Washington et Pékin ou la guerre commerciale au long cours

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Le 15 décembre: c’est la date fixée par l’administration Trump pour imposer des tarifs douaniers de 15% sur quelque 160 milliards de dollars de biens chinois. Mais à moins de trois jours de cette échéance, les intentions de Donald Trump restent insondables.

Un report signalerait la volonté de Washington et Pékin de mettre fin à leur guerre commerciale. Mais où en est-on de ce conflit engagé il y a bientôt deux ans ?

– Sanctions en mode pause –

Depuis plusieurs mois, les sanctions semblent être en mode pause.

L’hôte de la Maison Blanche avait en effet consenti à ne pas imposer le 1er octobre une hausse des droits de douane (de 25 à 30%) sur les biens chinois équivalents à 250 milliards de dollars. Cette hausse est toujours suspendue en vertu de l’accord de principe dévoilé le 11 octobre en attente d’une signature.

De son côté, la Chine a suspendu jusqu’au 16 septembre 2020 des droits de douane supplémentaires sur 16 catégories de produits importés des Etats-Unis.

Et, selon le Wall Street Journal, Donald Trump pourrait décider de reporter les tarifs douaniers prévus pour dimanche.

Plus de 350 milliards de dollars de marchandises chinoises sont actuellement frappés de droits de douane supplémentaires.

Donald Trump a lancé la guerre des tarifs douaniers pour forcer les autorités chinoises à mettre fin à des pratiques commerciales jugées “déloyales”.

Si les droits de douane programmés pour décembre –devant toucher cette fois des produits phare chinois tels les consoles de jeux vidéos, les téléphones portables, les chaussures, les vêtements de sport — étaient appliquées, c’est la quasi totalité des importations provenant de Chine qui seraient surtaxées.

Pékin avait surtaxé la totalité de ses importations en provenance des Etats-Unis, soit quelque 120 milliards de dollars, avant de revenir sur une partie de ses représailles.

– Un accord à portée de mains ? –

L’accord de principe partiel avait été dévoilé le 11 octobre et devait être signé “au cours des quatre prochaines semaines”, selon les dires de Donald Trump.

Neuf semaines plus tard, la signature n’a toujours pas eu lieu.

Et plus récemment, le président américain a tenu des propos pour le moins contradictoires, assénant qu’il n’y avait “pas de date butoir” et que cela pourrait intervenir après l’élection de 2020.

Jeudi, dans un tweet, il a affirmé que les Etats-Unis et la Chine étaient “très proches” d’un “grand accord”.

La chaîne américaine CNBC spéculait, jeudi, sur la possibilité qu’il y ait un accord annoncé à la dernière minute samedi juste avant l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs douaniers.

Dans un mémo récent consulté par le New York Times, Peter Navarro, l’un des principaux conseillers économiques de la Maison Blanche, préconise pourtant que Donald Trump se retire publiquement d’un accord avec Pékin.

“Augmentez les tarifs douaniers jusqu’à la victoire” lors de la présidentielle de 2020, poursuit ce conseiller, connu pour son hostilité envers la Chine dans un texte signé sous le nom de “Ron Vara”, anagramme de Navarro et expert fictif inventé par lui-même.

– Des obstacles de taille –

La Chine exige que tout ou partie des tarifs douaniers additionnels soient supprimés en plus de l’annulation de ceux prévus en décembre. Les Américains s’y refusent pour garder un levier dans les négociations.

Donald Trump exhorte notamment de son côté la Chine à s’engager véritablement dans des achats de produits agricoles, à prendre des mesures pour protéger la propriété intellectuelle, mettre fin au transfert forcé de technologies.

Jusqu’à présent, les Etats-Unis assurent que le sort du groupe de télécoms chinois Huawei, accusé de collaborer avec les services de renseignement de Pékin et lourdement sanctionné, n’est pas compris dans l’accord.

Mais ce dossier complique les négociations.

– Négociations –

Chinois et Américains restent en “étroite communication” pour parvenir à un accord commercial préliminaire, a assuré jeudi le ministère chinois du Commerce.

Le conseiller économique de la Maison Blanche, Larry Kudlow, avait indiqué la semaine dernière que les deux parties se parlaient quasi quotidiennement.

Mais ni face-à-face, ni cérémonie de signature prévue avec le président chinois Xi Jinping ou ses ministres n’ont été prévus.

– Impact économique –

La guerre commerciale a pour effet de réduire les échanges commerciaux entre les deux premières puissances économiques du monde et de ralentir la croissance mondiale.

Les économistes s’alarment aussi de l’incertitude permanente créée par ce conflit qui freine les investissements.

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