Trends Tendances

À quoi servent encore les administrateurs dans une société ?

La question mérite d’être posée au vu de l’actualité récente. Prenons le cas du sauvetage de la Banco Espirito Santo, la plus grande banque privée du Portugal, par le gouvernement local, le week-end dernier.

Banco Espirito Santo. Voilà une banque qui était au bord du gouffre et qui n’a pu être sauvée qu’en étant découpée en deux. D’une part, les actifs toxiques, les mauvais actifs donc, réunis dans une entité A. Et puis, les bons actifs, réunis, eux, dans le cadre d’une autre entité B. Cette séparation avait pour but notamment d’éviter que ce ne soit l’Etat, et donc les contribuables, qui ne passe à la caisse pour sauver cette banque. Au final, ce seront d’abord les actionnaires qui boiront la tasse et non plus les contribuables.

Or, qu’a-t-on constaté durant cette pénible déconfiture bancaire et qui aurait d’ailleurs pu contaminer le reste de la zone euro ? C’est que l’un des actionnaires principaux de cette banque portugaise n’est autre que le Crédit Agricole ! Donc, non seulement cette banque française va perdre de l’argent dans cette affaire, mais on découvre aussi que cette institution disposait de cinq administrateurs au sein de Banco Espirito Santo. Certains observateurs se posent déjà la question de savoir si ces cinq personnes n’étaient pas aveugles ou sourdes pour ne pas avoir tiré la sonnette d’alarme beaucoup plus tôt. Qu’un petit actionnaire se fasse gruger, soit, mais qu’une grande banque devienne une sorte de “victime aveugle”, cela incite à se poser des questions sur la qualité de son management…

Au fond, c’est un peu la même question que la presse s’est posée au sujet des deux administrateurs belges de la banque française BNP Paribas, qui comme vous le savez sûrement a dû payer une amende de plusieurs milliards d’euros à la justice américaine. Ces deux administrateurs savaient-ils que BNP Paribas avait détourné l’embargo américain sur le Soudan et sur d’autres pays comme l’Iran et Cuba ? Et s’ils n’ont rien vu ou entendu, quel est alors l’intérêt de leur rôle au final ?

Être administrateur indépendant d’une société, c’est exercer son rôle de regard externe, c’est poser des questions dérangeantes, c’est ne pas se contenter de réponses lénifiantes de la part de la direction. Bref, c’est tout sauf se faire mener en bateau. Mais l’actualité récente démontre hélas que dans trop de cas, l’administrateur indépendant se révèle être une potiche – une potiche diplômée, une potiche avec un beau cv, mais une potiche quand même.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content