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Voici la seule manière de gagner la guerre contre le chômage… et les robots

Il y a 5 ans, presque jour pour jour, le 10 juin 2010 pour être précis, le monde entier a franchi un pas important sans s’en rendre compte.

Sans le savoir, nous avons franchi le “point Lewis”. Et ce “point Lewis” (1), nommé ainsi en l’honneur du prix Nobel d’économie Arthur Lewis, désigne le moment critique où la main d’oeuvre d’une économie émergente n’est plus considérée comme illimitée, ce qui provoque des hausses de salaire ! Et ce point critique a donc été atteint le 10 juin 2010. Autrement dit, depuis cette date-là, et cela s’est vérifié, les salaires en Chine sont en croissance régulière, notamment suite à des milliers de grèves qui éclatent chaque jour un peu partout dans le pays.

Les plus pessimistes diront que ce n’est pas parce que la Chine voit ses salaires augmenter, qu’il n’est pas possible de délocaliser ailleurs, au Vietnam par exemple. Bref, là où les salaires sont encore plus bas. C’est vrai, mais cela n’enlève rien à la pertinence du “point Lewis”, car s’il est possible de trouver des salaires plus bas qu’en Chine, il est impossible d’en trouver autant ! Donc, a priori, c’est une bonne nouvelle pour les salariés occidentaux qui après presque 30 ans de délocalisation peuvent espérer respirer.

Mais ce ne sera pas aussi simple. Car si la Chine augmente ses salaires, la révolution numérique, et ce qu’on appelle la “robolution” (2) – contraction des mots révolution et robotisation – risque de faire disparaître 47% des emplois américains. En Belgique, une étude similaire de la banque ING arrivait quasi à la même conclusion. Donc, on pourrait se dire que nous n’avons pas de bol: alors que les Chinois commencent enfin à avoir des salaires décents et qu’ils ne pourront plus mettre la pression sur nos propres salaires, voilà que la robotisation ne nous laissera pas le temps de souffler, la plupart de nos emplois routiniers, y compris ceux des cadres, risquant de passer à la trappe !

Voici la seule manière de gagner la guerre contre le chômage… et les robots

En réalité, personne n’en sait rien, et le pire n’est pas toujours certain. L’histoire montre que le progrès technique supprime des emplois, mais en crée d’autres auxquels personne n’avait pensé. Pensez par exemple à l’industrie automobile: la voiture a remplacé les chevaux, ce qui veut dire que des milliers d’emplois de maréchaux-ferrants, de palefreniers, de cochers ont disparu progressivement, mais il n’y avait pas non plus de régleurs de moteur pour un cheval et des concepteurs-désigner non plus ! Et lorsque l’électricité a fait son apparition, les vendeurs de bougies n’ont pas été contents, mais globalement, la société s’en est trouvée mieux et d’autres jobs ont vu le jour. À condition que la population soit formée, éduquée aux métiers du futur. Et ça, c’est la responsabilité des pouvoirs publics et des entreprises. C’est la seule manière de gagner cette guerre contre ce cancer économique qu’est le chômage.

(1) C’est Sylvain Guyton (EcoVadis) qui a rappelé ce point dans le journal Le Monde.

(2) Selon l’expression de Bruno Bonnell, fondateur de Robolution Capital

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