Tsipras: “Sans majorité parlementaire, nous serons contraints à des élections”

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Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a déclaré ce mercredi que son gouvernement sera obligé d’organiser des élections législatives anticipées s’il ne regagne pas la majorité parlementaire perdue lors des deux derniers votes au parlement sur les réformes exigées par les créanciers.

“Si nous n’avons pas de majorité parlementaire, nous serons contraints à des élections”, a dit Alexis Tsipras lors d’une interview à la radio “Sto Kokkino”.

Il espère convaincre les députés de son parti opposés à l’accord avec les créanciers du pays de le soutenir à nouveau pour mettre en oeuvre les réformes à venir.

Les responsables des créanciers en Grèce, dans un climat politique tendu

Par ailleurs, les responsables des institutions créancières de la Grèce étaient attendus à Athènes ce mercredi pour discuter du troisième plan d’aide au pays, dans un climat politique tendu par le désaccord de l’aile gauche de Syriza avec les conditions de ce renflouement.

Les discussions, sur la mise en place de la nouvelle aide, estimée à 82 à 86 milliards d’euros lors de la signature de l’accord consécutif au sommet de Bruxelles du 12 juillet, ont débuté au niveau technique depuis le début de semaine, sans difficulté manifeste.

“Aucun problème d’organisation n’est apparu”, ont indiqué mardi les autorités grecques. Le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Pierre Moscovici, a confirmé mercredi sur Europe 1 qu’à présent, “la négociation se déroule dans de bonnes conditions de coopération”.

Le travail de ces équipes techniques devrait s’achever d’ici à vendredi soir, estime Athènes.

Mercredi étaient attendus les responsables de la mission de négociation, qui n’ont plus mis les pieds en Grèce depuis l’année dernière, sous l’ancien gouvernement de coalition droite-socialistes d’Antonis Samaras.

Declan Costello continuera à représenter la Commission européenne, en revanche les autres sont des nouveaux venus, Rasmus Rüffer pour la Banque centrale européenne (BCE), Delia Velculescu pour le Fonds monétaire international (FMI) et Nicola Giammarioli pour le Mécanisme européen de stabilité (MES), nouvelle entité à la table des négociations.

“L’idée est d’avoir un accord voté”, a déclaré la porte-parole du gouvernement Olga Gerovassili à la radio Real FM. Elle a ajouté que les créanciers reprendraient leurs évaluations trimestrielles, comme depuis 2010, la première “dans environ trois mois”.

Parti du “non” ?

Selon le quotidien Kathimerini, les créanciers pensent que le PIB grec va reculer de 2 à 3% cette année, contre une prévision de croissance de 0,5%, et que les finances publiques connaîtront un déficit primaire (hors charge de la dette) de 1% contre une prévision d’excédent de 1%. Le tout constituant une perte de 3,6 milliards d’euros par rapport aux prévisions.

Ce retournement de conjoncture est dû principalement aux atermoiements entre la Grèce et ses créanciers, qui font tourner le pays au ralenti depuis que Syriza est arrivé au pouvoir en janvier, et au contrôle des capitaux qui s’est abattu sur le pays le 29 juin, une décision qu’a dû prendre le gouvernement d’Alexis Tsipras pour éviter l’effondrement des banques.

Ce contrôle s’est très modérément assoupli depuis, mais reste bel et bien en vigueur, limitant notamment les retraits bancaires à 420 euros par semaine.

La bourse d’Athènes est fermée depuis la même date. On a appris mardi que la BCE avait autorisé sa réouverture, mais il n’y a toujours pas de décret gouvernemental pour en préciser les modalités ni la date.

Malgré l’ambiance moins tendue qu’auparavant entre Athènes et ses créanciers, un point contentieux pourrait surgir. Athènes a fait remarquer mardi que “ni l’accord signé à l’issue du sommet du 12 juillet, ni la correspondance entre le ministre des Finances grec et le MES, ni les discussions avec les institutions jusqu’à ce jour ne justifient les articles de presse au sujet de nouvelles mesures préliminaires que devrait prendre le gouvernement grec” pour obtenir le déboursement des 80 milliards d’euros.

Or il semble que certains créanciers, notamment le FMI, souhaiteraient qu’Athènes fasse adopter par le Parlement un nouveau train de réformes, après celles déjà votées les 15 et 22 juillet.

Ces votes avaient fait apparaître une fracture au sein de Syriza, plus de 30 des 149 députés du parti refusant de s’associer à ces mesures à chaque fois.

Depuis, l’ex-ministre de l’Energie Panagiotis Lafazanis a explicitement tenu des propos favorables à un retour à la drachme, notamment lors d’un discours lundi au cours duquel il s’est référé à de multiples reprises au “non” massivement prononcé par les Grecs contre l’austérité lors du référendum du 5 juillet.

Au point que plusieurs journaux estiment que M. Lafazanis pourrait vouloir créer un “parti du non” dissident de Syriza.

Un comité central de Syriza va se réunir jeudi et probablement décréter la tenue d’un congrès du parti.

L’hypothèse d’élections, qui permettraient à M. Tsipras de reprendre sa majorité en main, alors qu’il reste très populaire dans les sondages, est de plus en plus évoquée.

Le Premier ministre Alexis Tsipras pourrait éclaircir certains de ces points lors d’une interview attendue à la mi-journée sur la radio “Kokkino” (Rouge).

Avec l’AFP

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