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A quoi sert ce futur accord de libre-échange avec les USA?

Les discussions sur un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne ont démarré ce lundi – et cela, malgré la désagréable découverte que les Etats-Unis espionnaient leurs alliés européens. Mais au-delà de cette couleuvre avalée par les Européens, la question est simple : à quoi sert ce futur accord de libre-échange avec les USA, peut-il renforcer notre croissance ?

Réponse : pas vraiment, ou alors marginalement, mais comme le disait l’économiste Jean-Marc Daniel à nos confrères de La Tribune.fr, cela aura pour effet de stimuler le commerce entre les deux continents. L’idée de cet accord, dit-il, est d’abaisser les droits de douane ; ce qui, en clair, revient à abaisser un impôt qui au final se répercute sur tout le monde et donc cela revient à augmenter le pouvoir d’achat de la population.

Evidemment, la deuxième question qui vient immédiatement à l’esprit est tout aussi simple que la première : sachant que nous sommes en récession et que notre compétitivité est faible, ouvrir aujourd’hui des discussions de libre-échange avec les Etats-Unis, n’est-ce pas se tirer une balle dans le pied ?

Là encore, les économistes de tendance libérale se montrent optimistes. Bien entendu, cela augmentera la concurrence, disent-ils, mais cela augmentera aussi les débouchés. Et donc la réponse, selon eux, à l’accroissement de la concurrence doit être d’augmenter notre productivité en Europe. Ils disent également que cela fera disparaître des emplois, mais que cela en créera d’autres aussi, on parle de 800.000 emplois crées 50-50 de part et d’autre de l’Atlantique.

D’autres économistes comme André Sapir de l’ULB (également interrogé par La Tribune.fr) ne sont pas aussi chauds face à cet accord de libre-échange. D’abord, parce que la Commission européenne parle d’un revenu supplémentaire pour l’UE de 100 milliards d’euros, soit à peine 0,6 % de son revenu annuel. L’impact n’est pas terrible selon lui.

Et donc, à l’inverse d’autres économistes, André Sapir ne voit aucun intérêt à cet accord. Pour quelle raison ? Mais parce que selon lui, “ce qui est faisable n’est pas intéressant et ce qui est intéressant n’est pas faisable”. Ce qu’il veut dire par là, c’est que les barrières tarifaires entre les États-Unis et l’UE sont déjà faibles (de l’ordre de 3% en moyenne) et donc relativement faciles à éliminer. Mais, justement parce que ces barrières sont faibles, les avantages escomptés par cet accord seront eux aussi extrêmement faibles.

En revanche, là où les gains pourraient être importants, c’est sur les barrières non tarifaires, autrement dit sur les normes exigées par les autorités pour autoriser la vente d’un produit sur son territoire. En clair, on parle, par exemple, ici de l’interdiction d’importer en Europe des organismes génétiquement modifiés (OGM) américains. Bref, tout ce qui fait que les Américains et les Européens ne sont jamais arrivés à se mettre d’accord. Les négociations risquent donc bien de durer deux ans comme cela a été prévu.

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