UE: les salaires entre les pays de l’Est et de l’Ouest ne convergent plus

Le fameux "plombier polonais". © Reuters

C’est même plutôt l’inverse. De quoi encourager encore les délocalisations ?

L’Union européenne aurait-elle raté l’intégration des derniers pays membres ? Si l’on prend comme étalon la convergence des salaires entre l’Ouest et l’Est, c’est peut-être le cas. Depuis la crise financière de 2008, cette convergence s’est arrêtée. Et a même reculé, notamment pour la Hongrie : le salaire moyen des Hongrois avait régulièrement augmenté pour atteindre 34,7 % d’un salaire d’Europe occidentale (EU 15) en 2008, mais il est redescendu à 28,2 % en 2016, selon une étude de l’European Trade Union Institute basée sur les chiffres de la Commission. En Pologne et en Tchéquie, il s’est tassé. Seules la Slovaquie, la Lituanie et la Bulgarie ont connu de légères hausses. Pour ce dernier pays, le niveau reste très bas : le salaire moyen est passé de 11,8 % à 17,7 % d’un salaire d’Europe occidentale.

C’est fort embarrassant pour la Commission : l’ouverture vers les pays de l’Est avait notamment pour but de faire converger les économies au sein de l’Union. Le mouvement a été entamé après l’arrivée – en plusieurs vagues – des pays orientaux : l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie et la Slovénie en 2004 ; la Bulgarie et la Roumanie en 2007. Les salaires ont commencé à grimper doucement, jusqu’à environ 60 % des salaires de l’Ouest pour la Slovénie. Le mouvement a perduré jusqu’en 2008.

Le rôle des devises

Pour la secrétaire de la Confédération européenne des syndicats, Esther Lynch, les travailleurs de l’est de l’Union européenne doivent bénéficier d’augmentations salariales allant au-delà de l’inflation et des gains de productivité. ” C’est que l’écart persistant et important des salaires est un encouragement à multiplier les délocalisations de l’Ouest vers l’Est, déjà si importantes, notamment dans l’automobile. Peter Vanden Houte, économiste en chef d’ING Belgique, relativise l’importance de ce gel ou ce recul des salaires. ” L’étude traduit les montants en euros. Or, il y a eu des mouvements de devises parfois importants. Par exemple, le forint hongrois a reculé d’environ 25 % depuis 2008, masquant une hausse des salaires réels. En revanche, en Bulgarie, qui a rivé sa monnaie sur l’euro, une évolution convergente se vérifie après 2008, même si le niveau reste bas. ”

L’auteur de l’étude, Bela Galgoczi, défend cependant la traduction des salaires en euros. ” C’est l’approche la plus pertinente du point de vue de l’intégration des marchés, à la fois en termes de localisations choisies par les entreprises que de mobilité des travailleurs “, explique-t-il. Il estime que l’évolution des devises n’a pas tellement modifié l’image générale. Et avance qu’en prenant l’évolution de la part des salaires dans le PIB de chaque pays, il se ” confirme que la convergence salariale s’est arrêtée avec la crise. ” Ajoutant que la Commission européenne et le FMI ont eux-mêmes encouragé la modération salariale et stoppé la convergence, à travers des plans de financement et de restructuration des finances publiques.

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