Un capital de 30000 euros à 25 ans? La proposition Ecolo qui fait hurler

Georges-Louis Bouchez, président du MR, et Rajae Maouane, coprésidente d'Ecolo. Complices? Pas toujours...
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les verts provoquent le débat et font hurler les libéraux avec leur proposition de “capital universel” en taxant les plus riches. Tant le contenu que le financement posent effectivement questions.

“Ecolo met sur la table une proposition dans le débat public. Comment fait-on pour amener une solution concrète à ces jeunes qui souffrent depuis deux ans de la crise covid? Nous, on propose 30 000 euros pour tous les jeunes de 25 ans.” En ce début de semaine, Rajae Maouane, coprésidente des verts francophones, se multiplie pour défendre cette idée d’un “capital universel” au profit de ceux qui vont se lancer dans la vie active.

Le financement s’inscrit dans la volonté des partis de gauche au sein de la Vivaldi: taxer le capital. Coût de la mesure: 2,5 milliards d’euros, résume Ecolo. 1% du revenu des 1% de Belges les plus riches, c’est 6 milliards d’euros.” Simple, en apparence.

Dans le contexte actuel de crise qui dure, beaucoup d’injustices sont vécues, particulièrement par cette tranche de la population que sont les jeunes”, justifiait ce week-end Rajae Maouane, coprésidente d’Ecolo, à la DH. “Les jeunes font beaucoup plus appel au revenu d’intégration sociale (RIS). Le taux de chômage est quatre fois plus élevé chez les jeunes. 15 % de ces jeunes ne sont ni sur le marché du travail, ni stagiaires, ni à l’école. Une partie des jeunes sont en décrochage social. On veut les aider dès aujourd’hui avec une proposition très concrète en leur attribuant un capital universel de solidarité.”

“La gauche en roue libre”

La proposition suscite effectivement le débat. Et provoque de nouvelles secousses au sein de la majorité fédérale. D’autant qu’Ecolo plaide également pour une année sabbatique pour les travailleurs de moins de 50 ans en complément des mesures d’aménagement de fin de carrière.

“La gauche en pure roue libre, ironise Georges-Louis Bouchez, président du MR. À force de surenchère, ils vont vous proposer 3000 euros/mois, avec logement gratuit, internet et énergies offerts, … On financera en taxant les riches bien sûr. La meilleure politique sociale c’est celle qui permet un emploi pour chacun.”

“Donc le covid justifie maintenant un chèque à 30.000 euros pour les jeunes…., s’alarme Etienne Dujardin, chroniqueur et conseiller communal MR à Woluwe, c’est à pleurer vos justifications. Les jeunes seront les premières victimes de votre gestion et de la dette que vous allez creuser….”

Le financement des mesures est également la cible de critiques. “À quelles politiques successives les partis attribuent un budget issu d’une taxe de 1% des + riches?, demande Catherine Fock, cheffe de file des Engagés à la Chambre. Prix énergie, réforme fiscale, 30 000 euros/jeune, politique climatique : ça change à chaque actu. Et combien? 1,7 ou 6 milliards? Si on cessait les slogans pour plus de sérieux politique?

Le MR de Georges-Louis Bouchez plaide pourtant en faveur d’une allocation universelle qui permettrait d’offrir à chaque Belge un minimum vital, y compris pourles jeunes. Autour du 1er mai, Bouchez avait d’ailleurs présenté un projet similaire en proposant 25 000 euros de capital universel à 25 ans. Mais les formules d’allocation universelle sont nombreuses et, dans la thèse libérale, elle remplaçerait par ailleurs des allocations existantes. .

La question qui se pose également est de savoir quelle reponsabilisation cela induit: en accordant un montant de 30 000 euros à 25 ans sans contrepartie, sans projet particulier, on risque simplement de donner un cadeau sans une forme de gestion ni de projet pour l’avenir, soulignent les détracteurs de l’idée. Cet argent servirait à trois choses, disait dans sa proposition Georges-Louis Bouchez: “Soit pour financer l’accession à la propriété car on le sait, c’est un enjeu pour ne pas tomber dans la pauvreté, soit un projet économique, lancer sa start-up, lancer son commerce, soit un projet d’enseignement ou de formation, par exemple aller étudier à l’étranger”.

C’est, somme toute, le débat fondamental du sens des allocations sociales octroyées qui pourrait se retrouver sur la table du gouvernement fédéral. Et cela, c’est un débat potentiellement explosif.

La politique a besoin de grandes réflexions à long terme, insiste Gilles Vanden Burre, chef de groiupe Ecolo à la Chambre. Comment donner une chance à tous nos jeunes de s’émanciper et comment lisser les inégalités de patrimoine (injustices les plus criantes)? On peut discuter des mesures mais ces enjeux sont fondamentaux.”

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