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Budget: ‘Plus facile de taper sur les doigts de la Belgique que sur ceux des plus grands États’

Les problèmes budgétaires belges perdurent et la Belgique risque d’être mise à l’amende l’année prochaine, déclare la Commission européenne. “2016 est de toute façon une année budgétaire perdue. Pour 2017, on risque la même chose”, estime Alain Mouton, journaliste pour la version néerlandophone de Trends.

Le déficit budgétaire nominal de la Belgique flirte avec la limite dangereuse des 3%. Mais surtout, l’assainissement structurel des finances de l’État n’est pas en bonne voie. Le gouvernement Michel allait assainir le solde budgétaire structurel (le solde corrigé des mesures ponctuelles et des chocs conjoncturels) à chaque fois de 0,6% du PIB (2,5 milliards d’euros) cette année-ci et l’an prochain. En vérité, on n’y arrivera pas cette année. Le déficit budgétaire structurel augmenterait même de 0,1%. 2016 est tout simplement, une fois de plus, une année budgétaire perdue.

Il est plus facile de taper sur les doigts de la Belgique que sur ceux des plus grands États

Du point de vue de la Commission européenne, le problème se situe au niveau du tax shift, qui n’est pas complètement financé. Actuellement, les dépenses publiques primaires (corrigées des charges d’intérêt) continuent à avoisiner les 50% du PIB. Le message de la Commission est dès lors le même pour la énième fois: le gouvernement fédéral doit davantage faire des économies dans les dépenses. Le temps presse, car comme les coûts du vieillissement grimpent de plus en plus, le gouvernement devrait en effet à nouveau enregistrer des excédents primaires (recettes moins dépenses sans les charges d’intérêt). Le solde primaire – une fois de 0,3% du PIB, puis à nouveau de 0,1% – est beaucoup trop faible et doit donc d’urgence être relevé. Cela sera-t-il le cas en 2017 ? Étant donné le faible parcours budgétaire du gouvernement Michel et les tensions internes entre les partenaires de la coalition, il y a peu de chance que cela réussisse.

Il est toutefois singulier que la Commission européenne mette surtout la pression sur la Belgique. Dans d’autres États de l’UE aussi (Italie, Espagne, France…), les finances publiques ne sont pas au beau fixe, mais il y a une tendance à ne pas intervenir trop sévèrement à l’encontre de ceux-ci. Selon le raisonnement probable de la Commission, des économies trop dures pourraient mener à une trumpisation de l’électorat. Et puis taper sur les doigts de la Belgique, c’est probablement plus facile que de remettre un des plus grands États membres à sa place.

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