“Notre label a été le premier à utiliser le terme preppy”

Le label de mode McGregor incarne un pan d’histoire américaine et écossaise. Trends Style a rencontré l’Américain Christian Arkins, son Creative Director, au QG de la marque dans la banlieue d’Utrecht, aux Pays-Bas.

Ce qui avait débuté comme une success story dans les années 1920, devient dans les années 1950, un business générant plusieurs millions de dollars. Et pourtant… Vingt ans plus tard, le label tombait dans l’oubli. Et ce, jusqu’à l’arrivée de l’Américain Christian Arkins, Creative Director, qui est parvenu à lui donner un second souffle.

Né à Boston, Christian Arkins a étudié au Fashion Institute Design & Merchandising à Los Angeles. Après une carrière éclair comme snowboarder professionnel à Aspen Colorado, il s’est lancé dans la création de mode à New York, où il occupait son temps libre à collectionner des articles vintage griffés McGregor. ” Après être passé par JCrew et Ralph Lauren, je suis venu à Amsterdam, il y a six ans, pour entrer chez Original Penguin, une marque née dans les années 1950 et que j’ai contribué à redynamiser. Ce fut un énorme succès. Je suis entré ensuite en contact avec les propriétaires de McGregor. Lorsqu’ils ont eu vent de ma collection vintage et de ma connaissance du label, ils m’ont demandé de le réinventer. J’étais sans doute bien placé pour le faire. Mon père a étudié à Harvard, j’ai grandi dans les country clubset j’ai fréquenté un campus américain. Autant d’aspects originaux inscrits dans l’ADN de McGregor et à partir desquels nous concevons de l’habillement moderne. “

Christian Arkins, Creative Director chez Mcgregor.
Christian Arkins, Creative Director chez Mcgregor.© GF

LA PREMIÈRE MARQUE LIFESTYLE

L’histoire de McGregor remonte aux années 1920. Parmi les nombreux migrants européens en quête d’un avenir meilleur figurait un chapelier écossais du nom de David Doniger. Il traversa l’Atlantique, s’établit à New York et y lança en 1921 la McGregor Coordinated Sportswear Collection, un concept révolutionnaire pour l’époque. Pour la première fois, il était possible d’acheter des vêtements pouvant être portés seuls ou combinés. Leurs tissus, couleurs et styles étaient choisis de manière à être complémentaires. Une approche parfaite pour les nouveaux citoyens américains qui souhaitaient porter des tenues confortables, à la mode et agrémentées d’une petite touche européenne.

La marque a implémenté le carreau écossais du gentleman dans le mode de vie new-yorkais dès 1921.

Selon Christian Arkins, la première marque lifestyle du monde était née. ” Cela peut paraître exagéré, mais c’est la vérité. Dans le marché de la mode, de nombreuses maisons développent un concept autour d’une pièce vestimentaire ou d’un mode de vie avant d’y articuler une collection. Ainsi, Burberry a conçu un imperméable destiné aux militaires durant la Première Guerre mondiale et a élaboré une marque autour de ce concept. Gant s’est axé sur les chemises et Woolrich, sur les parkas. McGregor a été au-delà, se concentrant d’emblée sur le lifestyle. La marque a implémenté le carreau écossais du gentleman dans le mode de vie new-yorkais dès 1921. Le succès a été énorme. En 1956, l’entreprise valait 50 millions de dollars, soit l’équivalent de 450 millions de dollars actuels. Ce qui rend McGregor si unique, c’est d’avoir été le premier label lifestyle à habiller la silhouette intégralement. “

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis connurent l’une des périodes les plus prospères depuis les années 1920. Christian Arkins montre un pull-over vintage de 1948 sur l’étiquette duquel figure le mot ” prep “. ” En plus de valoir 1.300 livres, ce pull-over est la preuve irréfutable que le label a été le premier à utiliser le terme “prep”. Il lui appartient. Que seraient aujourd’hui d’autres labels américains sans ce terme ? Ils l’ont revendiqué à coups de marketing. Mais McGregor possède une authentique success story. Il suffit de brandir ces anciennes pièces pour faire taire tous les concurrents. “

LE BLAZER DE JAMES DEAN

Durant les années 1950, la génération de la Seconde Guerre mondiale et celle du baby-boom ont bénéficié de la prospérité croissante. “McGregor se trouvait au coeur de cette évolution. Les gens possédaient de grandes maisons, des barbecues, des piscines, des résidences secondaires, des bateaux… Un mode de vie qui apparaît dans les pubs de la fin des années 1950.”

Chacun connaît ces images d’hommes éduqués accompagnés de leur “femme trophée”, qui arpentent les terrains de golf et retrouvent leurs anciens copains d’études de Harvard, Yale et Princeton.

Et de montrer celles de McGregor : des mises en scène idylliques proposées bien avant que d’autres labels américains ne s’en emparent. “Chacun connaît ces images d’hommes éduqués accompagnés de leur “femme trophée”, qui arpentent les terrains de golf et retrouvent leurs anciens copains d’études de Harvard, Yale et Princeton. McGregor a été l’une des premières marques à habiller cette génération. Mais ce n’est pas tout. La veste de 1955 appelée “anti-freeze jacket” est le blazer que portait James Dean dans La Fureur de vivre. L’exemplaire d’origine n’existe plus mais il s’agissait bien d’une création McGregor, sans doute adaptée – raccourcie ou copiée – par le costumier. Actuellement, les exemplaires rouges se vendent 15.000 euros. “

A la fin des années 1960, les arrière-petits-enfants des fondateurs cédèrent l’entreprise familiale. Et à partir de 1971, la marque passa à l’arrière-plan de la planète mode. ” Aujourd’hui, nous sommes à nouveau sur la bonne voie. Nous faisons directement concurrence à des marques telles que Tommy Hilfiger. “

De fait, la collection d’été respire une maturité et une spontanéité suffisantes pour rivaliser avec les grands noms du secteur. Le Cricket Club, le Yacht Club et Palm Beach – des destinations emblématiques – sont des sources d’inspiration pour la création de pardessus, pantalons, chemises et accessoires preppy et sportifs pour tous, avec des détails élégants appropriés – carreaux, rayures, indigo. Les motifs colorés qui ornent les shorts et les T-shirts s’inscrivent dans les tendances actuelles. ” Le concept d’origine – l’Ivy League et ses collections blanc-bleu preppy – est réinterprété chaque saison. Non pas parce que d’autres labels lifestyle américains le font mais parce qu’il s’agit du style propre à McGregor. Nous déployons divers thèmes – après ski, city moment, country club story. Tous les composants de base que j’ai dessinés pour la marque sont déclinés dans toutes les nouvelles collections. “

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