Achetez un timbre Prior, pas une action bpost!

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Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Le prix du timbre Prior augmentera à nouveau en janvier. Ainsi en a décidé bpost dont, paradoxalement, le cours de l’action ne cesse de s’écraser en Bourse. Au point de ne plus valoir beaucoup plus que les timbres qu’elle vend.

Revoilà bpost et son inflation timbrée. Cette année encore, l’entreprise a décidé d’augmenter les prix de ses timbres, avec une majoration qui dépasse de loin la hausse du coût de la vie.

A partir du 1er janvier 2025, le prix du timbre individuel non prior passera à 1,53 euro. “En plus des augmentations des années précédentes (notamment +16,8 % en 2023 et + 5 % en 2024), cette augmentation entraîne une hausse de plus de la moitié du prix sur une période de six ans”, note l’IBPT, le régulateur des services postaux et des télécommunications.

L’augmentation est encore plus importante pour le timbre Prior, qui garantit une distribution du courrier le jour ouvrable suivant et qui reste valable dans le temps d’une année à l’autre. À partir du 1er janvier de l’année prochaine, il coûtera 2,37 euros. Soit une augmentation de plus de 4 %, alors que le Bureau fédéral du Plan prévoit une inflation moyenne de 3,1 % pour 2024, rapporte De Standaard.

Cours en chute libre

Conséquence de ces augmentations substantielles, le prix d’un timbre prioritaire pourrait valoir bientôt plus que l’action bpost elle-même. Depuis le début de l’année, le cours du titre de l’entreprise publique a en effet été divisé par deux pour tourner ces jours-ci autour de 2,4 euros. Si la tendance se poursuit, il finira par passer en dessous du nouveau prix du timbre Prior à partir de janvier.

La tendance est encore plus parlante depuis l’introduction en Bourse de l’entreprise. Alors que le tarif du timbre prioritaire a triplé en dix ans, une action bpost vaut aujourd’hui quasiment dix fois moins que ce qu’elle valait en 2013. “A long terme, mieux vaut investir dans un timbre que dans une action : bpost est, au même titre que la SNCB, une entreprise dysfonctionnelle”, fustigeait au début de l’été l’économiste Geert Noels, CEO d’Econopolis, réagissant aux mauvaises prévisions de l’entreprise postale plombées par la renégociation du marché de la distribution des journaux et un mauvais contexte pour Radial aux Etats-Unis.

Pricing power

L’histoire est révélatrice du phénomène de marché bien connu qu’est le pricing power. En réalité, il est simple pour bpost d’imposer ses prix aux consommateurs, qui n’ont pas le choix, et donc de répercuter la hausse du coût de la vie (voire plus) dans ses produits. L’entreprise est en effet en situation de monopole. Résultat ? En dix ans, le prix d’envoi d’un courrier a doublé, alors que le coût de la vie n’a quant à lui augmenté que de 30 % environ durant la même période, selon les chiffres du Standaard.

Bien que l’impact de cette flambée des prix sur le budget des ménages soit relativement limité, on peut toutefois s’étonner de voir une entreprise publique imposer de telles hausses tarifaires aux consommateurs alors que différents niveaux de pouvoirs (fédéral, mais aussi régional et local) s’efforcent de préserver le pouvoir d’achat des Belges grâce à des tas de mesures de soutien. Sauf que bpost verse chaque année à l’État belge (qui détient la moitié de bpost) un dividende, certes fortement raboté ces dernières années suite aux mauvaises performances de l’entreprise, mais qui se monte malgré tout toujours à plusieurs millions d’euros.

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