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Ukraine : les sanctions économiques, l’arme des désarmés ?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

L’Ukraine fait la UNE des médias et des conversations, mais il suffit de lire les titres des journaux pour comprendre que c’est beaucoup de gesticulation en Occident.

Un exemple parfait est le titre du Figaro de ce matin : Ukraine : “Macron dénonce la duplicité de Poutine, mais veut maintenir le dialogue”. Avec un titre pareil, je suis sûr que Poutine tremble. Autre une du quotidien économique L’Echo: “Au moins 137 morts, l’Ukraine laissée seule face à la Russie dénonce Zelensky”. Comme c’est surprenant ce constat désabusé du président Ukranien. Bien entendu, l’Occident a promis de renforcer les sanctions économiques contre la Russie, mais Poutine n’en a cure. Les Américains crient beaucoup. Mais en affirmant qu’ils n’enverraient pas de troupes en Ukraine en cas d’invasion russe, pas même pour évacuer les ressortissants américains, le président Biden a indirectement autorisé Vladimir Poutine à envahir l’Ukraine. Quant à l’Europe, elle a une arme atomique à sa disposition, mais elle n’ose pas l’utiliser : c’est celle de Swift. On en parle depuis des semaines, mais les Européens ont peur de l’utiliser.

Swift est un nom de société qui ne dit pas grand-chose au public. C’est une société technologique basée en Belgique qui permet les transferts de paiement internationaux. Toutes les banques mondiales y ont accès et nous-mêmes – simples particuliers – nous l’utilisons quotidiennement sans le savoir. Si vous avez effectué un ordre de paiement à votre banque pour réserver une villa en Espagne pour vos prochaines vacances, vous avez utilisé Swift sans le savoir.

En coupant cette messagerie bancaire, l’Europe pourrait faire très mal à la Russie et à son secteur bancaire qui serait de facto coupé du monde. Les banques russes seraient obligées d’en revenir au bon vieux fax et aux interventions humaines, ce qui est impensable. Mais les Russes nous disent aussi : “allez-y, pour payer votre gaz, vous devrez envoyer des camions bourrés de cash à la frontière russe pour nous payer, allez-y seulement”. C’est ici que l’Europe montre sa faiblesse économique à l’égard de la Russie. Alors que le système Swift a été débranché contre l’Iran, on n’ose pas faire la même chose pour la Russie. D’abord, parce que l’Italie, 3e puissance économique de la zone euro dépend à 90% du gaz russe. Quant à l’Allemagne, première puissance économique de la zone euro, c’est non seulement le premier partenaire économique de la Russie, mais comme les Allemands ont décidé de se priver de l’énergie nucléaire, ils sont coincés avec la Russie, car 50% du gaz utilisé par l’Allemagne vient de Gazprom.

L’Allemagne a découvert que c’est beau de tourner le dos au charbon et au nucléaire, mais dans l’expression transition énergétique, il y a ce mot de “transition” qu’on oublie souvent. Avant de disposer de sources d’énergies renouvelables et propres, nos amis allemands auront besoin de beaucoup de gaz. Du gaz russe, et ça, Poutine le sait mieux que quiconque.

Au fond, le Figaro a raison d’écrire que les sanctions économiques, c’est l’arme des désarmés !

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