Les plates-formes de prêts entre particuliers révolutionnent le crédit à la consommation

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Pour financer la création de son entreprise, il est désormais très simple d’éviter les intermédiaires bancaires, grâce au crowdfunding. Certains misent aussi sur l’extension de ce concept aux prêts… entre particuliers.

Contracter un crédit auprès d’une banque pour financer sa voiture, ou s’acheter une nouvelle télévision peut vite s’avérer être un véritable parcours du combattant. Mais c’était sans compter le développement d’établissements d’un nouveau genre : des plates-formes qui vous permettent d’emprunter de l’argent directement à des particuliers. Si Lending Club, Prêt d’Union et tant d’autres se sont engouffrées dans la brèche, c’est que le marché semble porteur et avantageux… pour tous.

Le marché américain évalué à 3 000 milliards de dollars

Prêt d’Union est né en octobre 2011. Un peu plus d’un an plus tard, et après avoir levé cinq millions d’euros, la plate-forme a obtenu le Graal : l’agrégation d’établissement de crédit prestataire de services d’investissement, octroyée par l’Autorité de Contrôle Prudentiel (ACP). Cela faisait quinze ans que ça n’était pas arrivé en France pour une société qui ne soit pas une filiale de banque.

Depuis 2012, sa formule du prêt entre particuliers semble séduire. Le site affiche ainsi une croissance à en faire pâlir d’envie ses concurrents. En seulement un an, il a doublé le nombre de crédits accordés aux ménages, qui se comptent en dizaines de millions d’euros. Lorsqu’on sait qu’il perçoit à chaque fois une commission à hauteur de 2%, on ne s’inquiète pas vraiment pour son avenir…

Dans d’autres pays, le concept est déjà bien implanté. C’est le cas en Angleterre, où les plates-formes de ce type rencontrent un franc succès. En 2014, elles auraient vu passer entre leurs mains plus de 680 millions d’euros selon Positive Post. Aux Etats-Unis, les chiffres affichés par Lending Club font exploser les records. Ce site qui offre des prêts plafonnés à 35 000 dollars se qualifie lui-même comme étant “le plus grand marché au monde du crédit en ligne”. Durant le dernier quart d’année, il aurait prêté près d’un milliard et demi de dollars à monsieur et madame tout le monde. Au total, le marché américain du crédit à la consommation serait évalué à pas moins de 3 000 milliards de dollars. En France, où a choisi de s’implanter Prêt d’Union, il représenterait 40 milliards d’euros.

Des taux compétitifs, et des prêts peu risqués

Sur ce marché lucratif, les banques pourraient bien y perdre gros. Prêt d’Union et ses acolytes ne manquent en effet pas d’atouts pour séduire leurs clients d’autrefois. Pour les emprunteurs d’abord, les taux d’intérêt y sont relativement bas. Ils oscilleraient entre 4 et 6,5% selon la durée du prêt, et le profil des emprunteurs. La moyenne serait évaluée à 5,6%. Or d’après la Banque de France, dans l’Hexagone où le société s’est implantée, le taux moyen pratiqué par les banques en décembre 2014 était de 6,6%. Dans la zone euro, il grimpe même à 7,6% à la même période. Si les taux proposés par le site sont si compétitifs, c’est parce que se passer des banques, c’est aussi éviter leurs commissions parfois élevées.

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Du côté des prêteurs, le jeu en vaut également la chandelle. Ils bénéficient d’un taux de rendement plutôt bon, et leur investissement et peu risqué, grâce à une sélection drastique opérée par le site parmi ses clients. Sur près de 3 milliards d’euros de demandes de crédit, le site n’en aurait ainsi accepté que 164 millions.

Même les prêteurs sont très encadrés, et doivent remplir des conditions bien précises, comme la détention d’un portefeuille d’instruments financiers supérieur à 500 000 euros, ou encore des connaissances sur les investissements qui ne peuvent être justifiés que par une expérience professionnelle dans le secteur. Si Prêt d’Union joue les difficiles, c’est à cause d’une petite clause de solidarité entre les acteurs : chaque investisseur doit partager les pertes des autres. Reste donc à espérer que tous les emprunteurs soient de bons élèves du remboursement, pour pouvoir réellement bénéficier des avantages de la plate-forme…

Perrine Signoret

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