Un 4e opérateur mobile pourrait avoir un effet positif sur les prix, selon l’IBPT

© BELGA

L’arrivée d’un quatrième opérateur mobile en Belgique pourrait jouer un rôle positif dans le renforcement de la concurrence sur les prix, estime jeudi l’Institut belge des postes et des télécommunications (IBPT) dans un rapport sur l’impact potentiel d’une telle mesure. Une tâche que lui avait confiée le ministre des Télécommunications Alexander De Croo. Il y a en outre suffisamment de spectre pour quatre opérateurs mobiles. Il est par contre moins évident de déterminer quel sera l’impact à plus long terme et sur le niveau général d’investissement et donc de qualité.

Le gouvernement fédéral analyse actuellement le caractère opportun de l’attribution de spectre à un quatrième opérateur mobile “dans le but de favoriser à terme la concurrence et le bien-être des consommateurs sur le marché de la téléphonie mobile”, explique l’IBPT. En 2019, une vaste mise aux enchères de spectre aura donc à nouveau lieu. Dans ce cadre, les opérateurs mobiles peuvent faire une offre pour obtenir des bandes de fréquences.

De nouvelles, qui conviennent notamment à la 5G, seront également mises aux enchères pour une utilisation à partir de 2020. Il existe actuellement trois opérateurs de réseau mobile en Belgique. En termes de concurrence, l’IBPT ne constate pas de problèmes d’accès importants pour les MVNO (opérateurs virtuels) et les autres prestataires de services, “contrairement au marché fixe”.

Prix: tendance à la baisse

Les prix connaissent, quant à eux, une tendance à la baisse ces dernières années, constate-t-il. Les produits mobiles ne sont toutefois pas toujours bon marché par rapport aux pays voisins. “Les formules mobiles sont ainsi relativement chères dans notre pays, surtout en ce qui concerne les profils de consommation comprenant un volume de données élevé”, relève le régulateur des télécommunications. La couverture et la qualité de service par contre sont bonnes, voire très bonnes, ajoute-t-il.

Un quatrième acteur peut donc jouer un rôle positif dans le renforcement de la concurrence sur les prix. Sur la base d’expériences similaires à l’étranger, ceux-ci diminueront fortement, surtout dans une première phase, poussant les opérateurs existants à s’adapter, prédit l’IBPT. Il faut par ailleurs suffisamment de spectre radioélectrique pour qu’un quatrième opérateur puisse disposer de son propre réseau. Ce qui sera le cas grâce à une mise aux enchères de spectre supplémentaire lancée par le gouvernement.

Plusieurs défis

L’Institut pointe plusieurs défis tels que l’obtention des permis de bâtir et d’environnement nécessaires pour les sites, les antennes et les normes de rayonnement, en particulier à Bruxelles. Aux yeux du régulateur, il est en revanche “moins évident” de déterminer l’impact d’une telle mesure à plus long terme et sur le niveau général d’investissement et donc de qualité. Le niveau d’investissement des opérateurs existants sera peut-être mis sous pression en raison des bénéfices réduits, surtout pour un opérateur dont les bénéfices seraient inférieurs à ceux de ses pairs, redoute-t-il.

Si l’IBPT s’attend à ce qu’une concurrence accrue s’accompagne d’une augmentation de l’innovation, des bénéfices en baisse pourraient également signifier des investissements moindres dans dans des endroits où la concurrence ne joue pas, telles que les zones rurales, ou des dépenses liées à la qualité revues à la baisse. “Il convient de remarquer que les exigences de couverture associées aux licences peuvent garantir une couverture adéquate”, fait toutefois remarquer l’Institut.

“Étant donné que la téléphonie mobile est aussi de plus en plus souvent achetée dans des offres groupées (appelées quadruple play), l’accès aux réseaux fixes est et reste également crucial pour la situation concurrentielle sur le marché mobile, même avec l’introduction d’un quatrième acteur”, souligne encore l’IBPT. La possibilité d’entrée pour un quatrième acteur “n’est qu’une option qui doit finalement être laissée au choix du marché”, résume le régulateur. Il convient donc à présent de permettre ou non une telle entrée éventuelle sur le marché s’il existe un intérêt commercial pour celle-ci. Si ce n’est pas le cas et qu’aucun acteur ne se manifeste, les opérateurs existants conserveraient l’ensemble du spectre.

L’IBPT n’exclut pas non plus que, même avec l’arrivée d’un quatrième opérateur, le marché de la téléphonie mobile puisse à terme connaître à nouveau une consolidation, conclut-il. La concurrence accrue due à l’arrivée d’un quatrième opérateur aura cependant entre-temps joué pleinement son rôle, analyse-t-il.

Partner Content