ailleurs en Europe, où la viabilité économique impose une professionnalisation croissante du métier.

L’agriculture belge face au climat et à la transition écologique

Les conditions climatiques de l’automne 2023 ont eu un impact direct sur les semis de céréales d’hiver. La baisse de 20,7 % des surfaces consacrées à ces cultures, avec une chute plus sévère en Flandre (-34,7 %) qu’en Wallonie (-13,5 %), reflète les limites de la planification agricole face aux événements météorologiques extrêmes.

En réponse, les agriculteurs ont réorienté leur production au printemps 2024 : les céréales de printemps ont bondi de 72,7 %, et les surfaces de maïs grain ont progressé de 14,4 %. Les pommes de terre (+5 %) et les betteraves sucrières (+4,1 %) ont également vu leurs surfaces s’accroître. Ce rééquilibrage saisonnier illustre l’agilité croissante des exploitants, souvent contraints d’ajuster leur stratégie en temps réel.

Diversification et spécialisation : des choix stratégiques renforcés

Portée par la Politique agricole commune 2023-2027, la mise en jachère de certaines terres progresse, avec une forte présence de mélanges floraux, de moutarde blanche et de radis oléifère. L’objectif est clair : améliorer la biodiversité, la santé des sols et la qualité de l’eau. Ces jachères écologiques deviennent un outil structurel des nouvelles pratiques agricoles.

Parallèlement, certaines filières spécialisées poursuivent leur expansion. En Wallonie, les vergers ont augmenté de 5,1 % en 2024, tandis que les petits fruits ont progressé de 5,7 % à l’échelle nationale, tirés exclusivement par la croissance des vignobles (+12,2 %). Ces productions à plus forte valeur ajoutée traduisent une volonté de diversification économique face à l’érosion des marges dans les cultures traditionnelles.

Une agriculture en mutation, entre consolidation et résilience
La baisse du nombre d’exploitations agricoles belges est structurelle et semble durable. Mais elle ne signifie pas une décroissance du secteur. Au contraire, elle marque une transition vers une agriculture plus capitalisée, plus réactive, et plus diversifiée. Entre impératifs climatiques, exigences environnementales et pression sur les revenus, les agriculteurs belges redéfinissent leur modèle économique. Reste à voir si cette adaptation suffira à préserver, à long terme, la durabilité sociale et territoriale de l’agriculture.

Partner Content