Lire la chronique de Thierry Afschrift
Une vaccination obligatoire?
Les antivax ont, comme chacun de nous, une liberté individuelle à défendre, qui comprend aussi le droit de se tromper.
Un récent sondage nous apprend qu’une petite majorité des Belges, soit environ 52%, un peu plus accentuée au nord du pays, accepterait de rendre la vaccination contre le Covid-19 obligatoire. Il est incontestable que la découverte de vaccins est un tournant décisif dans la crise sanitaire et donc politique que nous subissons depuis plus de 15 mois. Seule cette vaccination permet de réduire la dissémination du virus et forcera les gouvernements à enfin en finir avec la plupart des mesures coercitives qu’ils imposent à la population.
Ce bienfait provient, une fois de plus, d’entreprises privées qui ont mis au point en un temps record des vaccins qui paraissent remarquablement efficaces. Ces entreprises ont agi, certes, par “appât du gain”, et c’est sans doute pour cela qu’elles sont efficaces. Depuis Adam Smith, nous savons que si les boulangers nous fournissent du pain de qualité et de manière régulière, ce n’est pas parce qu’ils sont des bienfaiteurs, mais parce qu’ils veulent gagner leur vie. C’est la même chose pour les dirigeants de Pfizer et Moderna. Leur succès contraste avec la lenteur des campagnes de vaccination dans les pays d’Europe continentale. Il est heureux que les gouvernements ne se soient pas mêlés de la production des vaccins.
Les antivax ont, comme chacun de nous, une liberté individuelle à défendre, qui comprend aussi le droit de se tromper.
Une partie de la population s’obstine à refuser les vaccins, sous divers prétextes pour le moins peu convaincants. On ne veut pas “enrichir Big Pharma”, sans se rendre compte que les profits, certes énormes, des entreprises qui ont gagné la course au vaccin sont peu de choses à côté des avantages sanitaires et économiques que leur découverte ont causés.
D’autres opposants, clairement complotistes, vont jusqu’à accuser les entreprises pharmaceutiques d’avoir suscité la propagation du virus pour mieux vendre des vaccins. Ce sont des assertions ridicules et qui oublient qu’il n’existe pas un Big Pharma mais des centaines d’entreprises en concurrence acharnée entre elles, et parmi lesquelles un grand nombre ont perdu beaucoup d’argent en investissant dans des recherches de vaccins, de remèdes ou de tests, qui n’ont pas abouti, ou simplement ont été devancées par d’autres firmes, plus compétitives.
L’attitude des antivax est clairement déraisonnable et il faut espérer que la plupart d’entre eux se rallieront volontairement à la majorité de la population, qui souhaite ardemment être vaccinée. Tout cela n’est toutefois pas une raison pour prétendre imposer la vaccination à ceux qui n’en veulent pas. Certes, il est clair que les opposants aux vaccins ont tort et que leurs arguments sont dépourvus de la moindre justification. Mais ce sont des individus libres, comme les autres, qui doivent avoir le droit de refuser qu’on porte atteinte à leur intégrité physique, et ce tant pour de bonnes que de mauvaises raisons.
Ils ont, comme chacun de nous, une liberté individuelle à défendre, qui comprend aussi le droit de se tromper. Souvent, ils agissent par refus du risque, pourtant minime, de la vaccination. Ils ont le droit de refuser ce risque, même s’ils ne se rendent pas compte que le risque de l’absence de vaccination est très nettement plus important.
Mais c’est à eux, et seulement à eux, de décider quel risque ils acceptent de prendre et ce qu’ils font de leur corps. Il faut cesser de partir de l’idée qu’il appartiendrait à l’Etat de savoir, de dire et de décider ce qui est mieux pour chacun d’entre nous. Nous ne sommes pas les enfants de l’Etat, et celui-ci n’a pas à décider pour nous, même si, pour une fois, il a sans doute clairement raison d’essayer de convaincre que le choix de la vaccination est celui du bon sens.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici