Les 10 choses que Steve Jobs n’a pas inventées

© Bloomberg

Steve Jobs était-il si génial que cela ? Après tout, il n’a inventé aucune des bases de l’informatique, de l’électronique ou de l’Internet. Et plusieurs de ses produits ont eu des devanciers. Mais alors, pourquoi tant de monde cherche-t-il à les copier ? Retour sur les (vraies) contributions d’Apple à l’histoire industrielle.

Steve Jobs n’était ni ingénieur électronique ni programmeur informatique. Il était “seulement” un visionnaire et un leader technologique. L’avalanche d’hommages déclenchée par son décès a suscité chez certains un ras-le-bol, parfois justifié, car l’homme et Apple ont aussi leurs côtés obscurs. Mais face aux panégyriques de circonstance et aux comparaisons avec des génies reconnus, a aussi émergé la volonté de relativiser la réalité des inventions de Steve Jobs.

Car celui-ci a effectivement emprunté beaucoup de bonnes idées. Il a également su s’entourer des bonnes personnes pour mener à bien ses projets. Mais en se penchant sur les produits que son entreprise a créés, on est quand même frappé de voir que beaucoup d’entre eux symbolisent des grands tournants technologiques ou marketing de ces 30 dernières années.

Retour sur toutes ces choses que Steve Jobs n’a pas inventées… et sur ces produits que beaucoup ont cherchés à copier.

1. La micro-informatique (Apple II)

Commercialisé à partir de 1977, l’Apple II ne fut pas le premier ordinateur personnel au monde mais le premier à avoir été produit en masse. Pour Steve Jobs, il est la confirmation de la justesse de ses intuitions technologiques. Pour Apple, créée en 1976 avec Steve Wozniak et Ronald Wayne, il est un bestseller qui met l’entreprise sur de bons rails. L’Apple II et ses évolutions continueront en effet à être vendus jusqu’en 1993, soit bien après le départ forcé de Steve Jobs en 1985. Une longévité qui atteste de sa popularité aussi bien dans le système éducatif américain que dans les entreprises et dans les foyers. Sa facilité d’utilisation, ses logiciels, tels le tableur Visi-Cal, premier du genre – son évolutivité et un prix accessible furent les clés d’un succès concrétisé par la vente de 6,5 millions d’exemplaires.

2. L’interface graphique (le Mac)

Steve Jobs n’a pas inventé la souris ou l’interface graphique. Mais il a compris à l’occasion d’une visite chez Xerox qu’elles étaient l’avenir de l’informatique. Il les a donc mises au centre du projet Macintosh dont il a pris la direction en 1981. Apparu en 1984, le Macintosh 128 est l’ordinateur personnel qui consacre le succès de cette nouvelle interface dans le grand public. Son prix n’était pourtant pas anodin: 2500 dollars, soit près de 5000 aujourd’hui. Parties très fort, les ventes devaient d’ailleurs fortement ralentir par la suite. Mais un style et un esprit Mac sont bel est bien nés à ce moment.

3. La publicité (1984 et “Think Different”)

Steve Jobs ne se contente pas d’être un visionnaire technologique. Il innove aussi au plan marketing et publicitaire. Alors que le conseil d’administration d’Apple est réticent, il pousse la réalisation d’une campagne de pub TV pour lancer le premier Mac. Intitulé 1984, le spot est réalisé par Ridley Scott. Il ne montre jamais le produit vendu et n’explique pas à quoi il sert. Sa diffusion lors du SuperBowl de janvier 84 lui permet de toucher 90 millions de téléspectateurs. La campagne aura finalement coûté 1,5 million de dollars. Le spot est considéré par certains comme la meilleure pub de tous les temps.

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A peine revenu chez Apple, mais pas encore PDG par intérim, Steve Jobs convoque des agences de communication en août 1997. Leur mission? Présenter de nouvelles idées pour relancer les ventes et redorer le blason de la société. Il faut dire qu’il y a urgence. Le groupe perd de l’argent depuis plusieurs années. Le résultat concocté par l’agence TBWA/Chiat/Day sera un slogan “Think Different” et un spot mettant en avant l’esprit de rupture d’Apple en plaçant l’entreprise dans la lignée des Enstein, Martin Luther King, Mohamed Ali… Un slogan qui trouvera son illustration dès l’année suivante avec l’iMac et qui sera utilisé jusqu’en 2002.

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4. Le design (L’iMac)

Deux ans après son retour chez Apple en tant que simple conseiller, et un an après avoir été nommé PDG par intérim, Steve Jobs lance l’iMac, l’ordinateur de la dernière chance pour une entreprise en grosses difficultés financières. L’iMac est ainsi la première application de la maxime du “Think Different”. Son design, dû à Jonathan Ive, est en rupture totale avec celui des PC. Avec cette coque colorée et translucide, l’informatique devient un produit fun. Au niveau fonctionnel, c’est également le retour de l’ordinateur tout en un chez Apple et des choix radicaux comme l’abandon du lecteur de disquette ou le recours à des technologies du monde Wintel… 800.000 unités seront vendues en 1998, permettant à Apple d’engranger son premier bénéfice annuel depuis 5 ans. L’iMac de 2011 ne ressemble pas du tout à son illustre ancêtre mais il lui fait honneur : il était à la mi-2011 l’ordinateur de bureau le plus vendu aux Etats-Unis.

5. Le système d’exploitation multitâche (Mac OS X)

Les difficultés d’Apple dans les années 90 s’illustrent notamment par son incapacité à moderniser son système d’exploitation. Son avance sur Microsoft a fondu avec la sortie de Windows 95 qui propose aussi une interface graphique. Apple ne sortira de son inaction qu’en 1997 en rachetant NeXT, l’éditeur informatique créé par Steve Jobs après son départ forcé. Le banni de 1984 revient donc avec les briques logicielles du futur Mac OS X, qui sortira en 2001. Apple se dote ainsi enfin d’un système d’exploitation multitâche fondé sur Unix, gage de stabilité. Il innove entre autres par le design de son interface Aqua et sa simplicité. Et cette révolution interne se réalise en douceur car Steve Jobs a prévu un système (Classic) pour permettre aux fidèles de la marque de continuer à faire tourner leurs anciens logiciels sur les ordinateurs équipés de Mac OS X.

6. L’ordinateur ultra-portable (MacBook Air)

Steve Jobs a laissé tomber en 2007 le mot “computer” jusque là associé à la marque Apple. Il officialise ainsi le fait qu’il n’est plus à la tête d’un simple groupe informatique. Mais il n’a pas renoncé à ses ambitions dans cette activité historique. La sortie de la première génération du MacBook Air en 2008 en est la preuve. Ce qui n’est alors qu’un ultra-portable parmi d’autres va se transformer deux ans plus tard en un best seller et nouveau standard du marché. Avoir renoncé au disque dur et au lecteur de DVD ne l’empêche pas de cartonner malgré le boom parallèle de l’iPad. Le MacBook Air est en effet le portable le plus vendu aux Etats-Unis. La performance lui vaut aujourd’hui d’être copié. Intel propose en effet aux fabricants des univers Windows et Android de revivifier les ventes faiblardes de PC avec son concept ” d’ultrabook ” qui ressemble furieusement au MacBook Air.

7. Le baladeur numérique (L’iPod)

En 2001, Steve Jobs enclenche une diversification surprise sur le marché encombré des baladeurs numériques. Alors que certains se demandent ce qu’Apple va faire dans cette galère, l’iPod parvient à révolutionner aussi bien la navigation que la gestion de la discothèque et le transfert des fichiers depuis l’ordinateur, grâce à l’intégration parfaite du logiciel iTunes. Le marketing Apple transforme l’essai en faisant de ce produit l’icône d’une génération. Le premier modèle, qui permettait de stocker 1000 chansons, offrait une autonomie de 10 heures. Les nombreuses déclinaisons qui ont suivi, avec une taille mini, une mémoire flash, un écran couleur, tactile, une connexion wi-fi ont porté le nombre d’iPods vendus dans le monde à près de 300 millions aujourd’hui. L’iPod est toutefois aujourd’hui concurrencé par les smartphones. Ses ventes, qui ont représenté jusqu’à 50% du chiffre d’affaires d’Apple, ne pèsent plus que 7%.

8. La vente en ligne de produits numériques (iTunes/App Store)

Steve Jobs n’a bien sûr pas inventé la vente de musique en ligne. Mais personne avant lui n’avait convaincu les majors du disque qu’on pouvait y gagner de l’argent. Avec une idée toute bête : vendre des titres à l’unité au lieu d’essayer de fourguer l’album entier. Ouvert en 2003, l’iTunes Music Store a surfé sur le succès de l’iPod, dont il est le pourvoyeur payant attitré de musique, pour devenir la plateforme n°1 de musique en ligne avec près de 10 millions de titres à son catalogue. Apple s’est attaqué ensuite au marché de la vidéo en ligne, des jeux en ligne, des applications en ligne et des livres numériques. L’App Store lancé en 2008 dans une mise à jour d’iTunes transforme ce qui n’était qu’un créneau de distribution réservé aux professionnels en une industrie grand public générant des milliards de dollars.

9. Le smartphone (L’iPhone)

L’entrée d’Apple sur le marché des smartphones en juin 2007 a paru encore plus osée que sa diversification dans la musique numérique. La firme à la pomme défiait en effet non seulement les géants des mobiles, comme Nokia, que les spécialistes des smartphones comme RIM et son BlackBerry ou Palm. Or le premier iPhone avait des faiblesses. Une simple connectivité 2G, un appareil photo de seulement 2 megapixels ou encore l’incapacité à effectuer des copier-coller. Sans parler du prix élevé. Mais il compensait, une fois de plus, par sa facilité d’utilisation, et arme secrète, par un écran tactile capacitif, de bien meilleure qualité que la concurrence. Les versions 3G ultérieures ont corrigé une partie des défauts et transformé l’essai. Aujourd’hui, Palm n’existe plus, Nokia et RIM sont en difficulté et Apple truste la moitié des profits de toute l’industrie du mobile. Il doit désormais défendre ses positions face à la concurrence des modèles sous Android en général et de Samsung, en particulier. Le tout dernier modèle d’iPhone 4 S va tenter de convaincre qu’il possède toujours une longueur d’avance en termes d’usages.

10. La tablette numérique (L’iPad)

Alors que le monde du PC ne jure que par les netbooks, Apple dégaine la tablette iPad en janvier 2010. Huit ans après le premier “tablet PC” lancé par Bill Gates et Microsoft. Encore une fois, Steve Jobs n’a rien inventé. Mais il le fait au bon moment technologique et avec toute la crédibilité que le groupe a acquise grâce à 10 ans de succès. Pourtant, les critiques étaient bien là au départ, s’interrogeant sur l’utilité de l’iPad et n’y voyant qu’un gros iPhone. Moins de deux ans plus tard, la tablette est devenue une évidence pour tout le monde. Les industriels de l’informatique misent désormais sur elle pour entrer dans l’ère de “l’après PC”. Et les médias y voient leur sauveur dans celle de l’après papier. En attendant, Apple s’est approprié les trois-quart du marché et devrait conserver une position dominante encore quelques années malgré la concurrence d’Android et l’arrivée prochaine de Windows 8.

Yves Adaken, L’Expansion.com

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