Profitez de la volatilité et misez sur les dividendes

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S’ils misent toujours les actions, les 16 spécialistes que nous avons interrogés s’attendent à un tassement des performances et jouent à nouveau la carte du dividende. Géographiquement, toutes les régions semblent présenter des atouts et des défauts même si l’Europe reste la destination privilégiée.

Comme il y a un an, nos spécialistes demeurent favorables aux actions. Par conviction. “Les marchés d’actions nous semblent toujours particulièrement intéressants tant dans l’absolu que par rapport à d’autres classes d’actifs”, déclare Vincent Juvyns, global market strategist chez JP Morgan. Ou par défaut. “La moindre remontée des taux se traduira par des rendements négatifs pour les obligations, c’est pourquoi nous privilégions les actions”, estime Frank Vranken, chief strategist chez Puilaetco Dewaay. Globalement, les principaux soutiens aux Bourses sont une accélération attendue de l’économie mondiale et surtout, une politique monétaire toujours accommodante grâce aux injections de liquidités de la Banque du Japon (BdJ) et la Banque centrale européenne (BCE) pointe Philippe Gijsels, chief strategy officer chez BNP Paribas Fortis.

Plus de volatilité

Aux Etats-Unis, “l’année sera marquée par la première hausse des taux directeurs (depuis 2006, Ndlr) de la part de la Réserve fédérale américaine (Fed)”, souligne Jérôme van der Bruggen, head of investments private banking chez Petercam, ce qui devrait engendrer davantage de volatilité en Bourse selon Philippe Gijsels.

La plupart des spécialistes confirment que les actions devraient connaître une année plus chahutée que 2014. Selon Juan Nevado, gérant du fonds M&G Dynamic Allocation, l’augmentation de la volatilité offrira des opportunités de doper son rendement alors que les Bourses progresseront sans doute moins rapidement.

“Le potentiel d’appréciation pour 2015 devrait se révéler modeste, avec un return total de l’ordre de 5 %”, juge ainsi Thierry Masset, chief investment officer chez ING. En 2014, les actions ont atteint un rendement (avec dividendes réinvestis) de 14 % aux Etats-Unis, sans tenir compte de l’appréciation du dollar, et de 9 % en Europe, selon Laurent Jacquier Laforge, chief investment officer equity chez La Française AM.

L’Europe mais pas seulement

Le large consensus sur les actions européennes pour 2014 n’a pas porté ses fruits, l’économie de la zone euro n’ayant pas accéléré comme attendu. Désormais, les conseils géographiques s’avèrent ainsi plus hétéroclites. Keith Wade, chief economist and strategist chez Schroders, ne surpondère ainsi que les actions américaines, un choix partagé par Wim D’Haese, responsable des conseils en investissement à la Deutsche Bank, pointant les résultats solides et les importants cash-flows des sociétés US, ce qui dope la rémunération des actionnaires (dividendes, rachats d’actions) et les acquisitions. Les dividendes ont augmenté de 27,4 % en un an souligne ainsi Tristan Camp, investments specialist chez LeggMason.

Signe des craintes déflationnistes pesant sur la zone euro, le Japon et l’Europe sont souvent associés, Jérôme van der Bruggen y voyant les régions avec le plus de potentiel. Concernant la Bourse nippone, Vincent Juvyns rappelle le doublement de l’exposition aux actions du fonds de pension public japonais. Thierry Masset insiste toutefois sur la nécessité de couvrir le risque de change de ses actions japonaises en raison de la politique de la Banque du Japon pesant sur le yen.

Le Vieux Continent recueille toujours le plus de votes favorables parmi notre panel, la zone euro devant éviter de basculer dans une troisième récession consécutive selon Petercam. Les sociétés européennes sont par ailleurs à nouveau sur de bons rails selon Nadège Dufosse, head of asset allocation chez Candriam. “Les bénéfices des entreprises sont en redressement seulement depuis deux trimestres et devraient continuer à progresser l’an prochain”, estime-t-elle.

“La forte dépréciation de l’euro contre le dollar et nombre de devises émergentes (à l’exception du rouble) _ ce qui va favoriser les exportations _ devrait commencer à se traduire dans les résultats de fin 2014 – début 2015”, insiste Marc Craquelin, directeur de la gestion d’actifs à la Financière de l’Echiquier.

Selon Patrick Vandenhaute, senior investment advisor chez Belfius, les actions européennes combinent ainsi une croissance des bénéfices supérieure (consensus à +11,1 % pour 2015) et une valorisation inférieure (ratio cours/bénéfices prévus de 14).

Le come-back des émergents

Derrière l’Europe, on retrouve les pays émergents qui sont désormais plébiscités par près de la moitié des strategists alors qu’ils étaient complétement délaissés il y a un an. Rik D’Hoest, head of equity research chez Delta Lloyd, admet ainsi avoir une préférence pour les marchés émergents tenant compte d’un potentiel de croissance important à long terme et de la faible valorisation, à peine 11,6 fois les bénéfices pour l’Asie selon Patrick Vandenhaute. Gert De Mesure, analyste indépendant chez Demes, épingle les réformes entreprises par certains pays comme l’Inde ou l’Indonésie. Ces deux pays représentent des destinations privilégiées pour Wim D’Haese qui y ajoute la Chine

Globalement, les pays émergents devraient afficher un rendement de 9 % selon Marc Leyder, directeur des conseils en investissements chez Van Lanschot, qui ne table que sur 6,5 % pour l’Europe et 3,5 % pour les Etats-Unis.

Le dividende prime de nouveau

En termes de choix d’actions, Danny Reweghs, directeur stratégie chez l’Initié de la Bourse, privilégie les valeurs européennes sensibles à la conjoncture, une option que Philippe Gijsels envisage de prendre au cours de l’année 2015.

Le secteur des biens de consommation est ainsi recherché, Danny Reweghs et Vincent Juvyns y voyant le moyen de profiter du développement de la classe moyenne dans les pays émergents. Laurent Jacquier Laforge recommande l’ensemble du secteur de la consommation qui profitera également de la baisse du prix du pétrole.

Les banques européennes reçoivent les votes de Rik D’Hoest, Vincent Juvyns et Thierry Masset après la réussite des tests de résistance de la BCE.

Le pari sectoriel le plus marqué de nos spécialistes concerne toutefois les technologies, chouchous d’un tiers de notre panel. Patrick Vandenhaute souligne “la valorisation attrayante”. “Le rapport cours /bénéfices est en ligne avec celui du marché mais le secteur technologique offre des perspectives de croissance bénéficiaire supérieure”, ajoute-t-il.

En matière de thèmes, Vincent Juvyns souligne que “le dividende devrait reprendre une place prépondérante dans le rendement total des marchés d’actions”. Frank Vranken privilégie les actions à dividendes en Europe en raison de la faible croissance et recommande tout particulièrement les distributeurs. Gert De Mesure mise les sociétés immobilières réglementées belges (ex–sicafis) et françaises. Patrick Vandenhaute joue le thème du dividende via les groupes pharmaceutiques.

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