Rien ne pas plus pour l’immobilier en Espagne : une agence sur deux a fait faillite. Comme quoi, les villes fantômes ne sont pas réservées aux vieilles bandes dessinées de Lucky Luke.
Le gouvernement espagnol a revu ses prévisions de croissance à la baisse. Il a également prévu une augmentation du chômage assez forte. Le secteur de la construction a supprimé à lui seul 122.000 emplois sur les trois derniers mois… et ce n’est pas fini.
A l’origine du blues des Espagnols : les faillites en chaîne dans le secteur de l’immobilier. Le journal El País a indiqué que 40.000 agences immobilières auraient disparu l’an dernier en Espagne, soit une agence sur deux. Avec, à la clé bien entendu, 100.000 emplois supprimés aussi sec. Les promoteurs ne sont évidemment pas en reste, puisqu’ils licencient à la pelle.
Toutefois, la goutte qui a fait déborder le vase et donc mis le moral des Espagnols en dessous de zéro, c’est la [faillite du promoteur immobilier Martinsa-Fadesa]. L’annonce a fait l’effet d’une douche froide. Et même José Luis Zapatero, le Premier ministre qui refusait jusqu’ici de reconnaître que son pays était en crise, doit aujourd’hui avouer que rien ne va plus au pays de la cerveza.
La raison de ce désordre immobilier est double. D’un côté, on constate une suroffre. Un seul chiffre pour vous donner le tournis : en 2004 – je cite l’année 2004 car c’est la dernière année pour laquelle, le journal L’Echo a pu trouver des statistiques – l’Espagne a construit 700.000 logements, soit autant que la France et la Grande-Bretagne. Or, l’Espagne n’a que 40 millions d’habitants… et ce n’est pas l’achat de résidences secondaires par des étrangers qui peut justifier une telle différence.
De l’autre, on observe une hausse des taux d’intérêt. Hausse qui a pris à la gorge beaucoup de ménages et des spéculateurs.
La conjonction des deux éléments explique l’atterrissage forcé du marché immobilier ibère. Si vous voulez une preuve de ce marasme, visitez El Quiñon (près de Cordoue), comme l’indique le journal L’Echo, l’un des deux villages qui se sont transformés en villages fantômes. Des quartiers entiers construits par des promoteurs ne sont occupés que par quelques malheureux, à la fois les premiers et les derniers à acheter. Comme quoi, les villes fantômes ne sont pas réservées aux vieilles bandes dessinées de Lucky Luke.