Lorsque l’aéroport de Brussels Airport doit être temporairement fermé en raison de drones dans l’espace aérien, cela coûte au moins 650.000 euros par heure à l’économie belge, explique l’économiste de l’aviation Wouter Dewulf. “Mais la facture peut être bien plus élevée à cause des effets secondaires”, ajoute-t-il.
Mardi soir, l’aéroport de Zaventem a été paralysé pendant plusieurs heures à cause de drones. Mercredi des dizaines de vols n’ont pas pu décoller. Quel est le coût économique de ce genre d’incident?
« Une fermeture temporaire de Brussels Airport engendre rapidement une perte d’environ 0,6 à 0,7 million d’euros par heure à l’économie belge. Ce chiffre découle de nos études antérieures (Université d’Anvers et UC Louvain) sur l’impact de l’aéroport sur l’économie belge.
Sur une base annuelle, Brussels Airport est une activité qui représente environ 6 milliards d’euros, soit quelque 650.000 euros par heure. Ce n’est pas un coût comptable pour l’entreprise aéroportuaire en tant que telle, mais une estimation macroéconomique de la valeur non créée dans l’ensemble de la chaîne. »
Comment cette perte de revenus se répartit-elle entre les différentes activités du secteur aérien ?
« Chaque heure d’arrêt représente environ 350.000 euros de pertes directes car l’aéroport est littéralement à l’arrêt. Cela concerne l’exploitant de l’aéroport, les compagnies aériennes, les services d’assistance au sol et le contrôle aérien. À cela s’ajoutent les effets indirects sur les fournisseurs et prestataires de services : catering, nettoyage, maintenance, etc. Il s’agit donc à la fois des facturations non réalisées et de la productivité perdue dans toute la chaîne de valeur liée à l’aéroport. »
Quel est l’impact pour les compagnies aériennes ?
«Chaque vol annulé représente une perte de recettes d’environ 15.000 euros, sans compter les coûts supplémentaires. En cas de déroutement, les coûts de carburant et de redevances aéroportuaires augmentent. Les équipages doivent repositionner les avions. Il faut parfois prendre en charge les passagers à l’hôtel ou les dédommager, conformément à la réglementation européenne. Ces coûts opérationnels additionnels dépendent fortement de la situation et s’ajoutent aux pertes de revenus.
Il faut aussi compter les pertes liées au fret, notamment pour les cargaisons urgentes comme celles de DHL. Les envois reportés ou déviés peuvent subir une forte dépréciation, surtout pour des produits pharmaceutiques, des denrées périssables ou des pièces critiques. Cela amplifie l’impact économique.
Le coût réel d’un incident dépend évidemment du moment de la journée, de la durée de la fermeture, de la saison et du mélange passagers/fret.
Une heure d’arrêt en période de pointe est beaucoup plus perturbatrice qu’un incident nocturne. Une fermeture prolongée entraîne des annulations et des correspondances manquées, ce qui a un effet domino bien plus lourd qu’un simple retard.
Enfin, l’effet de réseau joue aussi : une rotation annulée peut désorganiser les horaires et la flotte ailleurs, générant encore plus de coûts et de pertes de revenus sur les vols suivants. La facture totale peut donc dépasser largement les 650.000 euros perdu par heure. »