Stephen Urquhart (Omega) présente la nouvelle Globemaster

Inspirée par l’Histoire, motorisée pour le futur, la Globemaster Master Chronometer incarne de nouvelles normes de certification de qualité appelées à influencer l’ensemble de l’industrie horlogère. Mais qui pourra suivre Omega dans cette voie ? Rencontre avec le président de la marque, Stephen Urquhart.

A la tête, depuis 2000, d’un label où il avait entamé sa carrière 32 ans plus tôt, Stephen Urquhart a aujourd’hui toutes les raisons d’être satisfait de l’évolution d’Omega. Forte d’un chiffre d’affaires de 2,2 milliards de francs suisses pour une production d’environ 880.000 montres, la ” locomotive ” du Swatch Group continue à capitaliser sur son mouvement Co-Axial.

Stephen Urquhart : ” Au sens historique du terme, pratiquement tous nos calibres sont aujourd’hui “manufacture”. La production est réalisée essentiellement à Granges dans un bâtiment complètement autonome d’ETA (NDLR : manufacture suisse développant des mouvements pour l’horlogerie mondiale), et nous disposons également d’un site à Villeret. Toutes nos montres masculines sont désormais animées par des mouvements Co-Axial à échappement silicium, à l’exception de la Moonwatch dont nous avons gardé le calibre d’origine. Faut-il le conserver définitivement ? Il y a du pour et du contre mais il est certain que nous pourrions l’équiper aujourd’hui d’un meilleur mouvement “.

DOUBLE CONTRÔLE DE QUALITÉ

L’avenir, il ne cesse d’en être question au siège de la marque à Bienne, où l’achèvement du nouveau bâtiment est prévu pour le second semestre 2016. Il sera dédié à ce que l’on appelle, dans le jargon de l’industrie horlogère, le T2 – autrement dit, l’habillage et le contrôle des montres finies. C’est là aussi que trouvera place, définitivement, le nouveau processus de certification Master Chronometer, sous le contrôle de l’organisme officiel suisse qui en a fixé les critères, à savoir l’Institut Fédéral de Métrologie (METAS).

Aujourd’hui limitées à la nouvelle collection Globemaster récemment dévoilée à Bâle, ces normes portant notamment sur la résistance au magnétisme, seront progressivement appliquées à l’ensemble des montres mécaniques de la marque.

L’arrivée du certificat Master Chronometer signifie-t-il la sortie à terme d’Omega du Contrôle Officiel Suisse des Chronomètres (COSC) ? Stephen Urquhart : ” Absolument pas ! Bien sûr, il est normal que l’on nous pose la question, car c’est ce que nous avions laissé entendre lors de la conférence de presse tenue en décembre dernier pour annoncer la certification que nous allions opérer avec l’Institut Fédéral de Métrologie. Depuis, nous nous sommes rendu compte qu’il était très important de garder l’appellation “Chronomètre” à nos montres. Pour demeurer juste et crédible à l’égard de tous, en ce compris le METAS, il est impératif de conserver le COSC, qui – c’est un fait établi – assure la garantie du chronomètre. Il n’est dès lors pas question de revenir là-dessus, mais nous changeons légèrement la donne. Comme auparavant, tous les mouvements Omega seront envoyés au COSC. Mais dès qu’ils en seront revenus, débutera alors l’autre procédure établie avec le METAS sur base de huit critères supplémentaires “.

Le mouvement est orné d'un médaillon commémorant les records de précision historiques d'Omega.
Le mouvement est orné d’un médaillon commémorant les records de précision historiques d’Omega.

L’ENNEMI INVISIBLE

La grande nouveauté de la certification Master Chronometer (voir encadré)est de prendre en compte pour la première fois la résistance des montres aux effets des champs magnétiques, dont l’intensité se mesure en gauss. Le magnétisme exerce sur la marche d’un mouvement mécanique une influence néfaste qui se traduit généralement par une avance importante de la montre.

La norme industrielle de l’horlogerie suisse en matière de protection des montres mécaniques est aujourd’hui de 75 gauss. C’est en principe suffisant pour qu’une montre soit à l’abri des interférences d’un écran d’ordinateur ou du fermoir aimanté d’un sac à main, mais cela se révèle insuffisant lorsqu’on se trouve à proximité d’enceintes hi-fi ou que l’on passe par les portillons de sécurité d’un aéroport. De fait, on estime chez Omega, que toutes marques confondues, environ 15 % des retours en service après-vente seraient dus la magnétisation du mouvement.

La première étape marquante d’Omega vers la création d’un mouvement antimagnétique a été le lancement, en 2008, du spiral en silicium Si14. Les axes et les pivots de ce calibre sont en Nivagauss?, les planches en acier de l’échappement Co-Axial ont été remplacées par des planches non magnétiques, et le ressort de l’absorbeur de chocs a été fabriqué dans un matériau amorphe.

15 % des retours en service après-vente seraient dus à la magnétisation du mouvement.

Ces avancées technologiques comptent parmi celles qui ont permis le lancement, l’an dernier, des premières montres équipées de calibres Master Co-Axial, capables de résister à des champs magnétiques supérieurs à 15.000 gauss.

L’étape suivante pour Omega consistait à faire reconnaître cette résistance exceptionnelle au magnétisme par un organisme officiel indépendant, et d’offrir un habillage spécifique à sa nouvelle génération de mouvements. C’est désormais chose faite.

EN FORME DE MOULE À TARTE

La Globemaster se présente sous les traits d’une montre sport chic au diamètre de 39 mm, disponible en acier, en or SednaTM (alliage d’or, de palladium et de cuivre d’une grande brillance), en or jaune et en or/acier.

Stephen Urquhart justifie comme suit le choix du classicisme. ” Vu le contenu technologique de cette montre et cette nouvelle certification assez exceptionnelle, nous aurions pu développer un design hors norme. Mais cela ne correspond pas à l’ADN de la marque. Nous possédons un héritage historique d’une richesse telle que nous n’avons aucun mal à y trouver nos sources d’inspiration “.

L’un des traits marquants de la Globemaster est sa lunette cannelée que d’aucuns n’ont pas manqué, en la découvrant, de rapprocher de celle de la Cellini de Rolex. Mais Stephan Urquhart affirme que, si emprunt il y a, il ne vient sûrement pas d’Omega… ” Notre musée possède des pièces de 1918 qui étaient déjà dotées d’une lunette cannelée. Et on la retrouve également sur des modèles Constellation de la fin des années 1960. “

La collection Constellation, née en 1952, fut la première à accueillir des montres ” Chronomètre certifié ” dans les années 1970. Il est donc légitime de voir le design de la première montre Master Chronometer évoquer d’anciens traits distinctifs de cette famille. Dont le boîtier ” C ” – très confortable au porter et caractéristique, lui aussi, comme la lunette cannelée, des modèles Constellation des sixties – et le cadran biseauté à 12 faces qui remonte, lui, à 1952 (les collectionneurs le surnomment “pie pan”, en raison de sa ressemblance avec un moule à tarte renversé).

Les nouvelles normes seront appliquées à toutes les montres mécaniques de la marque.

L’histoire d’Omega, et de sa longue course à la précision, s’écrit également au dos de la montre où un médaillon représente la coupole de l’observatoire de Genève surmontée de huit étoiles. Soit le nombre de critères liés au titre de Master Chronometer, mais aussi celui des records historiques établis par la marque dans des concours de chronométrie.

APPELLATION NON PROTÉGÉE

Et l’aventure va assurément se poursuivre. Stephen Urquhart s’est donné cinq ans pour généraliser la nouvelle certification à l’ensemble des montres mécaniques d’Omega – soit à l’heure actuelle plus d’un demi-million de pièces par an.

Il est à noter que l’appellation Master Chronometer a été choisie parce qu’il s’agit d’un nom générique qu’Omega ne souhaitait pas protéger. Toute marque qui le désire peut donc le revendiquer si elle fait certifier ses montres par le METAS. Encore faut-il, bien sûr, que celles-ci résistent, elles aussi, à un champ magnétique de 15.000 gauss…

Stephen Urquhart : ” Si nous sommes parvenus à le faire, pourquoi d’autres n’essaieraient-ils pas ? “. Mais il fait aussitôt remarquer que si l’échappement Co-Axial n’est plus protégé depuis dix ans, personne encore jusqu’ici n’a osé se lancer dans son industrialisation…

Texte: Patrick Delaroche

LES 8 CRITÈRES DU CERTIFICAT MASTER CHRONOMETER

Voici la carte délivrée aux acheteurs de la Globemaster. Frappée du timbre de la Confédération Helvétique, elle atteste que la montre a été certifiée Master Chronometer par l’Institut Fédéral de Métrologie. Un numéro d’authentification permet au propriétaire de la montre de prendre connaissance des résultats qu’elle a obtenus lors de chacun des huit tests auxquels elle a été soumise.

1. Une fois certifié chronomètre par le COSC, le mouvement est testé lors d’une exposition à un champ magnétique de 15.000 gauss. Puis il est emboîté, et c’est la montre complète qui subit les contrôles suivants

2. La mesure des déviations dans son fonctionnement, dans six positions différentes

3. La mesure des déviations dans son fonctionnement, entre 0 et 2/3 de la réserve de marche

4. Son fonctionnement lorsqu’elle est exposé à un champ magnétique de 15.000 gauss

5. La mesure de la déviation moyenne journalière de sa précision après une exposition à un champ magnétique de 15.000 gauss

6. La mesure de sa précision moyenne journalière dans des situations représentatives de conditions d’utilisation quotidienne (six positions, deux températures)

7. Sa réserve de marche (autonomie – fonctionnement sans remontage)

8. Son étanchéité (le test a lieu dans l’eau)

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