Ports belges : les mauvaises nouvelles et les défis de 2015

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Vincent Degrez Journaliste

Le transport maritime souffre de la crise économique mondiale. En Belgique, le secteur portuaire pesait plus de 116.000 emplois l’an dernier, en (petite) baisse par rapport à 2013. A l’image du secteur global, nos ports doivent faire face à plusieurs défis majeurs. Et notamment à la montée en puissance des nations émergentes, une tendance qui se confirme année après année.

Le secteur du transport maritime a souffert en 2014. Sa croissance mondiale n’aura été que de 2,5% (en stagnation par rapport aux 2,4% de l’année précédente), avec un commerce global de marchandise en baisse, de 2,6% en 2013 à 2,3% l’an dernier. La flotte mondiale semble s’en être sortie un peu mieux, avec une croissance de 3,5%… mais il s’agit de la plus faible évolution en près d’une décennie.

Au total, le secteur maritime comptait 84.464 navires en 2014, avec un tonnage total de 1,75 milliard de dwt (tonnes de port en lourd). “Pour la première fois depuis le pic du cycle de construction de navires, l’âge moyen de la flotte mondiale a légèrement augmenté en 2014”, ajoute la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) dans un rapport publié voici quelques jours.

Le contexte général, il faut le dire, n’est pas favorable à l’activité maritime. La CNUCED liste ainsi plusieurs éléments expliquant ces performances relativement mauvaises : un ralentissement économique dans les grandes économies émergentes, des prix pétroliers inférieurs, et un retour à la croissance lent et hétérogène au sein des économies développées.

Ports : montée en puissance des économies émergentes

Du côté des ports, la CNUCED observe une confirmation de la montée en puissance des économies émergentes. Celles-ci détiennent désormais 71,9% de part de marché des ports à conteneurs, une évolution qui reflète un renforcement du commerce Sud-Sud.

Cette montée en force des pays émergents a son importance chez nous. En Belgique, en effet, le secteur portuaire représentait plus de 116.000 emplois en 2014, selon une estimation “flash” de la Banque nationale relayée par Belga. Plus exactement, les principaux ports belges employaient directement 116.140 personnes l’an dernier, contre 116.779 l’année précédente. A lui seul, le port d’Anvers occupe 61.226 travailleurs (équivalents temps plein), devant les ports de Gand (27.075), Zeebrugge (9.712) et Ostende (5.039). Le complexe portuaire liégeois compte quant à lui 8.923 emplois directs, contre 4.165 pour le port de Bruxelles.

Si l’emploi a régressé de 0,5%, note encore la BNB, la valeur ajoutée produite par les ports belges a progressé de 1,6% en 2014, pour atteindre 16,676 milliards d’euros, dont près de 10 milliards d’euros pour le seul port d’Anvers. “Cette progression de la valeur ajoutée est intégralement le fait des ports flamands (+1,9%), la valeur ajoutée produite par les ports de Liège et de Bruxelles ayant reculé de respectivement 1,1% et 0,9%”, précise la Banque nationale. “Le repli observé dans le port de Liège s’explique principalement par les évolutions du cluster non maritime (secteur énergétique). Dans le port de Bruxelles, la quasi-totalité du recul découle d’une contraction de la valeur ajoutée issue de l’autorité portuaire.”

Transport maritime : les 8 défis des ports en 2015

La pression sur les ports, belges notamment, ne devrait pas se relâcher cette année, prévient encore la CNUCED, qui liste huit défis majeurs :

– la gestion de volumes de plus en plus importants et concentrés, engendrés par la taille toujours croissante des navires,

– le coût de l’adaptation des infrastructures portuaires,

– un marché en pleine mutation, due à la multiplication des alliances entre compagnies maritimes,

– la contraction des budgets nationaux, qui limite les possibilités de financements publics,

– la volatilité des prix de l’énergie et la transition vers les carburants alternatifs,

– des limitations plus strictes pour la teneur en soufre des combustibles pour navires,

– la pression sociétale et environnementale qui ne fait que monter,

– et les changements potentiels des routes de transport maritime.

Signalons, pour le 3e point, que, si la Grève règne toujours en maître sur la liste des nations (devant le Japon, la Chine, l’Allemagne et Singapour : ensemble, ce Top 5 contrôle plus de la moitié du tonnage mondial), le phénomène de concentration dans les transports maritimes s’est renforcé. D’un côté, la capacité totale du transport de conteneurs, par “provider” et par pays, a triplé entre 2014 et 2015 ; de l’autre, le nombre moyen de compagnies a diminué de 29% sur la même période. “Ces deux tendances sont les deux faces d’une même pièce”, analyse la CNUCED. “Tandis que les navires gagnent en taille et que les compagnies visent à augmenter leurs économies d’échelle, il reste de moins en moins de compagnies sur les marchés individuels.”

La Belgique dans le classement mondial du transport maritime

Ports belges : les mauvaises nouvelles et les défis de 2015
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Au classement mondial des flottes maritimes, la Grèce s’offre, sans conteste, la première place, avec près de 280 millions de tonnes. La Belgique apparaît à la 19e place du classement établi par la CNUCED, avec un peu plus de 20 millions de tonnes, 87 navires battant pavillon belge et 156 pavillon étranger. La Belgique n’assure ainsi que 1,16% du tonnage mondial, pas même un dixième de la Grèce (16,11%).

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