Vers un black-out en Belgique : info ou intox ?

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La fermeture anticipée de centrales thermiques rendrait indispensable une modification du calendrier de sortie du nucléaire au risque de black-out, indique un rapport “confidentiel”. Pour Ecolo/Groen, le gouvernement ne peut accepter le “chantage” de GDF Suez…

Le rapport sur l’énergie révèle un risque de pénurie électrique dès 2014

Le rapport “confidentiel” remis vendredi dernier aux principaux ministres du gouvernement fédéral par l’administration de l’énergie révèle que des difficultés d’approvisionnement en électricité risquent de se produire dès 2014, soit dès avant le début de la fermeture programmée des premières centrales nucléaires belges, a-t-on indiqué jeudi de source gouvernementale, tout en déplorant la fuite de certains éléments de ce rapport dans la presse.

Une loi belge datant de 2003 prévoit la fermeture progressive des sept réacteurs existants au bout de 40 ans d’utilisation, soit en 2015 pour les trois réacteurs les plus anciens (Tihange 1 ainsi que Doel 1 et 2) et d’ici 2025 pour les quatre autres.

Cette volonté de respecter la loi a été confirmée dans la déclaration gouvernementale de l’équipe Di Rupo 1er, qui stipule que le gouvernement élaborera, “sans délai et au plus tard dans les six mois après son installation, un plan d’équipement en nouvelles capacités de production d’énergies diversifiées permettant d’assurer de façon crédible l’approvisionnement électrique du pays à court, moyen et long terme”.

Les dates définitives de fermeture des centrales nucléaires doivent toutefois être précisées par le gouvernement en fonction de l’agenda de mise sur le réseau de nouvelles capacités. Or, le rapport remis vendredi dernier aux vice-Premiers ministres indique, selon le journal Le Soir, que la production électrique pourrait connaître un manque de capacités oscillant entre 800 et 2.000 mégawatts (sur une production totale de 16.000 mégawatts) en cas de fermeture de trois centrales au gaz-vapeur (TGV). Le déficit pourrait grimper à près de 4.000 mégawatts après 2015 en cas d’application de la loi de sortie du nucléaire, estiment les experts de l’administration de l’énergie.

Dans l’état actuel des choses, ce rapport intérimaire n’a pas encore été discuté par les principaux ministres. Mais l’objectif reste de décider, d’ici l’été comme le prévoit la déclaration gouvernementale, un plan d’équipement en nouvelles capacités de production d’énergies diversifiées permettant d’assurer de façon crédible l’approvisionnement électrique du pays à court, moyen et long terme, a-t-on indiqué jeudi dans l’entourage de Melchior Wathelet, secrétaire d’Etat à l’Environnement, à l’Energie et à la Mobilité. Les deux priorités du gouvernement restent de veiller au contrôle des prix et à la sécurité de l’approvisionnement, a-t-on ajouté de même source.

Selon le quotidien L’Echo, le rapport met en avant, comme solutions, le report de la fermeture des centrales nucléaires – même si la plupart des partis de la majorité semble s’en tenir à l’échéance de 2015 – et, “plus probable”, l’obligation faite aux producteurs de maintenir en service au-delà de 2014 les trois centrales au gaz (TGV) visées par des fermetures, dont celle qu’Electrabel possède à Drogenbos. “C’est loin d’être simple”, estime-t-on au sein du cabinet Wathelet.

Energie : pour Ecolo/Groen, le gouvernement ne peut accepter le chantage de GDF Suez

Compte tenu des colossaux bénéfices réalisés par GDF Suez, les écologistes ne sont pas surpris par le jeu auquel le groupe énergétique et ses relais habituels jouent en vue de maintenir ses installations nucléaires. La menace que GDF Suez fait peser désormais sur ses propres centrales thermiques, moins rentables, est assez claire, ont indiqué jeudi la députée Muriel Gerkens et le co-président d’Ecolo, Olivier Deleuze.

Dans un communiqué publié jeudi, Ecolo et Groen soulignent que la menace que GDF Suez fait peser sur ses propres centrales thermiques “est destinée à rendre la sortie du nucléaire plus difficile”. Et d’ajouter que “le gouvernement ne peut donner son aval à ce sabotage en règle en laissant les centrales de GDF fermées par la seule volonté du groupe”.

Pour eux, il faudra au contraire maintenir ces centrales provisoirement en entamant la sortie du nucléaire afin d’ouvrir le marché à d’autres opérateurs. “La question de la sortie du nucléaire reste donc une question de volonté politique, comme en Allemagne, qui se place aujourd’hui comme leader européen en matière d’énergies renouvelables et de transition économique de son économie”, concluent les écologistes.

Trends.be, avec Belga

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