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Voyage en Italie… en temps de crise

Si vous êtes parti en vacances en Italie cet été, vous n’aurez peut-être rien remarqué. Après tout, tant mieux. Si vous partez en vacances, c’est quand même pour vous changer les idées : le soleil, le ciel bleu et la bonne chère ne sont d’ailleurs pas toujours propices à se remémorer que nous sommes en crise, encore moins en Italie. Pourtant, ici, c’est à de petits détails que l’on peut quasi la toucher du doigt.

Prenez le cas de San Gimignano – magnifique village médiéval situé entre Sienne et Florence -, plutôt bien géré mais auquel le gouvernement central a demandé, malgré tout, de licencier 35 employés communaux sur un total de 89. Le maire s’est insurgé contre cette demande et a refusé d’obéir, estimant que même si ce village ne comptait que 7.000 habitants à peine, la commune de San Gimignano avait besoin de ces employés pour gérer et accueillir les quelque 3 millions de touristes attirés chaque année par ce site.

Mais en attendant, l’issue de cette bataille, plus aucun parking de la commune n’accepte les cartes bancaires. Vous devez obligatoirement payer en cash, histoire de faire rentrer l’argent au plus vite dans les caisses de la commune et sans commission d’aucune sorte.

Autre anecdote parmi tant d’autres : la station balnéaire la plus huppée d’Italie – Forte dei Marmi – possède un accès à la plage privée qui en temps normal vous demande de débourser 85 euros par jour. Aujourd’hui, vous pouvez sans problème négocier et réduire de moitié le prix quotidien, ce qui reste toujours cher, je vous l’accorde.

L’exemple le plus manifeste de la crise est à chercher à 25 kilomètres de Rome, à Ostia – station balnéaire populaire habituée à accueillir les Romains qui fuient la canicule de la capitale italienne. Cette année, les plagistes, les hôtels et les restaurants se plaignent tous. Les uns parce que les Romains viennent moins nombreux en semaine et se contentent d’un weekend. Les autres, parce que les cabines de plage restent vides malgré la réduction des prix. D’autres encore sont quasi au chômage forcé parce qu’au lieu de prendre un repas normal, les Romains en goguette préfèrent prendre un petit snack sur le pouce . Certains ne viennent même plus car il faut payer l’essence pour les 25 kilomètres de distance entre la station balnéaire et la capitale.

Et de fait, d’après l’association des hôteliers, un italien sur deux a décidé de rester chez lui cet été pour les vacances. A la question de savoir pourquoi, 52% des sondés répondent que c’est en raison de l’état de leurs finances personnelles. Le tourisme en Sardaigne est aussi en baisse de 30% notamment parce que le coût pour accéder à l’île est devenu dans ce contexte prohibitif.

Quand vous parlez à des Italiens, ils répondent invariablement qu’ils ont l’impression que tout a augmenté sauf leurs salaires. Comme ils ne savent pas quand va se terminer cette crise, ils préfèrent être prudents avec leur argent. Heureusement que ces derniers n’ont pas lu la dernière étude de la banque française Natexis qui estime que la crise risque de durer… 20 ans !

En attendant, une vidéo musicale fait un malheur en Italie depuis le mois de juillet dernier. Elle s’appelle “Resto a Roma”, traduisez : “Je reste à Rome”. Maintenant vous savez pourquoi.

AMID FALJAOUI (en Italie)

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