Trois piliers pour réduire la congestion belge: “Le problème n’est pas la possession d’une voiture, mais son utilisation”

En Europe, ce sont les Belges qui perdent le plus de temps dans le trafic, avec en moyenne une semaine de travail par an passée dans les embouteillages. Le cabinet de conseil Deloitte a examiné la crise de la mobilité et formulé trois solutions pour réduire la congestion et la pollution atmosphérique.

Les auteurs du rapport de Deloitte sur la mobilité n’y vont pas par quatre chemins. De tous les Européens (à l’exception des Britanniques), ce sont les Belges qui perdent le plus de temps dans le trafic, avec en moyenne une semaine de travail par an passée dans les embouteillages. Les embarras de circulation les plus importants s’observent dans le losange flamand (Anvers, Gand, Louvain, Bruxelles) et la dorsale wallonne (Charleroi, Namur, Liège). Malgré les problèmes de congestion, la voiture reste le moyen de transport préféré des Belges. Il ressort des derniers chiffres disponibles du SPF Mobilité et Transports que la voiture s’accapare 61% des trajets et 74% des kilomètres.

“Le recours intensif à la voiture en Belgique n’est pas surprenant”, constate Sam Sluismans, Partner Strategy & Innovation chez Deloitte Belgium. “Selon notre enquête, les Belges considèrent ce moyen de transport comme le plus fiable, le plus sûr et le plus pratique. Par ailleurs, pour 43% d’entre eux, le principal enjeu de la mobilité consiste à arriver à destination le plus rapidement possible. Le coût (20%) et la sécurité (18%) apparaissent moins prioritaires.” Les trajets en voiture occasionnent beaucoup de retards, mais les modes de transport alternatifs sont encore plus lents. Dans son étude, le cabinet de conseil plaide dès lors pour un New Deal afin de faire face à la crise de la mobilité dans notre pays. Ce plan repose sur trois piliers.

1. Rendre les alternatives à la voiture plus attrayantes

“L’attractivité des moyens de transport alternatifs, tels que les transports en commun et le vélo, reste trop faible par rapport à la voiture”, explique Sam Sluismans. En termes de satisfaction des usagers du train, la Belgique est en queue du peloton européen. Seules l’Italie, la Roumanie, la Hongrie et la Bulgarie font moins bien. Les scores de satisfaction de la société de transport flamande De Lijn sont également au plus bas.

Les analystes de Deloitte voient du potentiel dans les plateformes multimodales à coups de parking de délestage et de points de recharge pour vélos, scooters et voitures pour passer facilement d’un mode de transport à un autre. Une solution MaaS (mobility as a service ou comment considérer la mobilité comme un service pour tous) qui permet aux navetteurs de planifier, réserver et payer leurs moyens de transport est nécessaire. “Des pôles de mobilité multimodaux autour de Bruxelles pourraient supprimer 20.000 voitures des routes dans la capitale et ses environs. “Une diminution de 10% des voitures sur les axes routiers signifierait une réduction de 40% des embouteillages”, estime Stijn Vandeweyer, directeur de Future of Mobility chez Deloitte.

2. Modifier notre comportement en matière de mobilité grâce à des incitants fiscaux

Le deuxième pilier comprend une révision approfondie de la fiscalité automobile. Même si elle semble être la voie logique à suivre, une taxe kilométrique s’avère politiquement irréalisable. Par ailleurs, la voiture de société est souvent décriée. “Le problème n’est pas la possession d’une voiture, mais son utilisation. Notre comportement en matière de mobilité doit changer et les autorités fiscales peuvent y contribuer”, déclare Christian Combes, Technology Leader chez Deloitte Belgique.

À peine 8% du parc automobile sont des voitures de société. Or, ces dernières représentent 16% de tous les kilomètres-véhicules. Deloitte est convaincu que le nombre de kilomètres parcourus par les 500.000 voitures de société peut être réduit de 10%. “Il faut responsabiliser les propriétaires par rapport à l’utilisation de leur véhicule. L’avantage imposable devra aussi tenir compte de la consommation de carburant tout en limitant l’utilisation de la carte carburant”, suggère Christian Combes.

Deloitte a fait l’exercice. “Nos nouveaux bureaux sont situés à proximité des gares et 42% de nos employés testent des moyens de transport alternatifs. Plus de 4.000 travailleurs y sont ouverts. De cette manière, nous pourrons réduire le nombre de kilomètres parcourus en voiture”, affirme Sam Sluismans.

3. Qui dit voiture, dit électrique

Le troisième pilier du plan de mobilité de Deloitte repose sur l’écologisation du parc automobile. À court terme, cela concerne les véhicules électriques et, à plus long terme, l’hydrogène. L’écologisation du parc automobile peut s’accélérer à la faveur des incitants fiscaux. “Le gouvernement doit repenser sa stratégie financière”, déclare Sam Sluismans. “L’écologisation de la flotte automobile fera diminuer les revenus provenant des droits d’accise sur les combustibles fossiles. Le gouvernement doit réformer le système de sorte que nous puissions évoluer vers la durabilité.”

À long terme, cela se traduira par une augmentation des redevances sur les véhicules diesel et essence et par un taux stable pour les systèmes de propulsion alternatifs plus durables. Dans le même temps, la disponibilité de l’énergie nécessaire va requérir des investissements. Christian Combes prévoit que le nombre de véhicules électriques va augmenter pour atteindre 1,2 million ou 20% du parc d’ici 2030. Aujourd’hui, la flotte belge comprend quelque 45.000 voitures électriques, soit moins de 1%.

Traduction : virginie·dupont·sprl

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