Le climat serait-il à ce point pourri à la RTBF ?

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Après les journalistes Delphine Simon et Florence Hainaut, voilà que l’animateur Raphaël Charlier et le porte-parole Bruno Deblander quittent à leur tour le paquebot Reyers. Que se passe-t-il vraiment à la RTBF ?

Les départs surprises se succèdent à la RTBF. Après la journaliste Florence Hainaut qui déclarait ne plus avoir “le feu sacré” le 9 juin dernier, deux autres défections ont été récemment enregistrées au sein de la cité Reyers. Mercredi dernier, l’animateur Raphaël Charlier écrivait sur sa page Facebook : “Après pas mal d’années passées derrière le micro, j’ai pris la décision de ne plus continuer l’aventure sur Pure FM en septembre”. Aujourd’hui, c’est le quotidien La Libre qui révèle que Bruno Deblander, le porte-parole de la RTBF, quitte à son tour le navire pour d’autres aventures.

Le climat serait-il à ce point pourri à la RTBF ? Contacté par nos soins, Bruno Deblander répond que son départ n’a rien à voir avec la situation décrite dans certains médias. “J’ai la chance de pouvoir tenter une nouvelle aventure professionnelle et j’ai envie de la saisir”, précise le porte-parole de la RTBF qui restera en place jusqu’au 15 septembre et rejoindra ensuite la mutuelle socialiste Solidaris pour officier en tant que directeur de la communication externe.

Il n’empêche. Dans les couloirs de la cité Reyers, l’ambiance s’est dégradée depuis plusieurs mois déjà. Avant Florence Hainaut, d’autres départs volontaires, certes moins médiatiques, étaient déjà venus plomber l’atmosphère comme ceux de la productrice Saskia Deville et de la journaliste Delphine Simon qui avaient préféré quitter la RTBF pour rejoindre respectivement France Musique et le club de hockey de l’Ombrage.

“Une ambiance de m…”

Dans les couloirs de l’entreprise publique, les mots “crise”, “burn out” et “démotivation” reviennent inlassablement. Moins diplomates, d’autres parlent carrément d’une “ambiance de m…” qui s’est propagée au sein des rédactions. En cause : la révolution numérique qui touche actuellement le monde de médias et qui impose au service public l’adoption de nouveaux comportements au niveau du traitement de l’information, tant sur le fond que sur la forme. Bref, le métier est chamboulé et, pour certains, le rythme de travail s’est méchamment accéléré.

Depuis plusieurs mois, des assemblées générales du personnel se tiennent pour dénoncer cet état de fait et, surtout, les cadences infernales vécues par certains employés alors que d’autres se la coulent douce dans des placards dorés. Car tel est sans doute le plus grand problème actuel de la RTBF : un régime à deux vitesses où certains employés et de nombreux pigistes sont exploités sans aucun état d’âme, alors que de vieux briscards passent joyeusement entre les mailles du filet des moindres exigences de base.

Interpellé à ce sujet lors d’une assemblée générale quelque peu mouvementée , le grand patron Jean-Paul Philippot a pris acte des revendications formulées et mis en place de nouvelles structures pour tenter d’endiguer le problème. La plus significative ? Le déploiement d’une cellule “bien-être” au niveau de chaque direction, censée prévenir et surtout soutenir les cas plus ou moins avérés de burn out. Une enquête a également été envoyée à tous les employés pour écouter leurs doléances et pour relancer un dialogue constructif entre les différentes parties. Baptisé “le Baromètre”, ce questionnaire se présente comme un “bilan de santé” de l’entreprise publique et a été conçu par le bureau McKinsey & Company. “A travers votre vision et vos réponses, le Baromètre va nous permettre d’évaluer la santé organisationnelle de l’entreprise, de définir les forces de notre organisation que nous devons valoriser et celles que nous devons construire, écrit l’administrateur général Jean-Paul Philippot à ses employés. C’est une opportunité unique de contribuer au futur de la RTBF et de transmettre votre ambition pour notre entreprise.”

Bref, les ponts sont jetés pour tenter d’endiguer le problème, mais la tension sociale est loin d’être retombée dans la cité Reyers et d’autres départs surprises pourraient encore survenir.

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