Pour le CEO de Belfius, le rachat en France de Groupama Banque par Orange n’a rien de surprenant.
Un opérateur télécom qui rachète une banque. Tel est le tournant stratégique que vient d’emprunter le groupe Orange (maison mère française de Mobistar) en annonçant être entré en négociations exclusives avec l’assureur mutualiste Groupama pour le rachat de sa filiale bancaire. But de l’opération : la création sur le marché français d’Orange Banque, une offre bancaire 100 % mobile. Verra-t-on un jour Mobistar proposer des services bancaires ? L’avis de Marc Raisière, CEO de Belfius.
TRENDS-TENDANCES. Ce rachat de Groupama par Orange vous étonne-t-il ?
MARC RAISIÈRE. Absolument pas. Il est logique qu’un opérateur comme Orange s’intéresse au monde bancaire. Par ailleurs, cela renforce ma conviction quant aux choix opérés depuis mon arrivée à la tête de Belfius et l’orientation prise par la banque d’investir 100 millions d’euros au cours des trois prochaines années sur ce créneau essentiel qu’est aujourd’hui le digital. Cela confirme notre stratégie : le mobile sera notre première agence.
Après les Gafa et les fintechs, les opérateurs télecoms sont-ils une nouvelle menace pour les banques ?
On ne s’improvise pas banquier. Ce n’est pas parce qu’un opérateur comme Orange rachète Groupama Banque qu’il sera meilleur que la Société Générale ou Belfius en termes d’applications mobiles pour des produits bancaires. J’ai même des doutes à ce sujet-là. Pour avoir été client d’Orange lorsque je travaillais en France pour le groupe Axa, je n’ai pas été impressionné par les services de l’opérateur. Le meilleur signe de ses manquements, c’est la percée de Free sur le marché français. Quant à Groupama Banque, filiale de Groupama Assurance, elle n’avait pas d’avenir au sein de cette compagnie.
Tout de même : les opérateurs télécoms bénéficient d’une image positive auprès du grand public et leurs réseaux de points de vente génèrent du trafic, contrairement aux agences bancaires qui se vident.
C’est vrai. Mais à nouveau, on ne s’improvise pas banquier. Hormis les paiements, les produits bancaires restent particulièrement compliqués. Par ailleurs, nous venons de signer quatre partenariats stratégiques avec des fournisseurs (NG Data, Inventive Designer, Eggsplore et Proximus) qui me paraissent bien meilleurs que ceux d’Orange.
A quand un rapprochement entre Proximus et Belfius ? Vous avez le même actionnaire.
C’est un beau couple (sourire). Les collaborations sont évidentes. Mais le prix pour racheter Belfius est élevé (sourire). Plus sérieusement, nous avons signé avec Proximus un partenariat en novembre dernier pour transformer et améliorer la connectivité de nos agences. Et Proximus nous a fait une belle offre.