Les nouveaux hommes forts de France Télévisions

Ce lundi, c’était jour de passation de pouvoir à France Télévisions. Rémy Pfimlin a pris officiellement la place de Patrick de Carolis à la tête du groupe, et en a profité pour présenter les membres de sa nouvelle équipe. Portraits.

Rémy Pfimlin, président

Contre toute attente, Rémy Pfimlin, ancien patron de France 3, est nommé par Nicolas Sarkozy, en pleine affaire Woerth-Bettencourt, à la présidence de France Télévisions. A l’inverse d’Alexandre Bompard, petit favori du président, cet homme de 56 ans est connu pour sa personnalité discrète, sans étiquette particulière. Nicolas Sarkozy évoque alors une décision dictée par la raison : “J’ai fait le choix de la continuité, non celui de la réforme”, plaide-t-il sans enthousiasme.

Un choix par défaut qui pourrait affaiblir un homme déjà accusé par ses pairs d’être trop consensuel. Certes, il a réussi, à force de conciliations, à mener à bien le plan de sauvetage de Presstalis, les ex-NMM, société chargée de distribuer une grande partie de la presse en France. Et ce, sans trop de casse. Mais on le craint trop faible pour s’opposer aux exigences élyséennes. Certains l’accusent même de complaisance à l’égard de l’exécutif, avec, pour preuve, la récente éviction d’Arlette Chabot de la direction de l’information de France 2.

Quoi qu’il en soit, pour Rémy Pfimlin, l’entrée en matière risque d’être difficile. Les chantiers qui l’attendent sont nombreux et complexes. Il devra notamment régler la question du financement de France Télévisions et de la fin de la publicité en journée, reprendre les négociations sur la convention sociale unique du groupe, et adapter celui-ci à la nouvelle donne numérique.

Bruno Patino, DGD à la stratégie numérique, et direction de France 5

Il sera l’un des socles de la nouvelle politique numérique de France Télévisions. Depuis 2008 à la tête de France Culture, Bruno Patino (45 ans) se fait surtout connaître au début des années 2000 lorsqu’il prend la tête, en tant que directeur général puis président, de la filiale interactive du groupe Le Monde. Le Monde.fr, l’un des premiers sites Web de la presse française, est un succès indéniable. On reconnaît alors, au tout jeune directeur, une vision moderne, en avance sur son temps.

Parallèlement, il est promu en 2003 à la tête de la publication de l’hebdomadaire Télérama et participe activement à l’élaboration de sa nouvelle formule. En juin 2007, après l’éviction de Jean-Marie Colombani, il est élu à la vice-présidence du directoire du groupe Le Monde aux côtés de Pierre Jeantet, mais démissionne six mois plus tard, dans un contexte de crise de confiance avec les actionnaires salariés. Il est question d’indépendance des journalistes mais aussi des choix numériques du dirigeant, trop affirmés du goût des journalistes du quotidien papier.

A la tête de France Culture, il fait peu de remous mais parvient à placer son antenne à la 4e place du groupe Radio France. Quant à la télévision, il n’en a qu’une expérience très brève, un passage éclair de six mois chez Canal +.

Thierry Thuillier, directeur de l’information de France 2

C’est certainement la nomination qui fait le plus polémique. Pas forcément en raison de la personnalité du nominé mais plutôt de celle qu’il évince, Arlette Chabot, qui pourrait avoir fait les frais d’une volonté présidentielle affichée. Elle sera donc remplacée par Thierry Thuillier (47 ans), actuel directeur de l’information d’I-télé et ex-journaliste de la maison, qu’elle avait elle-même nommé rédacteur en chef du journal de 20 heures de France 2, avant que ce dernier ne quitte le navire pour Canal +.

Comme pour Rémy Pfimlin, le doute subsiste sur l’indépendance du journaliste, que l’on dit “très bien vu” à l’Elysée. Quant à ses qualités professionnelles, elles sont reconnues. L’ancien “Monsieur International” de France 2 a, notamment, largement participé au redressement de l’audience du JT à la suite de la présidentielle de 2007. Il partira pourtant avec un lourd handicap, celui d’avoir été adoubé par le président de la République.

Les autres nominations sont :

Martin Ajdari à la direction déléguée générale des finances. Actuel n° 2 de l’Opéra de Paris, Martin Adjari a passé cinq ans à Radio France au poste de directeur général délégué à la gestion et à la production.

Patrice Papet à la direction des ressources humaines. Comme Martin Adjari, il faisait partie des piliers de la brillante équipe réunie autour de Jean-Paul Cluzel à Radio France.

Emmanuelle Guilbart à la coordination des programmes, chargée de France 4. En 2005, elle rejoint le groupe Lagardère et y assure le lancement de la chaîne Gulli sur la TNT.

C’est l’une des nouveautés de cette équipe. Afin de garantir l’indépendance des chaînes du groupe, chacune d’elles aura désormais un directeur.

Claude Yves Robin chargé de France 2. A 30 ans, il prend la direction générale de Canal J et, en 2008, devient directeur général de France 4.

François Guilbeau chargé de France 3. Il rejoint le groupe France Télévisions en 1995 en tant que directeur chargé de la coordination de France 3. Après un bref passage au sein de la société GM Consultant, il réintègre le groupe et est nommé directeur général de France 2 en 2007.

Julie de la Brosse, L’Expansion.com

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content