L’inflation, la hausse des taux, la guerre en Ukraine et la chute des Bourses : après un hiver sombre, un printemps lumineux ?
Amid Faljaoui, directeur de Trends-Tendances, a reçu le philosophe politique Luc Ferry ainsi que Xavier Falla et Michel Ernst de CBC Banque Privée pour faire le point sur l’actualité économique et financière. Mais aussi pour déceler les sources d’optimisme et d’amélioration en cette période difficile.
Intitulé ” Un hiver sombre, un printemps lumineux ? “, le webinaire est revenu sur l’inflation, la hausse des taux, la guerre en Ukraine, les tensions avec la Chine et évidemment la chute des Bourses.
L’inflation affecte tous les marchés
Michel Ernst, Stratégiste Actions Senior et un des pères fondateurs de l’indice Bel20, souligne le caractère généralisé de la chute. “Outre les actions, les obligations ont également sombré, connaissant leur premier marché baissier (recul des cours supérieur à 20%) depuis plus de 30 ans. L’or n’a pas non plus échappé à la tendance baissière et les cryptoactifs, comme le bitcoin, ont littéralement sombré. L’origine de cette dégringolade remonte aux premières heures de la sortie de crise du Covid. L’inflation a rapidement accéléré et a fini par dériver en hyperinflation, ce qui a poussé les banques centrales à réagir fortement. Les hausses de taux ont à leur tour alimenté les craintes de récession. Dans un tel environnement, nous avons décidé d’introduire une poche de liquidités d’une dizaine de pour cent dans les portefeuilles que nous gérons afin de réduire le poids des actions et des obligations. Parallèlement, nous avons aussi réorienté nos investissements en actions vers des secteurs comme la santé ou la consommation non cyclique (alimentation…), par essence plus résistants en période de crise, et avons réduit notre exposition aux valeurs de croissance.”
Deux types d’innovation
La récente rechute des valeurs technologiques ne surprend guère Luc Ferry qui souligne que toutes les innovations ne se valent pas. “Le secteur est tombé dans une course à l’innovation purement technologique et comprenant sa propre obsolescence. Les réseaux sociaux n’ont pas permis de connecter l’humanité, mais se sont transformés en déversoir d’insultes et de menaces. De plus, les grands groupes américains, les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), sont aujourd’hui dépassés par les leaders chinois en matière d’intelligence artificielle. Ce qui pose également question par rapport à nos sociétés occidentales où la peur semble nous plonger dans les bras du populisme.”
Investir avec des valeurs démocratiques
“C’est un phénomène auquel nous sommes très attentifs”, embraie Xavier Falla, Directeur général de CBC Banque Privée. “Un groupe comme le nôtre est un fervent défenseur de la démocratie, la bonne gouvernance étant inscrite dans notre politique de durabilité.
Et ce ne sont pas seulement des paroles. Quand le gouvernement de Donald Trump avait clairement franchi les limites, nous n’avons par exemple pas hésité à céder nos positions en bons du Trésor américain afin de ne pas financer un régime contraire à nos principes.
Notre rôle est donc de rester extrêmement vigilants et de répéter l’importance des valeurs démocratiques et des droits de l’homme.”
L’Europe doit reprendre son destin en main
“L’Europe politique n’est toutefois pas parvenue à répondre aux craintes des citoyens”, constate Luc Ferry. “Aujourd’hui encore, elle se laisse dicter sa politique par rapport à l’Ukraine par les États-Unis qui sont les premiers bénéficiaires du conflit. L’Allemagne a acheté des F35 américains, la Pologne passe commande de centrales nucléaires américaines et l’OTAN a soudainement retrouvé de sa superbe, propulsant Joe Biden en chef du monde libre.
Pour mettre fin à ce conflit, il est urgent que l’Europe et la Chine, Vladimir Poutine n’écoutant que Xi Jinping, s’entendent pour amener tant la Russie que l’Ukraine à trouver un compromis.”
Signes rassurants
Michel Ernst observe toutefois une certaine prise de conscience. “L’Europe avance certes lentement, mais elle est en train d’accélérer dans certains domaines où elle est trop dépendante de la Russie ou la Chine.
Par rapport à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Xi Jinping n’a également aucun intérêt à ce que le conflit s’enlise. Ni même à générer une réaction épidermique des Occidentaux en essayant de faire main basse sur Taïwan. La Chine a besoin d’exporter pour soutenir son économie, sa demande intérieure étant insuffisante.
Enfin, en ce qui concerne l’inflation, le stratégiste note un léger ralentissement des prix ces derniers mois, ce qui pourrait bien être le signe que la politique des banques centrales commence à fonctionner.”
Croître autrement
“Vivement la récession” poursuit Michel Ernst en soulignant qu’il ne faut pas confondre une récession, a fortiori contenue, avec une dépression. “Historiquement, une récession est juste le signe d’un ralentissement et marque aussi le début d’une nouvelle accélération.”
“Face aux défis écologiques, il est toutefois clair qu’il va falloir croître autrement en limitant les émissions de gaz à effet de serre et en favorisant le recyclage notamment, ce qu’entend soutenir CBC”, comme l’explique Xavier Falla.
“Évidemment, notre métier reste de faire fructifier des capitaux, mais pas n’importe comment. Nous voulons aussi sensibiliser nos clients à l’impact qu’ils peuvent avoir et à des objectifs comme la transmission aux générations futures, le financement d’entreprises ayant une influence favorable sur le climat ou le soutien d’institutions démocratiques.”
N’hésitez pas à visionner l’intégralité du webinaire ” Un hiver sombre, un printemps lumineux ? “ qui est disponible en ligne.
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