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Venezuela: “l’égalité dans la misère”

Ces derniers mois, et après 20 ans de dictature d’Hugo Chavez puis de Nicolas Maduro, quelques modestes réactions sont enfin exprimées en Europe face au régime du Venezuela.

Celui-ci a accumulé, pendant deux décennies, tous les stigmates des tyrannies ordinaires : fraudes électorales massives et organisées, arrestations et disparitions d’opposants, nominations de juges au service du pouvoir, inéligibilité des candidats d’opposition les plus connus, annulation de leur élection lorsque les fraudes n’ont pas été suffisantes, retrait des pouvoirs du Parlement conquis par l’opposition, etc.

Tout ce catalogue des méthodes des régimes autoritaires n’a pas suffi à convaincre les dirigeants européens et l’immense majorité de la presse du caractère nuisible et anti-démocratique du système vénézuélien depuis l’élection de l’ancien colonel putschiste Hugo Chavez en 1999. Là où un dictateur de droite aurait déclenché l’hostilité générale, Chavez, et même Maduro ensuite, ont bénéficié de l’habituel et injustifiable ” double standard ” : les dictateurs de gauche échappent à l’opprobre. Cela se vérifie depuis des décennies pour Cuba, ou encore le Nicaragua et, en Afrique, le Zimbabwe, entre autres multiples exemples.

Pourtant, ce n’est pas seulement sur le plan politique que le Venezuela souffre. Il s’agit d’un exemple particulièrement significatif des ravages du socialisme. Ce pays était, avant l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez et de sonparti bolivarien, l’un des plus prospères d’Amérique latine, grâce à un système relativement libéral et à une très importante production pétrolière. Aujourd’hui, après 20 ans de socialisme, de nationalisations, de corruption, d’inflation, de contrôles des prix, des loyers et des salaires, le PIB du Venezuela chute chaque année, les pauvres sont plus nombreux que jamais, la monnaie ne vaut pratiquement plus rien, les magasins sont vides et, dans ce pays qui est un des plus grands producteurs de pétrole, on manque d’essence.

Les principales entreprises internationales ont quitté le pays, de même que la quasi-totalité des compagnies aériennes. La population fuit, souvent à pied, pour éviter non seulement la police politique mais surtout la misère parce qu’il n’y a plus de travail, plus de nourriture, plus de soins médicaux. Ces gens sont ceux qui ne bénéficient pas de l’aide d’un régime corrompu, dont plusieurs dirigeants, y compris des proches de Chavez, font l’objet de poursuites, évidemment à l’étranger, pour des actes de criminalité organisée, y compris le trafic de drogue.

Les hiérarques du régime affirment bien sûr que tout cela résulte de la chute des prix pétroliers qui a affecté un pays dont l’or noir est de loin le principal produit d’exportation. Toutefois, cette dépendance au pétrole a été aggravée précisément par ce régime socialiste qui, comme toute économie centralisée, a été particulièrement mal géré et a ” mis tous ses oeufs dans le même panier “, ce qui n’arrive pas dans un système économique libre. Mais, surtout, il n’y a qu’au Venezuela que la baisse du cours du pétrole a eu de telles conséquences. D’autres pays exportateurs, comme la Norvège, l’Ecosse, ou même l’Angola et le Mexique, n’ont pas souffert dans la même mesure de cette chute des prix.

La vérité est que le Venezuela souffre d’une seule maladie : le socialisme. Tout ce qui s’y est passé dans les dernières années est arrivé ailleurs auparavant. C’est ce qui explique qu’après 1945, l’Allemagne de l’Ouest a vite retrouvé la prospérité, au contraire de l’Allemagne de l’Est, qu’il en est de même de l’Autriche, et non de la Hongrie, de la Corée du Sud, et non de la Corée du Nord, et que Cuba vit toujours dans la misère alors que les Bahamas voisines sont prospères. C’est aussi ce qui fait qu’après 1989, les Etats de l’Est européen, après avoir abandonné le socialisme, ont rapidement rattrapé l’essentiel de leur retard par rapport à l’Ouest.

On reconnaîtra que dans la plupart des Etats à économie socialisée, il règne sans doute une plus grande égalité que dans les régimes capitalistes. La misère affecte en effet une telle proportion de la population (80 % au Venezuela) qu’à l’exception d’une nomenklatura politique, il y règne une certaine égalité. Une fois de plus, il se vérifie que l’on ne crée l’égalité de fait qu’en affamant presque tout le monde.

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